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La logique de génocide dans le Pool ou le syndrome rwandais

« Le génocide est une marée noire, ceux qui ne s’y sont pas noyés sont mazoutés à vie  » Gaël FAYE

Quoiqu’on dise et quelque argument qu’on puisse étaler, la banalisation de la barbarie dans notre pays est à l’image d’une marée noire qui n’inquiète personne ; à plus forte raison le pollueur en titre Denis Sassou-Nguesso et sa rente pétrolière. Toutes proportions gardées, nous sommes entrés dans une catastrophe politique qui rappelle étrangement les cent jours de l’année 1994 quand le Rwanda, devenu bateau ivre, faillit à jamais chavirer. Le Hutu chassait le Tsuti. Dans les tréfonds du Pool, chaque jour qui passe, le Mbochi (Sassou) massacre impunément du Moukongo. Depuis 1997 ceux qui ont survécu à la guerre civile ont l’esprit tellement mazouté que certains en arrivent à mettre leurs malheurs sur le dos de Ntoumi, épargnant le capitaine fou, Sassou. Ca rappelle le syndrome de Stockholm quand le bourreau séduit la victime. Il est vrai que lorsque la catastrophe laisse le monde indifférent et les survivants abandonnés de tous, y compris de leurs leaders régionaux, on comprend le naufrage de la pensée.

Deux ingrédients : haine du Pool et corruptibilité de certains cadres originaires de ce département.

La logique de génocide qui se déploie dans le Pool laissera des traces indélébiles dans l’histoire de notre pays. Plus de 200 villages rasés et définitivement rayés de la carte par la folie d’un seul homme, des vieilles femmes violées, des paisibles paysans brûlés dans leur habitation, des bombardements aveugles. L’assassinat odieux d’une petite fille de 3 ans à Mouyondzi la semaine dernière, témoigne s’il en est encore besoin du mépris absolu du capitaine fou de l’Alima à l’égard des kongos ( La Bouenza faisait partie du Pool jusqu’en… 1956).

Nul conducator avant Sassou n’est allé aussi loin dans l’ignominie en maintenant fermé le couvercle bouillant des malheurs de nos compatriotes.

C’est un truisme de le dire, pendant que l’oligarchie ayant à sa tête les criminels économiques KIKI NGuesso, Edgard Nguesso, Bouya ou JDO jette à la mer les milliards de Fcfa du contribuable congolais. Sassou se délecte d’empoisonner l’esprit des enfants des autres pour aller massacrer leurs propres compatriotes. A la haine viscérale de Sassou à l’égard des Bakongos de ce département vient s’agglutiner la cupidité de ses cadres qui ferment délibérément les yeux devant le ras de marée de Sassou.

Ces deux ingrédients se touillent dans le chaudron du diable pour produire des massacres qui relèvent d’une logique de génocide, en bonne et due forme, loin des caméras, dans un black out total. Aucune image, donc pas d’incidence dans l’opinion. Les révélations rétrospectives, n’ont que peu de valeur pratique. Le choc émotionnel, l’indignation, l’horreur causés par une atrocité ne seront jamais les mêmes selon qu’on apprend les évènements à chaud et « en direct  », ou après coup et «  en différé ».

Certains cadres originaires du Pool, qui auraient pu se constituer en bouclier contre les instincts criminels de Sassou qui n’attendait qu’une occasion pour faire ce qu’il sait faire le mieux : tuer, tuer et tuer ; ces cadres disais-je sont soit sous les fourches caudines du boutefeu d’Oyo, soit englués dans une corruption nocive au point d’occulter les souffrances de leurs frères et sœurs.

Etre patriote, c’est savoir où placer l’axe moral d’un choix. Au lieu de cela, les complices du criminel d’Oyo contribuent à percer le tanker de manière à aggraver la marée noire et surtout noyer dans le néant l’histoire glorieuse de ce département qui donna à notre pays des vaillants corsaires comme Mabiala Ma Nganga ou André Matsoua.

On m’objectera probablement que la véhémence de notre colère paraît disproportionnée, intempestive, mais se taire serait se faire complice de l’acceptabilité molle de cette idée erronée selon laquelle le Pasteur Ntoumi serait à l’origine des massacres de ses propres parents, celui qui verse le pétrole sur les flammes. Disons-le sans circonlocutions : le Pasteur Ntoumi est aujourd’hui un authentique capitaine de vaisseau, un résistant, certes à sa manière, critiquable à maints égards, mais il n’est assurément pas un collabo, ceteris paribus. Ntoumi maintient le cap des opérations. Les officines d’Oyo sont passés maîtres dans l’art de l’intox et de la manipulationn dans l’art de torpiller l’histoire.

