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La diaspora fait front avec Me Gilbert Collard à l’Assemblée

Une conférence-débat réunissant une partie de la diaspora congolaise et le Front National a eu lieu samedi 9 janvier 2016 à l’Assemblée nationale (Paris). But de la rencontre : discuter du coup d’état constitutionnel et les violations des droits de l’homme au Congo-Brazzaville.

Ce front commun a été convoqué par nos amis du site en ligne Congo-Liberty dont le fondateur, Mwinga Biango, compte pour beaucoup dans la médiatisation du combat national.

Le Front national

La particularité de cette rencontre est d’avoir eu comme invité d’honneur le député du Front National et avocat Me Gilbert Collard connu pour ne jamais emprunter les sentiers battus du politiquement correct. La collusion entre le parti d’extrême droite et la diaspora congolaise est un paradoxe dans la stratégie politique des Africains dans la mesure où pour le parti de Le Pen, les immigrés représentent la bête noire.

La récente rencontre au Parlement européen de Bruxelles le 10 novembre 2015 entre Louis Aliot, chef adjoint du Front National, et les partisans de l’Etat du Sud Congo, les intentions des binationaux congolais, durant les marches parisiennes, de voter Marine Le Pen aux régionales de décembre 2015 en France illustrent cette paradoxale alliance. Et si, à cela, il faut ajouter la connexion affairiste entre le père de la députée Marion Maréchal Le Pen et le régime de Sassou, nous sommes alors au cœur d’un curieux bouillon.

Des ennemis francs

Pourquoi cette collusion entre un parti raciste et les Congolais ? Certains arguent que les socialos et les frontistes n’aiment pas les Africains. La différence est que les socialistes n’aiment pas l’avouer alors que le Front National ne le cache pas. Aussi nos compatriotes saluent-ils la franchise des électeurs de Le Pen. Au faux amour de la gauche, les Congolais préfèrent la franche haine des extrémistes de droite.

Curieux raisonnement qui vaut ce qu’il vaut.

Cela dit, au cours des débats de ce 9 janvier 2016, Nicolas Le Sage (directeur du cabinet de Marine Le Pen) a été conspué quand il a indiqué que « Marine Le Pen (s’excusait) de son absence ; (qu’elle avait) beaucoup de sympathie vis-à-vis des congolais. Elle (était) sensible à la situation vécue par les congolais... »

Analyse de contenu

Aucun poncif de la critique politique n’a été ménagé par les orateurs pour fustiger les dérives de Sassou. L’arbitraire, la prédation économique, les exécutions physiques, les abus de pouvoir, les transgressions des tabous de la loi, les violations des droits de l’homme, la corruption, la répression etc. : il n’y a point de catégorie de la dictature qui ait échappé à la sagacité de la rhétorique contestatrice des orateurs.

On y a examiné le rite de naissance d’un dictateur orphelin de père, l’utopie de l’espoir d’une victoire, l’identification au mal d’un pois(s)on nommé Sassou, la méconnaissance des droits de l’autre en tant qu’être, le crime fratricide contre Marien Ngouabi, l’acte de fondation de la dictature en 1969, la prédation économique par un clan insatiable, le mythe du retour au pays (Exodus) etc.

Communications

Les joutes ont commencé après les mots d’introduction de Me Gilbert Collard (il se dit nationaliste tandis que Sassou lui doit encore des honoraires) et le mot de bienvenu de Mwinga Biango. La modération des débats a été menée par Justin Balonga, enseignant.

Alexis-Richard Miayoukou (ancien parlementaire congolais) a été le premier à prendre la parole en retraçant la genèse de l’abomination et de l’abominable au Congo-Brazzaville par Sassou depuis la violence fondatrice de 1959, appelée par l’historiographie locale : « guerre ya ba kongo na ma mbochi », première guerre civile gravée dans le marbre de l’inconscient collectif et pour laquelle, dit-on, Sassou aurait une dent contre les populations du Sud.

Norbert Tricaud, avocat au barreau de Paris, en même temps lobbyiste, a emboîté le pas en pointant le doigt l’autre violente séquence marquée par l’assassinat de Marien Ngouabi le 18 mars 1977 et le carnage qui s’ensuit (Massamba-Débat, Cardinal Emilie Biayenda, Ontsou les condamnés à mort du procès de 1978...)

