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Interview de l’Abbé Yanguissa

Votre parti ‘’La Devise’’ existe depuis bientôt une dizaine d’années, pouvez nous parler de sa création et de ses objectifs ?

La DEVISE a d’abord existé en tant qu’association politique avant de l’être en tant que parti et ce depuis quatre ans..
LA DEVISE a pour principale vocation d’agir pour l’Urgence, l’Unité, le Travail pour le Progrès dans toutes ses dimensions. LA DEVISE est un parti qui a une idéologie ou mieux une doctrine : le développement de tout l’homme et de tout homme comme approche du développement vrai et durable qui doit être le sens et la raison même de l’exercice politique. Sensibilisé à cette doctrine de développement (humain) intégral dans ma formation de séminariste dans un environnement influencé par les discours d’un Pape aussi politique et héraut des droits de l’homme que Jean Paul II, j’étais sur le point de créer au Congo une antenne d’une association pour le Développement Intégral proche de l’église du Zaïre (aujourd’hui RDC) lorsque j’ai été mis en contact avec le résistant au matérialisme Bernard Kolelas qui fréquentait le C.E.R.C (Centre d’Etudes Religieuses) qu’animait un prêtre philosophe dominicain, le père Gérard Eschback. La providence me faisait ainsi passer par la case MCDDI dont je suis, n’en déplaise aux révisionnistes de service, un cofondateur idéologique et rédacteur - concepteur . L’aboutissement de mon évolution idéologique c’est LA DEVISE mais à l’époque de la création, j’étais aussi proche idéologiquement de Martial Sinda, d’André Milongo, de Mgr Kombo que de Bernard Kolelas. Je suis devenu le Co-fondateur du MCCDI et le collaborateur de son leader à la Mairie de Brazzaville. Je ne renie rien, ni personne mais je sentais qu’il fallait faire autrement et mieux …ne froisser personne, ni manquer d’égards à aucun de ces ainés.
Moi, l’Abbé Yanguissa, en suis le Président élu depuis trois ans et le congrès de renouvellement de nos instances ne va pas tarder, il pourra me reconduire ou me relever car c’est à cette échéance que ça se passe mais même si c’est difficile, très difficile dans un contexte comme celui de notre pays. J’ai plaisir à conduire ce parti à la tête d’une présidence solidaire, d’un Bureau exécutif ouvert et d’un collectif de coordonateurs volontaristes que ne manqueront pas d’être eux aussi ceux nouvellement nommés de la Coordination France.

Ceux qui veulent vraiment en savoir plus trouveront auprès de nos coordinations en France et … Grande Bretagne (Angleterre) les documents nécessaires à une connaissance plus approfondie de notre Parti.

Combien de militants revendiquez-vous ? Quelle est votre implantation et votre représentativité ?

Notre parti a des coordonnateurs nommés à Brazzaville et Pointe-Noire, dans le Pool, la Cuvette, la Likouala, la Bouenza et dans les Plateaux. Combien de militants ? De nouveaux adhérents ne cessent de nous rejoindre. Vous n’avez qu’à enquêter auprès de nos coordinations. Nous ne sommes pas que dans le Sud. Nos coordonnateurs des Plateaux, de la Cuvette et de la Likouala seront jaloux de vous entendre minimiser ainsi leurs efforts mais le pouvoir sait dissuader par tous les moyens ceux qui adhèrent à notre opposition de conviction, une opposition qui n’est pas celle du regroupement ethnique, du reflexe tribal. Nous ne sommes pas comme certains partis de la majorité, organisés autour de clans familiaux du nord comme du sud, dont le fond de commerce est de considérer les régions et départements comme leurs propriétés (….) De toutes les façons le régime veut se garder le Nord, c’est ce qui explique pour une bonne part, le gonflement des chiffres dans le pseudo recensement que contestent aussi des compatriotes du nord.

Que pensez-vous de la situation politique actuelle générée par le référendum du 25 octobre 2015 et les élections anticipées du 20 mars 2016 ? Pourquoi la devise n’a pas eu de candidat à ce scrutin ?

