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François-Luc Macosso, maire de Pointe-Noire de 1997 à 2002 répond à nos questions

A Bas-Kouilou, dans un site exceptionnel, enserré entre l’eau douce de l’estuaire du Kouilou et l’eau salée de l’Océan Atlantique, où il jouit, dans sa résidence des plaisirs et des avantages de la retraite, François-Luc Macosso a reçu Daniel Lobé Diboto et Ya Sanza qui voulaient le questionner sur le bilan de sa mandature à la mairie de la ville océane. Dans un climat amical l’ancien ministre et ambassadeur s’est confié, sans préparation au périlleux jeu des questions réponses.

Ya Sanza : Vous avez été après guerre, le premier maire de Pointe-Noire. Avant cela vous avez été ambassadeur, ministre et argentier. S’il vous plait, pouvez-vous vous présenter ?

François-Luc Macosso : Je m’appelle François-Luc Macosso, je suis banquier de profession, j’ai assumé dans mon pays diverses fonctions tant administratives que politiques, les dernières étant celles de maire de la ville de Pointe-Noire. J’ai soixante dix ans, je suis marié et je suis père de huit enfants.

YS : Monsieur le ministre, monsieur le maire... comment donc dois-je vous appeler ?

FLM : Appelez moi comme vous voulez...

YS : Nous en resterons donc à monsieur le Maire, puisque ce devrait être l’essentiel de notre propos. Les ponténégrins ont une vision un petit peu abstraite de votre action auprès de la mairie, vous n’avez pas laissé de réalisation réellement marquante dans la ville, pas de bâtiment issu de votre présence à la mairie, les travaux routiers ont été durant ce temps assez limités. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?

FLM : Je partage un tout petit peu ce sentiment des ponténégrins quand ils pensent que durant toute la période de mon passage à la mairie de Pointe-Noire rien de consistant n’a été fait. Mais je voudrais leur dire que j’ai assumé ces fonctions là dans des conditions plus que difficiles. Pour vous en donner une idée, quand je suis arrivé à la mairie le 11 novembre 1997, je trouve dans la caisse 1 083 000 FCFA, je trouve des arriérés de salaire de 19 mois, je trouve un personnel complètement déprimé, complètement déboussolé, un personnel ayant perdu toute dignité. Je me souviens encore du premier entretien que j’ai eu au club 7 où j’ai assisté à une véritable « veillée de deuil » tout le monde pleurait, tout le monde était complètement désemparé, les familles déchirées, des décès, etc. Comment dans ces conditions relever cette situation là.

J’ai été un maire de redressement beaucoup plus que de construction, parce qu’il fallait relever absolument tous ces défis là. Le matériel d’exploitation de la voirie était inexistant, j’avais à peine quatre engins, tous en panne, le matériel d’enrobage, avec lequel on fabrique le goudron pour les chaussées avait été abandonné dans l’herbe durant plusieurs années, il n’était donc plus fonctionnel. Beaucoup de pièces avaient été enlevées, volées...

Voilà la situation dans laquelle j’ai trouvé la municipalité de Pointe-Noire. Alors, que fallait-il faire ? Il fallait en premier lieu motiver le personnel, car si votre personnel n’est pas motivé, il est certain que vous ne pouvez pas vous attendre à de l’efficience de sa part. En l’espace d’un mois et demi, j’ai commencé à payer les salaires... j’ai d’abord commencé à payer la moitié des impayés du mois de juillet parce qu’à l’époque il y avait comme une sorte de peur du personnel qui travaillait à la voirie parce que quand il y avait un peu d’argent on commençait à payer les ouvriers avant de payer le personnel administratif. Ensuite, je me suis attelé à faire des économies, à réorganiser les services. J’ai mis à contribution le personnel de la mairie pour mettre sur pied un organigramme fonctionnel et efficace, que le maire actuel a d’ailleurs conservé. J’ai responsabilisé mon personnel. Voilà comment j’ai commencé à travailler.

