Un responsable du Comité des familles de réfugiés disparus en 1999 au port fluvial de Brazzaville a qualifié de "machination" l’acquittement général prononcé mercredi par la justice congolaise dans cette affaire dite des "disparus du beach".

"C’est de la machination. C’est dommage. Nous sommes déçus", a déclaré à l’AFP le vice-président de ce comité, Vincent Niamankessi, après l’acquittement des quinze accusés, majoritairement de hauts gradés de l’armée et la police congolaises.

"Nous avons fait confiance à la justice congolaise dans cette affaire parce que nous pensions qu’elle pouvait nous dire où se trouvaient nos enfants et faire organiser pour eux des funérailles. La réconciliation nationale et l’unité passaient par là aussi", a déploré M. Niamankessi, dont le fils figure parmi les disparus.

La Cour a en revanche déclaré que la responsabilité de l’Etat congolais était engagée et l’a condamné à verser 10 millions de francs CFAeuros) aux proches de chacun de 86 disparus, sur les 102 parties civiles constituées au procès.

Le gouvernement a réagi en indiquant avoir "pris acte du verdict de la Cour criminelle qui a administré la justice en toute indépendance dans la transparence et l’équité", selon un texte de son porte-parole, Alain Akouala.

Sans se prononcer sur les indemnisations, M. Niamankessi a annoncé que les familles du comité allaient se pourvoir devant la Cour suprême.

Les parties au procès ont trois jours pour se pourvoir devant la plus haute juridiction du pays.

Le procureur Robert Armand Bemba, qui avait pourtant requis le 9 août des peines comprises entre cinq et dix ans de travaux forcés pour sept des accusés et l’acquittement des huit autres, s’est félicité du verdict.

"C’est une décision d’apaisement qui unit tous les protagonistes. Je ne vois pas l’opportunité de faire appel de cette décision devant la Cour suprême", a-t-il déclaré à l’AFP.

Les quinze acquittés étaient jugés depuis le 21 juillet pour leur rôle présumé dans la disparition, en 1999 au port fluvial de Brazzaville, de plusieurs dizaines de réfugiés congolais qui venaient de rentrer de République démocratique du Congo (RDC), où ils s’étaient exilés l’année précédente pour fuir la reprise de la guerre civile au Congo.

"J’ai toujours clamé mon innocence. J’étais blanc comme la neige. J’étais dans cette affaire comme un cheveu dans la soupe", a déclaré à l’AFP, l’un des quinze accusés, le général Norbert Dabira, inspecteur général de l’armée congolaise.

Le verdict a également été salué par l’un des avocats des parties civiles, Me Félix Nkouka.

"L’essentiel a été fait. Les parties civiles ont été indemnisées en partie. Cela veut dire qu’il y a eu faute", a estimé Me Nkouka dans la salle d’audience avant que la Cour ne déclare la fin du procès qui a été retransmis en direct à la radio et la télévision publiques.

"Il ne s’agit nullement d’une victoire d’un groupe sur un autre. La justice a fait son travail. J’ai dit que ce procès devait contribuer à lutter contre l’impunité. Ce procès va générer un autre climat dans ce pays", a-t-il ajouté.