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La dame en noir a encore frappé

Congo-Brazzaville - Willy Manolo Moreno : la disparition d’un "Salsero" sans égal

On l’a appris le lundi matin 16 septembre 2019 le « "salsero" » artiste chanteur, auteur/compositeur Willy Manolo Moreno est décédé à 46 ans à Tours (France), des suites d’un arrêt cardiaque.

C’est un musicien "salsero" sans égal qui nous a quitté, un artiste qui a accompagné plusieurs années de la vie des amoureux de la Salsa au Congo et en France.
Il s’était mis à la chanson depuis son séjour à Cuba en 1985, où il a fait des études économiques à ESBEC 48 "5 de Febrero" (Isla de la Juventud), et à Batalla de Palo Seco (Cuba) avant de retourner à Brazzaville en compagnie d’autres collègues initiés à la musique cubaine et former le "Mouvement de la Salsa". Et tout commence par un sacré album :

Les Congolero, de la Habana à Brazzaville

«  De la Habana à Brazzaville  » est le titre du très bel album de trois jeunes congolais de Brazzaville réunis au sein du groupe « Congolero  » composé de : Willy Manolo Moreno, Eddy Sonero et Davy Américano.
Réalisé par le pianiste, compositeur, arrangeur martiniquais Hervé Celcal avec la participation du chanteur congolais Ballou Canta, l’album « De la Habana à Brazzaville  » demeure l’une des plus belles réussites de cette décennie dans le genre afro-cubain. Il livre une fusion des rythmes cubano-congolais, enrichis des sonorités ethniques congolaises.

La bien-renommée coopération congolo-cubaine

L’histoire du trio Congolero commence naturellement à Cuba, lorsque dans les années 80, et dans le cadre des échanges culturels avec le Congo, Cuba accepte de recevoir des milliers de jeunes congolais dans le joyau site de « l’Ile de la jeunesse ». Parmi eux : Willy Manolo Moreno, Eddy Sonero et Davy Américano. En marge de leurs études, ils s’initient au chant, à la guitare et aux percussions cubaines. De retour au Congo au début des années 90, les trois jeunes rentrent au bercail, muni de leurs diplômes d’économiste et de vétérinaire, certes, mais, aussi des mélodies plein le cœur : « Le son cubano » ou « La salsa latina  ».

Sonero Del Congo – Sos Salsa

A Brazzaville, en 1994 « le Trio Maravillas » va capter rapidement l’attention de la famille musicale congolaise, puis accueillir l’adhésion du public à travers la formation du nom « Sonero Del Congo ».

Plus tard le groupe s’agrandit avec la venue de Nimi Romain et s’explose à partir du 27 Août 1995 avec la nouvelle appellation « SOS Salsa  » . Grâce à l’intérêt que lui porte Nessy Eugène Tchibinda, animateur sur Radio Congo de l’émission « Tambours des Antilles  », le groupe réussit à s’intégrer totalement dans la famille des Salseros du Congo.

« Somos Africanos » est la première chanson qui, en 1995, permet à S.O.S Salsa de se faire découvrir du grand public à la radio et à la télévision congolaise. Le choix de cette chanson qui plus tard donnera son nom au premier album du groupe paru en 2003, avait permis au groupe S.O.S Salsa de signer son premier contrat de sa carrière avec la maison de production SCP Média vision.

Puis, c’est la guerre civile de 1997 qui contraint le groupe à se réfugier à Pointe- Noire. Comme un malheur n’arrive pas seul, le groupe se disloque et se scinde en deux formations. Willy Manolo demeure lié à Eddy Sonero et avec la coopération du chroniqueur Eugène Tchibinda, il sort l’album « Bénédiction  » qui reçoit le prix d’honneur de la chanson d’expression française… notamment, avec la formation "SOS Salsa International", dont Willy Manolo devient le leader incontesté, à partir de 2001. La suite on la connait, Sos Salsa international prend l’appellation de Kongo Salsa, puis Congolero en 2007.

La rencontre Congolero et Ballou Canta

La rencontre en 2007 de Congolero avec le chanteur Ballou Canta est le fruit d’une collaboration fructueuse et décisive. Elle permet de reprendre en studio des anciens enregistrements effectués en 2004 à Brazzaville, avec des professionnels de renom, comme Hervé Celcal, Oliver Ngoma, entourés des musiciens basés à Paris ; le guadeloupéen Thierry Fanfant (Basse), le cubain Abraham Mansfarold-Rodriguez (percussion), une section cuivre composée de Sydney Blanchard (saxophone), Frédéric Bodin (trombone) et Eric Poirier (trompette).

Au final, le cheminement aura été long avant la sortie de « La Habana à Brazzaville ». Un document important sur les origines du « Son cubano-congolais  ».

Enfin, Willy Manono Moreno était un homme de cœur, profondément humain, généreux qui entretenait une relation de cordialité avec ses collègues musiciens. Nous présentons à sa famille et ses nombreux amis à l’Union des Musiciens Congolais de la Diaspora (UMCD) nos condoléances.

Clément Ossinondé

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