Le Congo évolue en dehors du temps, de son temps ou de notre temps. Si on peut appeler ça république, il faut préciser « bananière ». C’est une démocratie buissonnière qui n’apprend rien de l’évolution du monde moderne. D. Sassou Nguesso ne comprend pas que c’est une honte pour un congolais que d’entendre qualifier le président de son pays de dictateur comme on l’entendait de Marcos des philippines.

Les contre-valeurs ainsi affichées dans l’exercice du pouvoir font douter les européens de notre humanité comme l’est l’idée promue ci et là d’invention d’une démocratie à l’africaine. Parler des réalités africaines dans ces conditions nourrit le racisme. Ce seraient les réalités dans lesquelles l’africain se plairait. Les valeurs que l’Europe elle-même s’exige ne seraient pas les nôtre.

Lesquelles précisément ? Et les revendications des peuples, du peuple congolais seraient quoi ? De l’ingérence du peuple dans les affaires d’un clan au pouvoir ? Laquelle de ces contre-valeurs serait le propre de l’africain ?

Le tohu bohu dans la gestion du Congo fait de ce cher pays une non – république, une non – démocratie avec à sa tête un non-président qui nie constamment la nécessité de se conformer à la volonté de liberté du peuple congolais traité comme masse informe ou un tas de merde qui empêche le palais de respirer l’air de Oyo, de Ollombo ou de l’extérieur.

C’est notre parti dont la devise est « DIGNITE et RESPONSABILITE » que j’ai le devoir de tenir loin de ces salissures. Il y a depuis longtemps au Congo des leaders sous – traitant et des partis de la sous-traitance financière (….).

LA DEVISE a été partenaire avec les partis du FROCAD sinon l’instigateur de la création d’une opposition franche, prévisible, démocratique, populaire dans notre pays. Ce fut notre combat. Par Dignité et Responsabilité, nous nous sommes laissé négliger, comme à la traine et nous avons préféré assumer cette marginalisation que de constituer une opposition qui perd toujours devant Sassou et qui retourne toujours à la table mangeoire personnelle au nom du peuple ou de la majorité des citoyens toujours trahie. On ne participe pas à un scrutin théâtral. On ne peut pas dire qu’une pièce de théâtre, qu’un jeu dont on connait la fin soit vécu comme la vraie vie, que les acteurs vivent leurs émotions en vrai.

Nous restons dans le peuple qui veut la restitution de son pouvoir car Denis Sassou Nguesso le confisque par les armes

S’agissant des élections présidentielles avec la participation de plusieurs représentants de l’opposition, Quelle est la position de la DEVISE ?

Ce n’est pas être irrespectueux des personnes que d’avouer que j’ai eu un jour à répondre à un congolais qui s’étonnait de notre distance par rapport à une opposition qui paraissait triomphante, que cette opposition était au contraire « la plus bête du monde ». Elle a fait se régaler Sassou en la poussant à son propre ridicule : qu’elle participe ou non à l’élection, elle ne fait qu’accompagner le Général Président.

En fait, elle l’accompagne depuis qu’elle a organisé un « dialogue alternatif  » dont les conclusions ont été déposées sur la table de celui qui fait ce qui lui plait à la tête du pays.
« Dialogue » ! Entre qui et qui, alors que Sassou reniait au peuple son pouvoir de souverain premier ? C’était au peuple de reprendre la main par une conférence souveraine et non à une « classe politique  » de négocier dans un coin de Dolisie ou de Diata. C’était là le raté. C’était la mise à nu de ceux qui sont là pour eux-mêmes, pour les honneurs et l’enrichissement personnel, qui tiennent à leur « fief électoral  » comme à un fond de commerce négociable dans le partage du gâteau ou le dépeçage du peuple.

On en est là aujourd’hui avec des candidatures titillant la fibre ethnique. Le peuple n’est pas un calcul additionnel de voix ethniques, c’est une volonté d’intégration dans un même destin au départ comme à l’arrivée. Le calcul de ces candidats va plus dans le sens des divisions de Sassou Nguesso que dans celui de l’unité sacrée du peuple congolais qu’il redoute plus qu’il ne promeut dans les faits. LA DEVISE ne peut ni aider, ni accompagner Sassou dans ses œuvres, ni par une résistance à son gouvernement ou à sa majorité, ni par un accompagnement aux pièces de théâtre électorales.

