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Jean-Marie Michel Mokoko dans le starting bloc

C’est reparti. A intervalle régulier, le nom de l’ancien chef d’Etat major général des forces armées du Congo-Brazzaville (FAC)revient avec insistance dans le microcosme politique dominé par le changement de Constitution d’abord, ensuite par le reférendum du 25 octobre 2015 et enfin par la présidentielle anticipée du 20 mars 2016. Jean-Marie Michel Mokoko avance dans le marigot politique sur la pointe de pieds. Il a le bec clos. Ce sont d’autres personnes sur le net qui parlent en son nom. Jean-Marie Michel Mokoko est hésitant. Pas de prise de parole publique. Même après le référendum controversé du 25 octobre 2015 et son cortège de morts tués à balles réelles, le saint-cyrien s’est drapé dans un silence assourdissant. Motus bouche cousue.

Un pas en avant, deux pas en arrière. Telle est la stratégie adoptée par le natif de Makoua.

Rien vu, rien entendu

Certains voient en cet officier supérieur un messie qui viendrait extirper des griffes des épigones du « chemin d’avenir » les populations du Congo-Brazzaville. D’autres le redoutent parce qu’il viendrait bouleverser la donne et grignoter dans l’électorat de la partie septentrionale qui n’est pas connue pour présenter des candidats concurrents à Denis Sassou Nguesso. Le Kalife d’Oyo a pour habitude d’être candidat unique de la partie septentrionale. Mais une chose est sûre : Mokoko candidat, c’est la Cuvette centrale qui se divise entre les Mbochi de Boundji, d’Oyo, et d’Ollombo d’un côté, les Kouyou d’Owando et les akoua de Makoua de l’autre, avec leurs cohortes de cadres civils, d’officiers et de soldats. D’autres encore s’en méfient comme de la peste. Ils gardent en mémoire le putsch manqué de Jean-Marie Michel Mokoko contre le premier ministre André Milongo en 1992. Cette catégorie de la population du Congo-Brazzaville n’accorderait aucune espèce de considération aux vocations tardives. Et pour cause. Depuis le 5 juin 1997 et le retour au pouvoir en octobre 1997 de Denis Sassou Nguesso à la suite d’une guerre fratricide, Jean-Marie Michel Mokoko n’a rien vu et n’a rien dit.

Des assassinats dans les quartiers Bacongo et Makélékélé, Jean-Marie Michel Mokoko n’a rien vu et n’a osé levé le petit doigt. Des massacres dans la région du Pool et du grand Niari, Jean-Marie Michel Mokoko n’a rien vu et n’a rien dit. Des disparus du Beach, Jean-Marie Michel Mokoko n’a rien vu et n’a soufflé mot. Or, « qui ne dit mot consent. » Et, cerise sur le gâteau, depuis 2005, Jean-Marie Michel Mokoko est conseiller de Denis Sassou Nguesso. Il est au lait et au miel, insensible à la souffrance des populations infligées par les épigones du « chemin d’avenir ». Les populations du Congo-Brazzaville attendaient de l’ancien chef d’Etat major qu’il mette les pieds dans les plats et qu’il prenne part au débat politique. Rien de tout cela. Excès de prudence ? Peur bleue de Denis Sassou Nguesso ? Solidarité ethno-régionale ?

Ira, ira pas

Jean-Marie Michel Mokoko a annoncé sa démission dans une lettre publique le 3 février 2016 adressée à Denis Sassou Nguesso et serait prêt à se lancer à la présidentielle anticipée du 20 mars 2016. Vaut mieux tard que jamais. Mais là encore, les populations du Congo-Brazzaville sont dans l’attente d’une déclaration officielle de l’impétrant. Elles sont dans l’expectative. Ira, ira pas ? Sous quels préalables ? Quel crédit accorder à la candidature de Jean-Marie Michel Mokoko à moins de deux mois de la présidentielle ? L’alliance IDC-FROCAS devrait-elle s’effacer au profit du saint-cyrien comme le souhaitent certains congolais ? L’ancien chef d’Etat major a-t-il le soutien de la fameuse communauté internationale qui fait tant défaut à la plate-forme IDC-FROCAD laquelle essuie des coups de la part de Denis Sassou Nguesso ? La stratégie d’encerclement, de saturation et de contournement échaffaudée par l’IDC-FROCAD pour terrasser Denis Sassou Nguesso trouve-telle grace aux yeux du général Jean-Marie Michel Mokoko ?

Benjamin BILOMBOT BITADYS

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