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L’armée du Congo Brazzaville est-elle celle de la Nation ou la milice privée de Denis Sassou Ngesso ?

Un pays souverain a le droit et le devoir de se doter d’une armée. Les missions de celle-ci doivent être clairement définies par la constitution et avoir pour objet la défense de l’intégrité territoriale en appliquant des valeurs démocratiques et en se soumettant au pouvoir civil issu des urnes. Le pouvoir ne peut être obtenu que par cette voie.

Au Congo, de Youlou à Massamba-Debat en passant par Pascal Lissouba, le pouvoir civil n’a jamais été respecté. Des six chefs d’Etat qui se sont succédé depuis l’indépendance et qui ont résisté plus d’un an à ce poste, trois étaient des civils originaires du Sud, Youlou, Massamba Débat (Pool) et Lissouba (Niari) ; trois étaient des militaires venant du Nord, Ngouabi, Yhombi et Sassou-Nguesso.

De 1960 à 1968, les militaires ne s’intéressent pas au pouvoir à l’exercice duquel ils n’ont pas été formés. C’est après la prise de pouvoir par Marien Ngouabi qu’on voit l’institution militaire se politiser et user de slogans comme : "Le pouvoir est au bout du fusil"  [1]. Sous Marien, le pouvoir militaire s’empare de tous les postes clé. On voit des soldats, sans aucune des compétences requises, diriger des entreprises d’État comme, l’ONPT, le port de Pointe-Noire, la société sucrière : Suco et bien d’autres… Ces affectations n’obéissent à aucune règle déontologique.
Ce n’est pas tout. On a voit des militaires dispenser des cours dans les lycées, dans des collèges alors que les bons enseignants de métier sont affectés dans d’autres services.
Le cursus d’un grand nombre de nos dirigeant a bien du mal à atteindre le niveau de la 2ème année de licence, mais ayant bénéficié de la promotion marxiste-léniniste, tous sont au sommet de l’État au détriment des cadres experts auxquels ils vouent une haine due à leur complexe d’infériorité.
Nous reconnaîtrons cependant qu’une certaine élite militaire est parvenue à achever des études de 3e cycle dans divers domaines et ont travaillé avec loyauté et compétence.

A compter de l’avènement de Marien Ngouabi, on favorise le corporatisme dans la hiérarchie militaire, dans laquelle il faut entrer pour espérer une promotion. Les exemples sont nombreux :
 Ndenguet, François, aujourd’hui général et flic suprême, ancien enseignant dans un collège du Congo.
 Pierre Oba, aujourd’hui général et ministre, jeune étudiant ayant fréquenté avec la journaliste Pauline Tsik au Collège Nganga Édouard, classe de 4e quelques temps après, envoyé en formation après avoir bénéficier d’une bourse d’État dans des mêmes circonstances douteuses pour revenir y régner dans la police.
 Florent Tsiba, devenu général et ministre de tout le temps depuis le CMP, envoyé dans l’armée comme jeune étudiant en 2e année de licence, ancien gréviste à l’université de Brazzaville en 1971.
 Michel Ngakala, niveau 3e, gros bavard, dont l’idéologie et les réunions du PCT ont fait de lui, le boursier N°1 pour aller étudier dans les pays de l’est. Il n’est pas encore nommé ministre, il attend.
 Ngolo Damas, général à la retraite, niveau : classe de première au Lycée de Pointe-Noire, puis enrôlé dans l’armée.
 Denis Sassou Nguesso : après quelques mois passés à l’Ecole Normale de Dolisie, il fait un stage de 6 mois en Algérie pour devenir policier, puis président à vie.

Ne vous demandez plus pourquoi le pays va mal. Les militaires ont érigé une culture d’anti-valeurs. Si la démocratisation de la vie publique au Congo a été conquise en 1990 on le doit à la force et l’opiniâtreté des démocrates congolais de la trempe des Bokamba Yangouma et bien d’autres

On se rappellera du discours tenu, dans toutes les casernes militaires, avant la tenue de la conférence nationale en 1990 par le plus rigolo des COMMAT, le colonel Sebastien Ngoma commandant des forces terrestres, dans un ridicule excès de zèle, en véritable valet de son chef Sassou à cette époque, il claironnera boiteusement :

« Ne vous laissez pas berner par des vendeurs d’illusion qui vous apporte des formules toutes faites par un bâton magique… ».
Dire que pour lui, la démocratie, n’était pas une bonne chose serait un aphorisme. Aujourd’hui, il doit sûrement se demander ce qu’il entendait dans cet ignoble discours militaro-fasciste, bien que son maître Sassou soit revenu au pouvoir en cassant les maisons du peuple, en abrégeant la vie de ses concitoyens

Tous les militaires au Congo nous démontrent nuit et jour qu’ils se moquent du pouvoir civil et qu’ils détesteraient devoir obéir à des civils. Comme si tous étaient nés militaires. Alors qu’ils ne sont que des "corps habillés" selon l’expression chère aux peuples du Gabon.

Les militaires ont sur les autres citoyens l’avantage de porter des armes. Elles ne devraient leur servir qu’à défendre le peuple à travers l’intégrité territoriale, comme c‘est le cas dans la plupart des pays. Mais au Congo elles ne servent qu’à défendre les intérêts de Sassou Nguesso et accessoirement à commettre quelques délits qui seront couverts par leur hiérarchie.

Comme le Congo n’est jamais entré en conflit avec un autre pays, les miliaires congolais ne pensent qu’au pouvoir, en crachant sur le peuple et le pouvoir civil et parce que le haut commandement n’est composé que de chefs issus d’une même tribu ou région.

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