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Koffi Olomidé a choisi le camp du dictateur Sassou

Sassou est aux anges.

Depuis que le politique existe, les princes aiment être flattés. Un ressortissant Rdécéen qui n’a pas hésité de se considérer Zaïrois pour la circonstance l’a bien compris. Vendredi 15 août 2014 Koffi Olomidé (car c’est lui) a totalement donné le meilleur de lui-même (corps et âme), pour encenser le tyran de l’Alima. D’entrée de jeu il a commis des fausses notes. On aurait cru assister à un remake du Corbeau et le Renard de La Fontaine. Alors qu’il entamait son tour de chant, Koffi le flatteur tint à peu près ce langage à maître Sassou :

Le plus beau des Africains

« Vous êtes le plus beau des Présidents africains, le plus grand bâtisseur, et votre épouse, mama Ngouli, une grande dame. Si j’étais Congolais de Brazzaville je vous donnerai mon suffrage etc. etc. ». Cette tirade déclamée, sans gène, avec les trémolos dans la voix, fut faite par le griot de Kinshasa alias L’homme aux milles idées devant un parterre d’invités étrangers. Ce fut le premier couac.

Dieu merci, ce courtisan vêtu d’une ridicule jupe n’est pas du Congo-Brazzaville car chez nous plus personne ne parierait un kopeck pour Sassou au-delà de 2016.

La fable (ou plutôt la farce) où ce tombereau de louanges a été déversé s’est jouée à Sibiti à l’occasion d’une date, le 15 août 1960, arrachée de haute lutte par des héros comme Matsoua, Mabiala ma Nganga, Youlou, Opangault.

Koffi sur scène

« La bassesse n’est plus ce qu’elle était » a dit Alain Mabanckou dans un moment de lucidité.

Expert en maniement des ficelles de la courtisanerie, le troubadour de Kisangani ( ville de naissance de Koffi) , dans un chorus déjà jonché de dièses et de bémols, demanda au monarque d’Oyo s’il pouvait (lui Koffi) conserver son couvre-chef sur la tête avant d’entamer les louanges.

Commençe alors la bassesse comme seuls les artistes kinois savent la pratiquer à l’adresse de la racaille politique de la rive droite du fleuve Congo. Antoinette Sassou, Jean-Jacques Bouya, Jean-François Ndenguet, Kiki, Coco ont tous eu leurs souliers léchés par Koffi mwana mossala avec une obséquiosité à vous faire vomir. Après l’opération Mbata ya Bakolo, koffi confia que les autorités congolaises de Brazzaville n’aiment pas les kinois en dehors de leur musique. Sibiti semble confirmer cet étrange amour.

Le vieux beau Sassou aux anges

Ce 15 août, dans la capitale de la Lékoumou, caressé dans le sens du poil, que pouvait faire le phénix de Tchikapika, si ce n’est boire du petit lait avec volupté sous le chapiteau monté à l’occasion de la fête du nationale où (certes) très peu de chefs d’Etats africains étaient venus apprendre de la bouche de Koffi qu’ils étaient laids ; que seul Sassou correspondait aux critères de l’esthétique physique.

Le prix de la bassesse

La question est la suivante : combien a coûté la basse besogne de Koffi ? Bien que nous ne soyons pas dans le secret du Dieu Baal, on sait que la générosité du Bokassa congolais fonctionne à plein régime quand il s’agit de corrompre un encenseur, de récompenser un éboueur de l’Ego surdimensionné de nos monarques. C’est de l’ordre de centaines de millions.

Qui c’est celui-là ?

Qui est Antoine Koffi dit Olomidé, l’homme qui a osé braver l’opération Mbata ya bakolo ? De l’avis de ses pairs kinois, Antoine est le plus inquiétant des artistes que la RDC ait jamais connus. A en croire Karmata, c’est le plus fourbe de sa génération. Déniché dans les années 1980 par Papa Wemba, l’ancien étudiant de Bordeaux dut tronquer ses livres pour les feux de la rampe. Multipliant des aller-retour entre L’Europe et la RDC, ses débuts furent plus ou moins heureux bien que sa musique ne soit jamais sortie de l’ordinaire. Quelques déboires judicaires plus tard, l’artiste sera interdit de séjour en Hexagone (pour viol) où, comble de tout, ses propres compatriotes (Les Combattants du Peuple) promirent de lui rectifier le portrait (comme au ministre Kengo wa Dondo) s’il s’avisait d’y remettre pied.