Ce n’est nullement de l’acharnement en affirmant sans ambages que Guy Brice Parfait Kolelas, qui a toutes les cartes entre ses mains pour plier son criminel de père adoptif, n’est préoccupé que par sa carrière politique et l’enrichissement inhérent à cette honteuse collusion. Tant d’espérance dans l’évanescence.

Par ailleurs, on suppute ça et là que certains députés du Pool, pas sûrs d’être une fois de plus « nommés » aux législatives qui se profilent - par le chef de la mafia El Sass himself - ne ménageraient aucun effort pour la perpétuation du chaos. De fait, tout député représentant une circonscription en zone de conflit serait tacitement reconduit pour la prochaine législature. Que demander de plus à ces députés d’un parlement–croupion, incapables d’initier une seule loi susceptible d’atténuer les souffrances de leurs parents ? Comble de cynisme.

Le syndrome de Procuste

Le syndrome de Procuste tire son nom de ce célèbre aubergiste de la mythologie grecque qui allongeait de force ceux parmi ses hôtes qui ne rentraient pas dans le lit qu’il leur proposait, et qui coupait les membres de ceux qui en dépassaient la longueur. Ce mythe illustre parfaitement l’état d’esprit de Sassou qui explique cette propension à déformer les faits pour faire croire à une concordance avec l’orthodoxie rationnelle.
La tyrannie avec laquelle Sassou exerce le pouvoir trouve son explication dans ce mal très répandu et mal connu qui frappe la plupart des monarques. L’atrophie de l’imagination et de la créativité induite par ce syndrome, obère toute capacité à penser de manière analogique. La tendance à vouloir tout «  formater  » selon ses propres critères, explique l’obsession avec laquelle Sassou s’est attelé à abroger la constitution de janvier 2002, pourtant taillée sur mesure.

De même, le hold up électoral du 20 mars 2016 procède de ce syndrome qui met en exergue la mauvaise foi, devenue sa seconde nature et la tendance qu’ont ceux qui en souffrent, à vouloir jouer aux « petits-chefs » au mépris de toute règle de bienséance. La gloutonnerie du pouvoir qui les habite, les aveugle.

Seul un cerveau fêlé peut concevoir un plan machiavélique, visant à publier des résultats totalement faux d’une élection perdue avec un minable score de 8%, sur fond d’un climat de terreur sans précédent, dans le but de tétaniser les magistrats et les autres concurrents !

Sa dernière interview accordée à un journaliste de France24 depuis Oyo, met en exergue la mégalomanie qui habite cet homme. Il est englué dans un dogmatisme qui le rend de plus en plus dangereux pour ses proches et pour le pays entier. Tout en voulant déformer la réalité à coup de mensonges, il nie l’existence de la crise au Pool, balaie d’un revers de main la liste des prisonniers politiques, mais surtout il a l’outrecuidance de se targuer d’avoir reçu un mandat du peuple congolais à chaque élection. En réalité, Il croit posséder une logique à toute épreuve, même quand les faits lui donnent tort.

Depuis la nuit du 4 au 5 avril 2016, l’entendue des affres de la guerre dans le Pool nous laisse pantois. La raison, la décence et la vérité sont pris en otage par la rigidité psychologique d’un seul homme. Un homme ayant perdu tout discernement, allergique au débat. Tous ceux qui osent s’opposer à «  sa » vérité, courent le risque d’être tout bonnement persécutés et/ou assassinés. Nous n’avons pas le droit de nous taire ni de sombrer dans la résignation, car comme nous le rappelle si bien la Résistante Elsa TRIOLET : «  Le silence est comme le vent : il attise les grands malentendus et n’éteint que les petits ».

J’ai l’immodestie de penser que notre peuple saura se débarrasser du manteau épais du silence qui recouvre l’ensemble de notre pays et notamment le département du Pool, livré à une cruauté sans précédent. Toute vérité sur ce qui s’y passe est placée sur le lit de Procuste. On ne le dira jamais assez : un syndrome peut en cacher un autre. De ce fait, tout patriote épris de paix devra œuvrer sans réserve, pour sonner le glas de l’œuvre destructrice de Sassou, au risque de voir arriver un autre syndrome plus nocif. Rwandais, celui-là.

Djess dia Moungouansi

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