Comme d’habitude, ça n’a pas changé d’ailleurs, le pays était en manque d’électricité, en manque d’eau et surtout, et surtout, nous avons reçu un afflux de congolais venant des zones en guerre, et du jour au lendemain la population de Pointe-Noire a quasiment été multipliée par deux. Avec tout ce que cela comporte de maux, maladies... Souvenez-vous qu’en 1998 une épidémie de choléra a frappé la ville de Pointe-Noire, il fallait aussitôt parer au plus pressé. Je me trouvais en mission à Paris quand on m’a appris que le choléra commençait à faire des ravages. J’ai du frapper à toutes les portes à Paris pour obtenir des produits et des aides pour les envoyer aussitôt sur Pointe-Noire.

Donc, tout ce monde là est arrivé, nous étions obligés d’intervenir d’abord pour les recevoir, il fallait mobiliser la population de la ville pour accueillir tous ces amis, tous ces frères qui arrivaient des zones en guerre. Il a fallu les placer, il a fallu les nourrir, il a fallu intervenir dans les hôpitaux. Nous avons mis plus d’un milliard de francs pour reconstituer le plateau technique de l’hôpital A. Cissé qu’on appelle actuellement l’hôpital général, nous avons dépensé presque autant d’argent pour l’hôpital de Tié-Tié et tout cela sans l’intervention de l’État, c’est l’effort municipal qui a contribué à soulager toutes ces situations là.

Nous sommes intervenus dans les écoles, parce que dans la plupart d’entre elles il n’y avait plus de tables, plus de bancs et c’est la municipalité de Pointe-Noire qui est intervenue. Entre temps j’ai commencé à payer mon personnel de façon régulière parce que nous avons fait un effort de recouvrement et si vous regardez nos budgets à l’analyse vous vous rendrez compte de ce que nous avons fait... Les subventions de l’État il ne fallait pas y compter, quand vous avez une subvention de trois cent millions inscrite au budget de l’État, vous êtes sûr qu’à la fin de l’année vous n’obtiendrez qu’à peine le tiers de celle-ci. Il fallait donc faire un effort interne, sur notre propre gestion. Nous sommes arrivés à des taux de recouvrement de nos prévisions de l’ordre de 96%. Voilà donc comment nous avons fonctionné, et ce budget qui n’était pas un budget élastique était de quatre milliards seulement. Pour une ville de plus de 800 000 habitants, si vous faites le rapport entre quatre milliards et 800 000 habitants vous voyez que cela ne représente que 5 000 francs par personne, c’est catastrophique.

YS : C’est effectivement extrêmement peu. Vous nous dites qu’en un mois et demi vous avez commencé à payer les salaires. D’où sont sortis les fonds ?

FLM : Ils ont provenu de l’effort de recouvrement dont je viens de vous parler. Il fallait chercher à savoir quelles sont les ressources municipales et où elles sont logées. Nous avons découvert que nous avions une ressource à Brazzaville à travers une institution dont le nom tout de suite m’échappe mais qui a rapport avec les grandes entreprises, et à partir de cette ressource qui était de l’ordre de 25 à 30 millions mensuels nous avons commencé payer les salaires. Nous avons regardé un peu toutes nos recettes normales, nous avons fait l’effort de recouvrement jusqu’à ce que nous puissions réunir ce qu’il nous fallait pour payer les salaires.

Nous ne nous sommes pas contentés de payer les salaires, nous avons même pour vous dire, commencé à payer les arriérés de salaires pour tout le personnel qui était parti à la retraite. Nous avons fini au moment où j’ai quitté la municipalité de Pointe-Noire, il ne restait plus aucun arriéré de salaire. Nous avons commencé par payer les arriérés de salaire aux agents qui partaient en congé. Nous nous sommes dit : « Ceux là nous quittent définitivement autant solder leurs comptes. » Ainsi, nous avons trouvé trois milliards de dettes quand je suis arrivé à la municipalité de Pointe-Noire. Quand j’en suis parti, j’ai laissé... je n’ai plus le chiffre en tête, mais je pense que le maire actuel doit pouvoir vous dire qu’il est satisfait de ce qu’il a trouvé en caisse.