Griot

Voilà notre saltimbanque contraint de s’exprimer dans le seul cadre de la RDC et des pays voisins, ce voici bientôt dix ans. Sentant sa carrière musicale rétrécir comme peau de chagrin s’il ne prenait pas le taureau par les cornes, le Congolo-béninois endossa alors, plus que jamais, les raphias du griot, jetant des mabanga (dédicaces payantes) à tour de bras. Au point de blesser Papa Wemba son père spirituel après la chanson Wak Up.

Avec le flair financier qu’on lui connaît, le canidé comprit que dans la médiocrité qui tient lieu de pâte à modeler les hommes politiques de Sassou il pouvait se faire du beurre. Entre 1997 et 2014, le voilà alors en train de copieusement faire vibrer le levier de la colline des plaisirs chez l’homo politicus congolais de Brazzaville. La source d’enrichissement s’arrêta le jour où l’un de ses plus grands fans, le maire de Brazzaville, le bannit de la capitale congolaise. Aux fêtes de fin d’année : coup de théâtre. Le blocus fut levé. Il renoua (si on ose dire) avec le chemin d’avenir. A la grande indignation générale, le bonhomme donna un concert à 150.000 frs cfa la place. Les billets s’arrachèrent comme des petits pains.

La honte

Sa présence à Sibiti ce 15 août 2014 (à deux ans de la fin du mandat de son grand fan Sassou) est alors le fruit de son inlassable boulot de cireur de pompes. On l’aime où on ne l’aime pas, reconnaissons que le patron du Quartier Latin a évacué la honte dans son système de pensée et réussi d’envoyer aux milles diables son sens de l’honneur sans que cela ne l’empêche de dormir la nuit.

Sassou l’aime tellement que, du propre aveu du musicien, le tyran congolais lui aurait fait l’insigne honneur de chanter au tristement célèbre Forum Forbes, en présence de son homonyme Nicolas Sarkozy (Car Koffi, en plus de s’être affublé le surnom de Benoît XVI, s’appelle aussi Sarkozy). Au cours de ce concert, Sassou lui aurait glissé un mot à l’oreille. Qu’avait pu lui confier L’homme de Kimongo ? « Je ne vous le dirais pas » dit Koffi dans une interview.

Camouflet

Quand on découvrit l’invité surprise ce 15 août à Sibiti dans la peau de Koffi on comprit le mot du secret confié par Sassou au forum Forbes. « Tu chanteras à Sibiti » lui dit probablement Oloma Niama.

La présence de Koffi à Sibiti est un camouflet pour le chef de la police. Jean-François Ndenguet, ce flic qui s’est juré de vider le Congo-Brazzaville de toute présence rdécéenne, vient d’être désavoué par son chef Sassou.

A notre avis L’homme de Washington a dû faire une autre confidence à Koffi Agbepa : « Je suis Béninois comme toi  ». En effet une légende qui circule au sujet de la filiation de Sassou Nguessan le doterait d’une racine dahoméenne.

Lui que Papa Wemba a décrété persona non grata à son mariage avec Amazone a été vachement consolé en étant invité à Sibiti. C’est que Koffi, de ses propres aveux, souffrit énormément d’être exclu de la liste des invités aux noces du véritable patron de la musique kinoise, Shungu Wembadio, Jules Presley, dit Papa Wemba.

Likofi ya koffi

Koffi a donné un puissant coup sur la tête de l’opposition avec son « Si j’étais congolais de Brazza je voterai Sassou  ».

Hélas Koffi n’est pas taillé du même bois que Bob Marley, Youssou Ndour, Jacques Loubélo, Bikouta Biks, Joseph Kallé Kabassélé ou Tabu Ley, autant d’artistes qui ont mis leur notoriété au service des peuples en danger. Si demain Sassou le plus nul des chefs d’Etats africains quitte la scène, on s’arrangera pour que Koffi ne trouve plus aucune scène à Brazzaville. Nous le lui promettons. Il peut compter sur notre intransigeance.

Pour la petite anecdote, un chanteur kinois Shimita fut banni de la scène musicale pour avoir chanté au Ruanda au plus fort de la guerre dans l’Est Kivu. les rdécéens réserveront-ils le même sort à koffi olomidé l’amuseur de Sibiti ?

Franklin Boukaka mort pour ses idées de liberté a dû se sentir profané dans sa tombe quand il a vu qu’un artiste était en train de s’aplatir devant un simple chef d’Etat.

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