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AM ou le syndrome Tiananmen d’un congolais à Paris

Soulignons le courage d’un patriote Congolais qui a barré le passage de la limousine de Sassou lundi 6 Juillet 2015 au Bourget en lui jetant à la face ses quatre vérités. Pour des raisons que l’on devine, nous appellerons ce héros A.M. Il a en effet l’âme d’un révolutionnaire comme Victor Hugo a su peindre cette figure au 19ème siècle durant la Commune de Paris ou le printemps chinois place Tiananmen quand un étudiant défia un char de l’armée.

Chronique d’une journée inattendue

Sassou a foulé le sol français lundi 6 juillet 2015 alors qu’il était officiellement attendu mardi 7 juillet, précisément la date où la Diaspora congolaise avait préconisé lui réserver un accueil de choix par une méga manif. Sassou -1, la diaspora - 0. Rusé comme un renard, le tyran congolais ayant flairé le traquenard changea de stratégie, prenant ses opposants de court. Les Combattants (du nom des opposants radicaux à la politique de Sassou) ont donc fait le pied de grue à Orly toute la nuit du 5 au 6. Quelle aubaine pour le dictateur congolais ! Le lapin posé par le dictateur d’Oyo, il faut le dire, a été de taille. Toutefois ses conseillers dont on a molesté quelques éléments deux à trois jours auparavant à Roissy ne peuvent pas en dire autant.

Fatigué, ne voyant rien venir, le gros de la troupe des « Combattants » en faction depuis la veille à l’aéroport d’ Orly a alors baissé la garde et est rentré, au petit matin, qui chez lui, qui à son travail, qui dans un café parisien. Les Combattants qui ont résolu depuis un moment de s’en prendre au menu fretin qui précède en général l’arrivée du monarque congolais à Paris sont restés sur leur faim.

Car, ô stupeur, Sassou qui possède un avion personnel débarquera en définitive la veille de la date officielle et la nouvelle de son arrivée circulera sous cape. Il fallait être initié à la mpilalogie comme Rigobert Ossébi sur Congo-Liberty pour être au parfum quant à la énième visite encombrante de l’homme qui veut être président à vie du Congo.

Autant les Combattants seront semés autant toute la canaille/racaille PCT/Paris renforcée de figurants africains attirés par des espèces sonnantes et trébuchantes sera au courant (par le bouche à oreille) de la vraie date et du véritable aéroport, le Bourget dans le Nord, au lieu de l’habituel Orly dans le Sud de Paris. « Bien joué Otchombé » dirait-on si on était cynique comme Machiavel.

A.M. le militant qui barre la route à Sassou

La suite du récit du jeu de cache-cache doublé d’une course-poursuite entre les Combattants et la troupe du tyran congolais est relatée par A M, éminent et farouche militant de la plate-forme de Paris, membre également de l’Upads et l’un des rares vrais opposants au régime de Sassou présents au Bourget.

« En compagnie d’un ami qui a un véhicule nous fonçons vers le Bourget après avoir envoyé des sms à des camarades pour nous rejoindre dans l’action » nous a confié ce manifestant.

Il est 15 h. Au Bourget, maliens, camerounais, ivoiriens, sénégalais, mauritaniens (pour faire nombre) , petit-fils de Sassou (fils de feu Omar Bongo) arborent le drapeau congolais, portent des T-Shirt à l’effigie du ploutocrate congolais. La foule congolaise des partisans du despote d’Oyo est triée sur le volet. Parmi elle, des armoires à glace pour assurer l’ordre car le bruit circule que les Combattant vont sévir. En fait ces gros bras chargés de défendre le tyran sont des intérimaires d’une société de sécurité parisienne en mal de contrats.

Sassou, ayant tout fait pour éviter un camouflet, a manifestement mis comme d’habitude la main à la poche en entourant sa venue d’un épais nuage de fumée. Un budget a été dégagé pour payer les figurants étrangers chargés de crier des slogans pro-Otchombé.
« A cause de ça (comme diraient les Ivoiriens) on nous a légitimement volé notre manif » dirions-nous toujours cyniques.

« Comment mener une action d’envergure au milieu de toutes ces barbouzes chauffées à blanc par la rumeur selon laquelle l’arrivée de Sassou à Paris allait être saluée par des jets de farine et d’œufs pourris ? » se demande, sur le coup, A. M.

Faute de banderole et de pancarte, A.M. négocie une marinière au logo de Sassou. Après s’être frayé un passage jusqu’à 20 m du cortège présidentiel, A.M déchire sous le regard vide de Sassou blotti dans sa berline aux vitre fumées le vêtement à l’icone du monarque de Tchambitcho. A.M, à l’image du militant chinois de Tiananmen qui défia le tank du pouvoir crie d’une voix forte « Le dictateur Sassou-Nguesso arrive ! Le dictateur ! »

Les gorilles de Sassou, surpris, ne sauront pas à quoi s’en tenir. Il se murmure que tous, pour la plupart, démunis de titres de séjour ont eu peur de cogner sur le trublion devant les flics. Car gare à la garde à vue en cas de répression sauvage d’une manif par des agents de sécurité privée.

Pour la petite histoire, les anti-Combattants se feront avoir par un incident à l’entrée de l’aéroport où les figurants étrangers et congolais réclamaient leur dû par des syntagmes idiomatiques genre « Bo pésa mbongo na biso » (voleurs ! où est notre cachet ?). Les antigang se ruent alors vers le point de trouble pensant avoir à faire à des Combattants. Cette diversion sauvera probablement AM d’une castagne en règle.

Sassou qui adore les bains de foule n’est jamais sorti de sa limousine dans laquelle ses fans scandant « Otchombé Otchombé !  » devinaient juste sa présence. Ingratitude ? Non, prudence.

Si sassou doutait encore qu’il est viscéralement haï à Paris, ce lundi 6 juillet 2015, à un an de son départ du pouvoir, il peut lever ce doute.

Son calvaire n’est pas fini puisque mardi 7 juillet, date de sa réception à L’Elysée, un grand meeting des partis de l’Opposition est prévu sur la place de Paris.

Thierry Oko

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