Nous avons quand même réalisé certaines opérations. Le ponténégrin a la mémoire courte, il doit se souvenir que j’ai du couvrir du côté de Bakadila un deuxième pont que j’ai construit pour élargir la route parce qu’à ce niveau là la circulation était difficile et qu’il y avait un alignement de véhicules qui attendaient pour passer l’avenue de la Révolution. J’ai réalisé ces travaux là qu’on avait pas réalisé avant ça. Je me souviens que quand j’en ai posé la première pierre, les gens du quartier ont commencé à se moquer de moi en disant que c’était encore là une plaisanterie et que l’ouvrage, comme ça arrive trop souvent, ne se réaliserait pas.

Ensuite souvenez vous également qu’il n’existait aucun passage entre Sympathique et la foire, j’ai du ouvrir cette route avec les moyens du bord. On a rétabli l’électricité, tout le réseau était en panne, nous étions en 97/98 dans l’obscurité nous avons rétabli le courrant électrique.

YS : Je voudrais revenir sur cette période 97/99, où nous voyons un gros afflux de population sur la ville de Pointe-Noire. Parmi vos combats, et c’était une gageure, vous avez tenté de contenir la ville à l’intérieur de ses limites, cette opération était tout à fait louable. Nous nous rendons compte aujourd’hui de l’expansion délirante de la ville dans toutes les directions, c’est une véritable catastrophe, les terrains sont occupés de façon totalement sauvage, rien n’est urbanisé, il n’existe aucune qualité sanitaire dans ces quartiers qui se développent. Pouvez vous nous expliquer pourquoi cette tentative de contention de la ville dans ses limites a échoué ?

FLM : Mais, elle a commencé à échouer bien avant mon arrivée à la mairie, c’est tout simplement parce que un, il y a un manque de respect des lois et des règlements en matière d’urbanisation, non seulement par les autorités municipales mais par l’État lui-même, parce que si vous regardez son patrimoine il est devenu presque inexistant. Ensuite il y a eu le phénomène des propriétaires fonciers, a qui on a servi une large part de la responsabilité d’urbaniser la ville, il a été difficile de freiner ce mouvement là car l’Etat lui-même ne réagissait pas. C’est quand même à l’Etat de commencer à respecter la loi. Ensuite parce qu’on avait d’autres préoccupations plus urgentes que de s’occuper de la construction d’une maison par ci par là. Maintenant que la situation s’est calmée, les autorités municipales peuvent s’asseoir et regarder la situation avec plus de sérénité et de vigueur à la fois.

Daniel Lobé Diboto : Monsieur le Maire, c’est vrai que vous avez eu quelques réalisations, que vous avez trouvé les caisses presque vides, vos efforts de recouvrement sont arrivés à près de 97% pour pouvoir endiguer les difficultés qui furent les vôtres, mais pensez vous avoir fait ce qu’il fallait ?

FLM : En tout cas, humainement, je peux dire que j’ai fait tout ce que je pouvais faire avec toute mon équipe qu’au passage je dois remercier car elle m’a été d’une grande contribution. Nous ne pouvions pas faire autrement, j’ai dit tout à l’heure qu’avec un budget de 4 milliards de francs on ne peut pas réaliser grand-chose, mais dites moi, la mairie actuellement a fait quoi ? Parce que l’État ne donne pas à la municipalité les moyens dont elle a besoin pour travailler. Les collectivités locales, la municipalisation accélérée dont on parle... regardez Pointe-Noire, en dehors de quelques réalisations grandioses qui ont été faites qu’est-ce que le commun des congolais en a tiré ? Les routes ? Nous venons d’inaugurer la route de Mpaka dont la première pierre avait été posée en 2000 à mon époque sur mon insistance. Il aura donc fallu 5 ans pour la réaliser, c’est une route de trois kilomètres et demi et c’est l’État qui l’a financée. Si l’état qui dispose d’un budget de 1 500 milliards n’est pas capable de construire une route de 3,5 km ou qu’il a besoin de cinq ans pour le faire, dites moi ce qu’une municipalité peut faire avec quatre milliards ?

