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Le religieux et le politique

Deuxième page de notre Télégramme à Mgr Anatole Milandou : « Te voilà vieux et tes fils ne marchent pas sur tes traces »

« Les fils de Samuel ne marchaient pas sur ses traces ; ils se livraient à des profits malhonnêtes, acceptaient des cadeaux et tordaient le droit. Tous les anciens d’Israël se rassemblèrent et allèrent trouver Samuel à Rama. Ils lui dirent : « Te voilà vieux et tes fils ne marchent pas sur tes traces. » 1 Samuel 8.3-5

Notre précédent article, titré « Télégramme à Mgr Anatole Milandou, président du Conseil Œcuménique des Eglises chrétiennes du Congo : et, si on demandait un président à Dieu ! » a suscité des réactions controversées qui nous poussent à écrire cette deuxième page.

En effet, le Livre de Samuel, notamment l’histoire de la demande d’un roi faite à Dieu par Israël que nous avons proposée aux chrétiens du Congo comme objet de travail au cours du mandat biennal de Mgr Anatole Milandou, à la tête du Conseil Œcuménique des Eglises chrétiennes du Congo, et l’extrait de notre recueil de nouvelles, « La France, ni marâtre ni mère-patrie », que nous avons publié pour légitimer les relations devant exister entre l’Etat et l’Eglise, semble paraitre pour certains esprits comme des grosses pierres que nous avons soulevées et qui sont retombées sur nos pieds.

Pourtant, il n’en est pas le cas. Nous avons la tête sur les épaules. Pour dire que nous sommes lucide et raisonnable.
Dans cet article, nous voulons commenter les deux textes selon l’esprit qui ressort dans certaines réactions.

« Te voilà vieux et tes fils ne marchent pas sur tes traces »

Contre toute attente, du livre de Samuel, les lecteurs nous ont proposé le verset ci-après « Te voilà vieux et tes fils ne marchent pas sur tes traces » pour nous demander de stigmatiser le comportement des pasteurs. Car, les «  brebis » c’est-à-dire les chrétiens, ne reconnaissent plus la voix du berger. Alors que c’est cette voix qui les appelle pour se regrouper. Et, c’est sous la houlette de ce dernier qu’elles doivent se sentir en sécurité. Puisque le loup rode aux alentours.

Effectivement, les Eglises chrétiennes, en général, font, ces derniers temps, l’objet de plusieurs attaques. La pédophilie et le mariage des homosexuels sont entre autres les affaires qui scandalisent les chrétiens dans les pays occidentaux.

Au Congo, on peut y ajouter l’adhésion des Pasteurs et de beaucoup de chrétiens à la loge maçonnique dont Denis Sassou Nguesso est le Grand maitre. Mais, il y a aussi cette relation incestueuse entre certaines Eglises chrétiennes du Congo et l’Etat qui offusque plus d’un chrétien.

Le débat sur les intermédiaires dans la foi chrétienne qui, jadis, avait servi de raison apparente et majeure pour justifier les départs vers les Eglises de réveil, ne semble plus être la seule. Les Congolais y ajoutent le comportement des Pasteurs des vieilles églises. Et, ils ont raison !

Comment peuvent-ils les prendre au sérieux et ne pas se scandaliser lorsque ces derniers renoncent volontiers aux engagements faits solennellement devant le peuple de Dieu. A savoir le vœu de chasteté, de célibat et de pauvreté pour les prêtres catholiques. Et, se livrer à des activités qui sont interdites par la religion chrétienne. A savoir les pratiques fétichistes.

Tenez ! Il y a quelques mois, un document mis sur les réseaux sociaux révélait que le président de l’Eglise évangélique du Congo avait consulté un grand féticheur du Congo-Kinshasa pour se faire élire et dominer tous les autres Pasteurs de son Eglise.

Chez les catholiques, on parle de la corruption de tout le clergé par le clan au pouvoir.
Pourtant, certaines langues parlent aussi de l’existence d’une petite cellule de la loge maçonnique aux Grands Séminaires de Théologie Emile Biayende, et de philosophie Firmin Singha. Elle serait parrainée par le ministre d’Etat et directeur de cabinet de Sassou Nguesso. Nous citons Florent Ntsiba.