Le peuple doit reprendre la maison pour refonder son indivisibilité. Si c’est la révolution qui l’inspire dans son unanimité, ce sera la légitimité que nul n’aura intérêt à chercher à étouffer surtout par des enlèvements, des intimidations, de la corruption etc. On ne peut étouffer le désir de liberté ou la jouissance de la liberté. C’est ainsi depuis que l’humanité s’illustre sur cette planète. La négligence de la sagesse en politique est ce qui mène le leader congolais à sa perte et qui fait perdre du temps au peuple engagé dans de fausses pistes, dans une gestion dictatoriale voire caractérielle de son destin.

Vous ne semblez pas soutenir totalement cette stratégie de l’opposition ?

La tenue du scrutin du 20 mars est une anomalie – elle est contre nature au regard de la mémoire collective, compte – tenu de la période de l’année et par rapport aux tensions encore vives dans le processus engagé par la volonté et l’intérêt d’un seul homme. C’est déjà une catastrophe. On ne fonde pas une nation moderne et même une nation tout court sur des anomalies. Le corps rejette naturellement toute greffe qui n’épouse pas son fonctionnement. Une situation imprévue pourrait empêcher la tenue du scrutin du 20 mars serait un rejet normal d’une greffe qui n’épouse pas le corps social congolais
Sassou éliminé au premier tour ! Seuls les candidats actuels de l’opposition peuvent le rêver ou se mentir ainsi à eux-mêmes. Les militants qui écoutent de telles chimères se réveilleront encore une fois abusés au soir de la proclamation du résultat par le ministre de Sassou Nguesso de l’intérieur.

Le Général J.M.M. Mokoko est venu revivifier le moral de l’opposition. Il est celui qui nous permettra chacun de croire aux chances de son élection, La conviction est de mon côté, le rêve est chez eux mais j’espère qu’ils seront pas indirectement les faire valoir de Sassou Nguesso qu’ils ne malmènent pas suffisamment à mon gout , pas autant que le général Mokoko, l’ange de la démocratie, la seule bête noire qui empêche Sassou Nguesso de dormir dans cette élection.

Avez-vous des contacts avec le général Mokoko ?Que pensez-vous des dernières déclarations du général Mokoko qui demande le report des élections ?

La demande de report des élections par le général Mokoko sonne comme un appel pathétique au général chef de l’Etat et un bénéfice accordé à ce dernier quant à sa bonne foi. Peut-être sera-t-il conscient des insuffisances et voudra t-il les corriger ? C’est comme la bonne foi du général Mokoko qui met en évidence la mauvaise foi du général président.

Quelles sont vos difficultés sur le terrain ?

LA DEVISE est un parti aux pratiques démocratiques et à assise populaire qui a vocation à s’implanter sans effort sur l’ensemble du territoire national et partout dans le monde où des congolais veulent participer à la vie de notre communauté nationale. Expatriés pour des raisons bonnes ou malheureuses, LA DEVISE, malgré les difficiles conditions de son honnête vie, les a toujours appelés, les statuts ont prévus leur place. L’Angleterre et Paris, l’Autriche et le Canada ont leurs coordinations. Elles sauront s’étendre pour atteindre les congolais de ces territoires et même les non congolais sympathisants qui partagent nos valeurs philanthropiques ou internationalistes.

Au Congo, effectivement, nous sommes étouffés à l’opposition. J’en profite pour remercier la seule radio télé, celle des droits de l’homme qui nous a permis de nous exprimer régulièrement et de parler au peuple. Je demande à tous les hommes de paix d’exiger le rétablissement de ce média important…

Qu’attendez-vous des congolais de l’extérieur ?