DLD : Ne vous êtes vous pas interrogé sur le fait que la mairie doit supporter ses frais de personnel quand pour toutes les autres mairies ces charges sont supportées par l’Etat ?

FLM : Voilà là un autre paradoxe. Pour la mairie de Brazzaville, c’est une chose qui peut se comprendre, peu après la guerre, toutes les activités commerciales avaient disparu. Les grands pourvoyeurs du budget municipal sont quand même les entreprises. Si vous regardez à Brazzaville, il n’y avait pratiquement plus d’entreprises et donc pour la mairie plus de ressources l’État était bien obligé de venir au secours de la municipalité de Brazzaville, il n’y avait pas d’autre choix. Maintenant cette situation perdure-t-elle ? Je n’en sais rien. Toujours est-il que la mairie de Brazzaville comme les autres mairies continue à recevoir les subventions de l’État. La mairie de Pointe-Noire également mais elle reçoit des subventions qui n’ont aucune commune mesure avec les situations que la municipalité doit gérer. Il n’est pas possible de considérer que la municipalité de Pointe-Noire a les mêmes problèmes que celle de Dolisie ou de Mosendjo, etc. Quand on regarde la différence des subventions, c’est ahurissant. Donc il faut que l’Etat fasse l’effort nécessaire que lui confèrent les lois sur la décentralisation pour pourvoir en ressources nécessaires la municipalité de Pointe-Noire pour assurer son bon fonctionnement.

DLD : Monsieur le Maire, à la fin de votre mandature on a assisté à un jeu de chaises musicales, vous partez, vous revenez, que s’est-il réellement passé ?

FLM : Alors là, franchement... Voilà ce qui s’est passé : nous sommes en février 2002 quand la loi électorale est promulguée. Cette loi nous interdit, à nous maires de villes, de nous présenter aux élections. Un mois et demi, je crois, plus tard, nous étions au mois de mars si j’ai bonne mémoire, une circulaire, je dis bien une circulaire est signée par le Ministre de l’Intérieur pour dire qu’exceptionnellement les maires peuvent se présenter aux élections. J’avais tout juste un mois et demi pour me préparer et c’est à ce moment là que j’ai créé le Mouvement des Citoyens de la Ville de Pointe-Noire. Je l’ai fait à la fois pour remercier le Président de la République qui m’avait fait l’honneur de me confier la ville de Pointe-Noire et je me devais de faire quelque chose pour lui, parce que l’analyse que j’avais faite de la situation en ce qui concerne le PCT était que le PCT n’avait pas de répondant à Pointe-Noire, ce qui s’est vérifié comme l’ont montré les élections. Je l’ai fait également parce que l’association dans laquelle je me trouvais et qui s’appelle le MAR [1], n’avait fonctionné qu’au niveau des responsables qui avaient été désignés... encore ne l’ais-je fait après avoir recueilli l’avis du préfet, l’avis du président du MAR et l’avis du secrétaire général du PCT. Donc voilà, je me lance dans cette opération électorale et en un mois et demi j’ai pu avoir, au sortir des élections onze, conseillers pendant que le PCT en a eu à tout casser je crois, cinq.