Fake news ou vraies informations ? En tout cas, les deux sont jetées dans l’opinion ou publiées dans les réseaux sociaux. Elles scandalisent les chrétiens du Congo, et font perdre non pas seulement la confiance vis-à-vis des Pasteurs des Eglises chrétiennes ; mais fragilisent aussi la foi.

Les pasteurs des Eglises chrétiennes du Congo n’ont-ils pas par mégarde ouvert la porte de la bergerie et laissé entrer le loup ?

De l’extrait de notre livre

Dans notre précédent article, nous avons publié cet extrait pour justifier la légitimité du contrôle de l’Etat par l’Eglise et de l’Eglise par l’Etat. « Le temporel n’est pas seulement une affaire de l’Etat, et le spirituel, celle des Eglises. Car, l’Etat a le droit de contrôler la qualité de la nourriture spirituelle que servent les Eglises aux populations. Parce que ce sont ses citoyens. Et, les églises ont, elles aussi, le droit de contrôler la qualité de tout ce que l’Etat fait consommer aux populations. Parce qu’elles font partie du Peuple de Dieu (…) C’est pourquoi les deux institutions sont condamnées à travailler ensemble et à se surveiller pour éviter que ni l’une ni l’autre ne développe un « terrorisme  ».

Cependant, les lecteurs n’ont pas trouvé ce contrôle que doivent se faire les deux institutions. Ils parlent de complicité entre les deux institutions. Alors que pour être puissante, jouer le rôle de contrôleur et faire le contre poids, les deux institutions sont appelées à être fidèles à leurs missions. Aucune d’entre elles ne doit être complice ou fragiliser l’autre.

Mais, peut-on dire que se sont les difficultés d’ordre matériel qui poussent les Eglises chrétiennes du Congo à s’aliéner, perdre leur force et puissance devant l’Etat ?
Comment ne pas l’imaginer et le croire lorsque, par exemple, le président de l’Eglise évangélique du Congo révèle publiquement que son institution avait une dette de près d’un milliard à la Caisse des retraites.

Et, parait-il, après cette déclaration du président de l’Eglise évangélique du Congo, les Brazzavillois avaient vu Jean Dominique Okemba, le conseiller spécial de Denis Sassou Nguesso, participer à un culte religieux dans une paroisse protestante.

L’Etat doit financer les Eglises. C’est légitime !

C’est dans notre livre, publié en décembre dernier, aux Editions Edilivre, et qui porte le titre de Jean-Marie Michel Mokoko, mon président, que nous proposons une solution légitime au problème financier des Eglises.

En effet, dans cet ouvrage, notamment dans la neuvième partie, chapitre II, qui parle des Eglises, nous avons écrit : « Vu l’importance de leurs actions sociales, une loi sur le financement des Eglises par l’Etat devra être votée, dans le Nouveau Kongo. Car, si le gouvernement finance les partis politiques qui ont la mission de former et de faire participer les populations à la démocratie. Pourquoi ne financerait-il pas aussi les Eglises dans leurs œuvres sociales ? L’Etat et les Eglises ne travaillent-ils pas pour le même peuple qui est le peuple de Dieu ? Certains dispensaires qui sont gérés par des religieux ne font-ils pas mieux que les grands hôpitaux du gouvernement ? Il en est de même pour certaines écoles qui sont aussi gérés par les religieux et qui font mieux que les grandes écoles qui appartiennent à l’Etat. En finançant les actions des Eglises, l’Etat fera sa charité à travers les Eglises. Car, les Eglises auront de quoi s’occuper de l’orphelin, la veuve et l’étranger. Puisqu’il est écrit dans la Bible que quiconque s’occupera de ces trois catégories de personnes, sera béni. »

Au Congo, les religions qui sont plus pratiquées sont chrétiennes. Elles comptent 85,9% de la population totale. Ce qui est un grand atout pour avoir un grand ou des partis d’obédience chrétienne, avoir des chrétiens dans toutes les institutions du pays, faire voter une telle loi, et pousser les partis politiques à faire autrement la politique.
Pour cette période de Carême, nous proposons deux retraites communes pour toutes les Eglises chrétiennes du Congo, membres de l’œcuménisme. La première concerne tous les Pasteurs des Eglises, et la seconde tous les chrétiens. Les deux moments de recueillement et de prière pourront être clôturés par des grandes marches à travers tout le pays.

Serge Armand Zanzala, journaliste et écrivain

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