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Congo-Brazzaville - Jeunesse et emploi : Shekhinah Mouanga et Jetrhaud Moukakou veulent créer une usine de thé à Brazzaville. Ils cherchent des partenaires !

Au Congo, l’Etat providentiel qui recrutait tout le monde dans la Fonction publique, était mort et enseveli, depuis ! La Fonction territoriale demandée par la Conférence nationale souveraine, dans le cadre de la Décentralisation, n’est toujours pas née. Créer sa propre entreprise est très couteux pour beaucoup de Congolais.

Malgré tous ces handicaps, les Congolais n’ont toujours pas encore trouvé un concept autour duquel ils peuvent s’organiser et créer des emplois.

Ceux du département du Pool, par exemple, sont très séduits par le peuple bamiléké du Cameroun réputé pour son sens de l’entreprise. C’est avec beaucoup d’envie et admiration qu’ils parlent de leur culture et leur organisation dans les Affaires.

Il les présentent-ils comme étant les grands acteurs de l’économie camerounaise sans avoir des attaches avec le milieu politique. Pourtant eux, issus du Pool, on les appelle déjà la « locomotive du Congo » à cause de leur esprit d’entreprise et du rôle qu’ils jouent dans la vie économique du pays bien qu’on les ait exclus du monde politique depuis Marien Ngouabi.

Avec la construction du Pont Route-Rail sur le fleuve Congo, ce rôle va s’accroitre. Car, ils auront un grand marché de l’autre côté du Fleuve Congo riche de près de 70 millions d’habitants.

Cependant, si les fils du Pool n’expliquent cette organisation des Bamilékés qu’à partir du lourd tribut qu’ils auraient payé dans la politique, c’est parce qu’ils ne connaissent pas les conditions de leur émergence.

Le modèle bamiléké mérite une étude approfondie.

Dans cet article, partant du rêve de Shekhinah Mouanga et Jetrhaud Moukakou, nous voulons faire découvrir aux fils du Pool une autre éthique du capitalisme : celle dont sont dotés les pakistanais. Nous supposons que le projet de création d’une usine de thé à Brazzaville, peut engendrer beaucoup d’emplois au Congo et dans la diaspora.

Ci-après, une petite histoire

Il y a quelques années, nous avons ouvert, dans la ville où nous habitons en Europe, un petit espace commercial, dénommé African Hall (le couloir africain). Il était reparti entre un salon mixte de coiffure, une rangée de vente des produits cosmétiques et d’œuvres phonographiques (Cd et Dvd) sur la musique, le théâtre et le film africains. Plus au fond, un petit débit de boissons, Espace Pamelo Mounka servant de lieu de causerie entre les Africains.

Or, notre voisin (également aussi notre logeur), nous voyait faire des voyages à l’étranger pour s’approvisionner en marchandises. Il évalua notre clientèle. Voulant nous aider à devenir riche et à créer beaucoup d’emplois pour les membres de la communauté africaine, il nous proposa un grand espace. Ensuite, il nous conseilla d’avoir l’esprit pakistanais.

L’esprit pakistanais

Dans le business, cet esprit consiste à s’associer avec d’autres personnes pour monter une grande affaire. Il nous expliqua comment les Pakistanais s’organisent et prospèrent dans le commerce à travers le monde. En effet, lorsqu’un Pakistanais trouve un bâtiment commercial, il en informe sa communauté. Sa communauté fait connaitre le projet dans les différentes communautés (diasporas et pays d’origine). Des particuliers ou des sociétés pakistanaises s’annoncent et proposent les marchandises à vendre dans ce magasin. Ils créent un Comité de gestion et trouvent un cabinet comptable qui définit les droits et devoirs de tous les associés. Comme aussi, il leur fait connaitre les pourcentages à prélever dans la vente de chaque marchandise pour assurer toutes les charges du magasin : impôts, salaires des employés, loyer, électricité, eau…

Séduit par cet esprit, nous en informions quelques membres de la communauté africaine. Mais, leur réaction fut sans appel : «  Il commence à faire faillite voilà pourquoi il cherche des partenaires pour sauver son business ! » avions-nous entendu dans toute la ville.

Pourtant, l’esprit pakistanais allait nous aider à avoir un grand espace commercial africain dans notre ville et à consommer des produits qui nous manquent à table, dans les garde-lignes, les discothèques ou les vidéothèques.

Le rêve de Shekhinah et Jetrhaud !

La filière du thé peut être longue !

Le rêve de Shekhinah et Jetrhaud peut, à notre avis, devenir une grosse affaire qui créerait des emplois et des richesses au pays et dans la diaspora si elle est bien ficelée, et susciterait, par ailleurs, des partenariats, en amont et en aval.

Pour intéresser les Congolais et susciter des partenariats, nous caricaturons ci-après tout le circuit de la filière thé : de la culture du « bouloukoutou » et de la citronnelle à leur consommation.

Signalons que ces deux plantes ont des vertus médicinales et peuvent aussi être utilisées dans la fabrication des essences nécessaires dans la savonnerie, par exemple.

Des familles entières qui possèdent du foncier peuvent se donner à la culture du Bouloukoutou et de la citronnelle. Elle est très facile et ne nécessite pas beaucoup de moyens. Il suffit de mener une campagne dans les villages pour les intéresser. Le projet aura aussi besoin d’agronomes pour accompagner les agriculteurs ; des transporteurs de la matière première. Aucune récolte ne doit rester au soleil dans les champs. On aura besoin de bâtiments de stockage une fois la matière première transformée.

Le bouloukoutou ou la citronnelle passera par une chaîne de production : le flétrissage, le séchage, le roulage, le criblage, la fermentation, la dessiccation, le triage, l’emballage, l’expédition, la vente. Il y aura une partie « gestion de l’entreprise » reposant sur des cabinets comptables, des structures d’accompagnement des entreprises ; ceci afin d’éviter les aléas du commerce informel peu rassurant pour les partenaires et les investisseurs.

Consommer congolais

La clientèle locale consommera ces deux thés « made in Congo » grâce à un bon marketing.

Les deux hommes d’affaires congolais devront développer une stratégie de longue portée en s’attaquant, par exemple, au marché français soit à la communauté congolaise très importante. Le transport, une condition majeure, est facile et régulier entre Brazzaville et Paris. Nos entrepreneurs ouvriront un dépôt à Rungis, se livreront à de la vente en ligne sur eBay, Amazone… pour une meilleure distribution à travers le monde.

Conclusion

Partons de l’esprit pakistanais, et du modèle bamiléké, il s’agit ici d’aider nos frères et sœurs n’ayant eu accès ni à la fonction publique ni dans le privé ; par exemple les institutions internationales.

Les Congolais, les fils du Pool ; doivent s’équiper d’esprit d’entreprise sur le plan local puis l’élargir sur le plan international. Les anthropologues avaient déjà identifié cette éthique capitaliste dans la région du Pool, elle-même héritière du grand Royaume Kongo qui commerçaient avec le Portugal et le reste du monde dès le 15è siècle.

La culture et l’organisation des Bamilékés enviée et prise pour modèle par nous ainsi que l’esprit pakistanais vanté dans cet article ne sont pas spontanés. Ils ont été forgés au cours des années par des pionniers. Cultivons cette nouvelle éthique au Congo. Ce n’est pas la ressource humaine qui manque dans cet espace dégoûté de la politique et habité par une soif d’entreprendre stimulée par l’éthique catholique et protestante intériorisée par les kongo-lari depuis Afonso 1er.

Serge Armand Zanzala, journaliste et écrivain

Shekhinah Michel Mouanga :
[email protected]

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