Le texte nous disait que durant cette période nous devions nous mettre en congé d’office pour reprendre une fois les élections passées. Les élections ont été retardées, je crois, d’un mois et fin juin je devais reprendre mes activités. Tout à coup je reçois une note rallongeant mon congé d’un mois. Qu’à cela ne tienne, me dis-je, je vais me reposer, et avant la fin du mois de juillet une autre note sort disant attendez jusqu’à la mise en place des nouvelles institutions. Je constate que mon salaire ne m’est plus payé. Je réagis : « Vous me mettez en congé, c’est bien beau, mais le salaire est un dû il faut me le payer. ». Un beau jour on m’appelle et on me dit passation de service entre toi et le secrétaire général devenu entre temps maire par intérim. En fait on ne me dit pas passation de service, mais passation de consignes. Je vais à la réunion en question et je leur dis que je n’ai pas de passation de service à faire, que je n’ai pas de passation de consigne à faire, pour une passation de service, il y a des règles administratives à respecter qui déterminent la manière dont les choses doivent se dérouler. Je déclare que je suis prêt à le faire si c’est le cas. Le secrétaire général, plutôt le préfet, l’inspecteur général qui était là à bien compris mes propos et finalement nous avons fait une sorte de passation de service. Auparavant je me suis dit que je devais récupérer mes affaires personnelles qui se trouvaient dans mon bureau, puisque lorsque j’étais parti j’étais certain de revenir, je n’avais donc pas nettoyé les lieux.

Voilà que le secrétaire général prend peur, je ne sais pas à quoi il a pensé, au moment où je rentre dans mon bureau accompagné de mon garde du corps, évidemment puisque je l’avais encore gardé. Il ameute tous les services de sécurité comme si j’étais venu faire un coup d’État à l’intérieur de la municipalité. Je ne sais pas, je n’ai pas compris. Tout le monde a été alerté, Brazzaville mis au courant etc. Monseigneur m’appelle pour me dire « Yaya qu’est-ce qui se passe ? » je lui réponds« Qu’est-ce qui se passe, y a-t-il la guerre ? Je ne veux que rentrer dans mon bureau pour y prendre tout ce que j’y ai comme effets personnels et repartir. » Voilà comment la chose s’est passée. En tout cas je vous le dis franchement je n’avais aucune intention de m’installer encore à la mairie.

DLD : Aujourd’hui votre mouvement politique, le bilan et les perspectives ?

FLM : Ecoutez, mon mouvement politique au niveau de la municipalité est la deuxième force parce qu’après le RDPS [2] qui a fait 23 ou 24 conseillers, je viens en seconde position avec 11 conseillers puis tous les autres bien entendu sont là pour constituer les 75 conseillers que nous avons.

Mon mouvement vit à sa manière mais la plupart de mes amis sont des gens bien qui sont installés, ce ne sont pas des militants à la volée, ils sont là et ils savent que le moment venu nous irons en ordre serré vers les batailles futures.

YS : Monsieur Macosso, le Kouilou réclame aujourd’hui 40% de ses revenus pétroliers, pensez vous que cette revendication soit raisonnable et réaliste ?

FLM : Non je dois dire tout de suite que le Kouilou n’a jamais demandé 40%, le Kouilou à demandé UN-POUR-CENT de ses revenus pétroliers et pas 40% ce qui serait bien entendu exagéré, nous ne sommes pas des fous pour faire une telle demande. Qui pourrait l’accepter ? Mais si le Kouilou demande 1% pour lui-même, il demande aussi 1% pour les autres départements, il faut bien le préciser. Nous avons conscience que le pétrole est une ressource nationale qui n’appartient pas qu’au Kouilou. Si nous demandons 1% c’est parce que c’est nous qui sommes confrontés à toutes les nuisances et aux inconvénients liés au pétrole. C‘est pour toutes ces raisons que nous avons dit 1% pour le département du Kouilou et 1% pour les autres départements.

Ça veut dire quoi ? Ça veut dire tout simplement que nous voulons accélérer la décentralisation dont on parle tant mais pour laquelle on ne voit pas arriver les ressources. Écoutez, si vous attendez la municipalisation accélérée dont on parle... parce que Pointe-Noire a obtenu son tour en 2004, le dernier département qui en profitera le fera en 2013, il lui aura donc fallu attendre 10 ans pour enfin voir des réalisations s’y faire. Franchement, c’est un peu dingue. Par contre, si on distribue chaque année les 1% dont on parle à tous les départements, ils auront la possibilité de réaliser un certain nombre d’opérations pour que en attendant la municipalisation accélérée faite par l’État ils aient le minimum nécessaire pour leur permettre d’assurer.