L’assassinat de Ngouabi fut, jadis, lié à la fausse accusation selon laquelle « Ba kongo ba bomi Marien » avant que la rengaine ne soit démentie par les faits. Il a suffi de voir à qui profita et continue de profiter le crime du 18 mars 1977.

A noter, l’important témoignage de Hervé Zebrowski, collaborateur de Mgr Ernest Kombo sur la nature psychologique de Sassou, dit « Mwana Mouébara. ». A l’avènement de Sassou, le jugement social le prit pour un plastron, un faux militaire, (entendez une« petite femme ») incapable de faire un saut en parachute. Le vertige. Le chaton se transforma en tigre de l’espèce politique. Le plastron se métamorphosa en python royal.

Coup de force

Ferdinand Justice Moukala (Juriste et enseignant) a exposé sur le nihilisme de la Loi par Sassou et son refus de l’alternance.
Sassou étant arrivé aux affaires par un sanguinaire coup de force, le sociologue Jean-Pierre Ibouanga (alias Le Lion de Makanda) a tenté de répondre à la question « Quelles sont les alternatives du Peuple congolais face à la dictature ?  ».

Certains, sans trop y croire, pensent au jeu démocratique des urnes pour se débarrasser du putschiste Sassou. Ferdinand Justice Mounkala est d’avis que le tyran congolais refuse l’alternance. Dans ce cas il faut combattre le feu par le feu. Comprenne qui pourra.

Marie-Louise Ango, écrivaine et romancière, a traité de la « Mauvaise gouvernance et situation socioéconomique » du Congo, un problème dont la solution, selon elle, se trouve dans la séparation du pays.

Dans d’autres lieux de discussions, certains, comme Modeste Boukadia, entonnent ce chant de sirènes quand ils voient les désastres commis par Mwana Mouébara (père inconnu, complexe d’Œdipe mal liquidé) résumés durant les communications. Au moment où nous rédigeons ces lignes (vendredi 15 janvier 2016), Modeste Boukadia serait embastillé à Pointe-Noire. Sassou l’a cueilli à sa descente d’avion en provenance de Paris. Boukadia paye sa témérité.

Les « Pillages des richesses nationales et corruption endémique » ont été au centre des propos de Serge Berrebi (Ancien industriel et opérateur économique au Congo). S. Berrebi a montré comment le clan Nguesso a asséché toutes les finances du Congo et hypothéqué tout le pays .

« L’édification d’un Etat-Nation est-elle possible au Congo-Brazzaville ? » s’est interrogé Robert Poaty-Pangou (ancien parlementaire congolais) séparatiste de la première heure, comme Modeste Boukadia. Difficile de faire équipe avec des kleptomanes organisés en clan ethnique qui capte tout le contenu du trésor public sans rien laisser à 99% de la population. « Scission !  » hurlent avec hargne les laissés pour compte du Chemin d’avenir.

« La France partenaire d’un dialogue inter-congolais » a posé comme axiome Mwinga Biango. On pourrait en douter vu le coup de poignard que François Hollande a assené à l’Opposition congolaise. Au Burkina Faso, au Burundi l’attitude de la France n’a rien en commun avec celle qu’elle affiche au Congo. Deux poids, deux mesures ? Voilà qui devrait encourager les Congolais d’envisager le retour au pays dans le cadre de l’Exode. En somme, ne rien attendre de l’ancien colonisateur. Les solutions à nos problèmes sont endogènes.

Table-ronde

« Est-ce que les Congolais connaissent bien la Constitution ? » s’est-interrogé Ngatséké au cours de la table-ronde. Ironie des choses, le Congolais connaît bien « les versets bibliques. » Or une Constitution est pour un pays ce que La Bible est pour les Chrétiens, c’est-à-dire, un code de conduite moral, éthique et spirituel.

« La Françafrique, le Front National, comment prendre ce pas, est-ce un pacte ? » a questionné Sahara Kouaka qui ne comprend pas ces amitiés congolo-frontistes.

Benjamin Toungamani a défendu la thèse du retour des Africains en Afrique (Exodus) où ils devront instaurer un rapport de force pour une autre gouvernance politique.

Thierry Oko et Marie Ondongo

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