Nos compatriotes savent être solidaires des leurs qui peinent « au pays  ». Puisse cette solidarité familiale mieux s’exprimer aussi dans le partage de la même nationalité. Les congolais de l’étranger doivent se nourrir des valeurs modernes, politiques de ces pays dont ils jouissent dans leur vie quotidienne pour contribuer à mieux les adapter, fidèlement « chez nous  ». s’il y a démocratie africaine, cette revendication résonne beaucoup plus comme une fuite ou une démission devant les exigences de la construction d’une nation comme celle que nous aimerions voir éclore « chez nous ». N’exigeons pas la perfection ici pour se complaire de la médiocrité là-bas en soutenant d’ici ce qui est insoutenable ici comme le soutien d’un régime objectivement « exécrable » parce qu’on est de l’ethnie du président, parce qu’on partage les larcins, parce qu’on en a peur ou parce qu’on en est un indicateur. Soyons une communauté de destins ici et là-bas.

Mes attentes ? C’est aussi que les binationaux constituent par leur droit de vote ici, un pouvoir de salut de l’Afrique. Le vote des congolais ou des africains en général doit peser en France comme le vote latino ou Juif pèse aux U.S.A.

Je ne revendique pas le communautarisme comme une évolution mais je prône dans le choix électoral du franco-congolais, la prise en compte de la politique étrangère de la France. J’ai moi-même milité en France et nous sommes nombreux rentrés au Congo, cela n’a pas poussé mon ancien parti à une quelconque reconsidération des intérêts.

Votons en France en mettant au premier plan de nos préoccupations la politique africaine de tel ou tel candidat, à telle ou telle élection. Nos compatriotes doivent nous aider non plus seulement par l’envoi des moyens matériels ou financiers mais aussi avec l’importation des valeurs d’exemplaires d’un Etat moderne et enfin le renforcement constant de leur poids généralement politique ou plus précisément électoral dans une France qui détient de fait le pouvoir de faire le bonheur ou le malheur de notre peuple.

LA DEVISE qui cultive cette conscience politique des congolais de l’étranger attend de ses compatriotes un renforcement de ses capacités d’influence sur la vie politique au Congo et à l’extérieur avec des coordinations partout.

De cette façon, après le 20 mars et plus que par le passé dans la majorité ou dans l’opposition qu’on le veuille LA DEVISE sera le parti incontournable au Congo, au cœur d’un peuple épris de liberté, de dignité, de paix et de progrès. En prison ou au palais, ce parti sera au restera égal à lui – même, le parti de l’évolution des consciences et de la conscience collective.

Monsieur l’Abbé, célébrez-vous toujours des messes ?

Vous posez en fait la question de mon titre d’Abbé. Oui, cela me marquera l’âme jusque dans l’au-delà de nos ancêtres. Je suis prêtre à jamais selon un sermon irrévocable. Je serai jugé de ce que j’aurai fait de mes frères quant au salut intégral. J’ai la grâce de n’avoir jamais été interdit des messes ou de soutane mais le respect que je dois moi-même à ce dont je connais plus ou au moins autant que d’autres la valeur me commande d’observer la distinction des domaines que l’Eglise attend de tout prêtre. Mais, j’avoue que pour être « Un » et non « Dualité  », pour qui le salut est « Un  » et la paix « Une » et intégrale, dans un environnement canonique peu théologique ou pour le moins incohérent, c’est source de tensions intérieures…mais tant que la religion n’est pas une fin en soi parce qu’elle est faite pour l’homme et non l’homme pour la religion, être et respecter, prêtre ou dans l’âme « pour la gloire de Dieu et le salut du monde », c’est « célébrer toujours les messes » dans l’unique et définitive mémoire sacrificielle, ou don absolu. Je mets ce que je crois dans la contribution au mieux-être collectif et, le Congo n’étant pas une église, LA DEVISE n’est pas une paroisse où je célébrerais des messes. Nous y sommes de toutes les formes de foi, de croyance, de philosophies de vie : catholiques, protestantes, kimbanguistes, animistes, intellectuels, laïcs, salutites, tenrynkio et ce sont des visages réels derrière ces appartenances nous sommes tous soudés par la même philosophie, « intégraliste  » et mon humble personne se met ainsi au service de cette soif d’intégration de tout l’homme et de tout homme. Ainsi va mon ministère et je crois bien servir là avec mes défauts et mes qualités les attentes de notre peuple et cette volonté de cimenter une conscience nationale et un consensus patriotique sur lesquelles les générations futures édifieront leurs propres contributions à cette perpétuelle communauté de destin devenue leitmotiv

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