Voilà ce que nous avons demandé et je crois que c’est tout à fait juste et justifié.

YS : Parlons municipalisation, dans mon esprit, municipalisation signifie prise de libertés et de décisions par les collectivités locales or nous nous rendons bien compte que cette municipalisation est toujours décidée par Brazzaville de manière centraliste. Ne pensez vous pas que le terme de municipalisation est erroné dans le cas qui nous concerne ?

FLM : Écoutez, je ne suis pas le concepteur de cette appellation ou de ce système, je consens que si la municipalisation avait été bien comprise par tout le monde en commençant par ceux qui l’ont mise en place, ce ne serait pas une mauvaise chose. Les collectivités locales doivent bénéficier d’une certaine autonomie de gestion, une certaine autonomie de décision, une certaine autonomie de choix des investissements qu’ils doivent réaliser parce que ce sont-elles et elles seules qui sont confrontées aux problèmes quotidiens de leurs citoyens. Donc de ce point de vue là je pense que la municipalisation est une très bonne chose. Maintenant il faut accorder à ces municipalités les ressources qui leur sont nécessaires pour la mise en place et le bon fonctionnement de cette municipalisation.

DLD : Monsieur le Maire, nous allons vers la fin, avez-vous le sentiment d‘avoir oublié quelque chose ?

FLM : Je ne sais pas si j’ai tout dit, mais je dois dire qu’en dépit des modestes moyens dont nous disposions nous sommes intervenus dans tous les domaines de la vie municipale qu’il s’agisse de la propreté de la ville, nous avons quand même essayé de bitumer, de réfectionner un certain nombre d’avenues. Qu’il s’agisse des problèmes d’électricité nous avons refait la totalité des réseaux, nous les avons même étendus puisque nous avons mis un nouveau réseau électrique à Mpaka, puisque nous avons mis un nouveau réseau électrique à Makaya Makaya. Nous avons amélioré le réseau électrique de l’OCH, de Tchimbamba.

En matière d’adduction d’eau, vous savez que nous avons réalisé un certain nombre de forages, à Tchimbamba, Mpaka, Mont Kamba à telle enseigne que Pointe-Noire avait une capacité de près de 60 à 65% pour la distribution d’eau.

En matière d’écoles, vous vous souvenez qu’avec le concours de la préfecture construit un nouveau lycée, le lycée de Mpaka qui n’existait pas, ça a permis aux élèves de Mpaka qui habitent très loin là-bas de ne plus faire autant de kilomètres pour venir au lycée Victor Augagneur ou au Lycée Pointe-Noire 2. Nous sommes intervenus dans les écoles pour leur fournir des tables banc. Nous avons réfectionné de nombreuses écoles. Nous avons sécurisé beaucoup d’écoles en construisant leur clôture. L’école urbaine de Pointe-Noire Pot Bantou, l’école de Mvoungou nord, le CEG proche de Kronembourg (BRASCO), l’école de Tié-Tié.

A notre époque, bien que je reconnaisse que ceci n’a pas été fait sous l’effet de la municipalité, on a vu la construction de la maternité Moussou Madeleine à Mpaka.

Tout cela a été fait sous notre mandature. Mais il y a tellement de besoins dans cette ville que les petits efforts qu’on peut faire ne se voient pas. Vous verrez, même dans la situation que nous vivons aujourd’hui, le nouveau maire est en train de faire des efforts, tout le monde le... enfin on le dit, mais l’impact n’est pas aussi retentissant que l’on pouvait l’espérer, parce que les besoins sont immenses et les moyens, en tout cas, manquent. Voilà ce que je peux dire. En résumé, nous avons fait ce que nous avons pu.

YS : Merci François-Luc Macosso de nous avoir répondu avec autant de franchise.

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