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Le 15 août 2012 à Kinkala

Indépendance cha cha... Ce fut un charivari. Les Congolais qui ont vécu cette fête in situ et intra muros, ne sont pas prêts d’oublier le calvaire enduré pendant les trois journées.

Côté cour : la tribune officielle, le bout de bitume qui a servi au défilé d’apparat, le stade de foot, deux à trois immeubles flambant neuf, la case de passage de Sassou appelée "Palais présidentiel".
Ecran total sur ces apparences.

Côté (arrière) cour, c’est-à-dire l’envers du décor, se découvre le vrai visage de nos "grands bâtisseurs" : galerie des bâtiments inachevés, absence de sanitaires, manque d’eau potable, flics dans toute la bourgade, habitations privées squattées par les militaires, foule immense de civils brazzavillois errant, le regard hagard, à la gare routière de Madiba ne sachant où passer la nuit.

Des coulisses de la scène, le monde n’en verra aucune image à la télé : Les metteurs en scène du Chemin d’Avenir font un black out total, grâce à un savant cadrage des cameramen aux ordres.

La voix nasillarde des journalistes comme Bibiane Kouloumbou qui fait défiler des hyperboles de la propagande dans une rhétorique(approximative) se charge de compléter l’illusion d’une fête réussie.

Auto-stop

En revanche les malheureux courageux qui ont fait le voyage de Kinkala ont vécu et vu de leurs propres yeux ce que Sony Labou Tan’Si a appelé "commencement des douleurs". Et, à l’heure où nous rédigeons cet article, pour nombre de ces fêtards "malgré eux" venus par cars charters de Brazzaville et des villages voisins, la fin de la galère n’est pas pour demain la veille. Faute de lieux d’hébergement, certains aimeraient bien rentrer chez eux, mais où trouver un moyen de transport ?

Un sapologue joint au téléphone nous a dit essayer l’auto-stop pour rejoindre Bacongo : une gageure. Le bureau de la propagande avait dit que la fête serait une sinécure. Kinkala s’est en fait révélé une souricière dont il est difficile de s’extraire. "Vous y êtes, vous y restez" - Malgré-vous. Ou alors, "vous y restez, ne demandez pas votre reste".

Lé dza, lé noua

Pendant ce temps, comme jadis à Versailles, la cour du Roi de Mpila s’amuse, d’abord en regardant le match Diables-Noirs Yaka-dia-mama/Léopard de Dolisie, ensuite en savourant (lé dza lé noua) un copieux dîner de galas où, bien sûr, les invités sont triés sur le volet et où ça danse (lé bina) comme des sac de patates (le nouveau député de Vindza notamment). Mountouari Côme Kosmos (soit dit en passant) a intérêt à veiller sur l’harmonie des voix de son choeur... - la faute, il est vrai, revient au Ministre Opimba qui chante comme une casserole. Bravo à Robert Massamba-Débat (soit redit en passant) pour son chorus de guitare durant le boeuf... Quant à Opimba, des cours de chant ne lui feraient pas de mal.

Le peuple absent

Personne n’a vu le peuple de Kinkala à la fête. Les "indigènes" indignés du district de Kinkala ont été exclus de tous les volets de la manif (élection de Miss Pool, défilé de mode, marathon, défilé militaire). Qu’a-t-on célébré ? La municipalisation accélérée ou la Fête Nationale ? Où sont passés, alors, ces descendants kongo des grands résistants comme Mabiala-Ma-Nganga, Bouéta-Mbongo ? Pourquoi n’a-t-on pas vu un seul chef traditionnel au milieu des autres chefs politiques ?

Au total, le cirque politique de Kinkala a illustré la formule "ce soir je dîne chez toi, sans toi, sous ton toit."

Le Pool a eu sa part d’humiliation. Merci.

Le prochain sur la liste : Djambala, en 2013.

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