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Le MCDDI sonne la révolte contre le changement de Constitution

LE MCDDI SONNE LA REVOLTE CONTRE LE CHANGEMENT DE CONSTITUTION -

La mise en garde de Barak Obama ne marche pas, l’avertissement de François Hollande ne fonctionne pas, les admonestations de l’Organisation internationale de la Francophonie non plus : pour l’instant, rien ne semble venir à bout de la détermination de Denis Sassou Nguesso de changer la Constitution du 20 janvier 2002, taillée pourtant sur mesure afin d’y mourir au pouvoir. Qui fera entendre raison à Sassou Nguesso ? Ira-t-il jusqu’au casse-pipe ? Joue-t-il la montre pour pouvoir enfin imposer son fils Christel Sassou Nguesso aux présidentielles de 2016 avec le même fichier électoral, le même découpage et la même commission électorale ? Ou seul un rapport de force initié en dernière instance par le MCDDI pariendra à ramener Sassou Nguesso à de meilleurs sentiments ?

Référendum

Le Congo-Brazzaville est la patrie des crises politiques institutionnelles. Depuis 1960, année de l’indépendance, le pays a connu huit actes fondamentaux, à la suite de révolution, de coups d’Etat, de guerre . Il a à son actif l’assassinat de deux présidents : Marien Ngouabi et Alphonse Massamba Débat, un archevêque le Cardinal Emile Biayenda et de nombreuses victimes politiques. Il est aussi un incomparable foyer d’instabilité politique. La tradition continue, la fabrique de l’instabilité politique institutionnelle tourne à plein régime. A l’instigation de Denis Sassou Nguesso, elle recouvre cette fois-ci un cas de figure inédit dans l’Histoire du Congo-Brazzaville. Le changement de Constitution du 20 janvier 2002 en vue de permettre à Sassou Nguesso de briguer un troisième mandat par l’entremise de l’organisation d’un référendum. Denis Sassou Nguesso l’a réaffirmé le 4 avril 2015 sur les ondes de la BBC.

Parfait Non

Ce fut d’abord la position de Guy Brice Parfait Kolelas annoncée le 3 janvier 2015 sur RFI. Ce sera désormais la position officielle du parti de Bernard Kolelas. Lors du premier congrès extraordinaire de son existence, lequel a clôturé ses travaux le samedi 4 avril 2015 à Brazzaville, le MCDDI, deuxième force de la majorité après le Parti congolais du travail (PCT) en termes d’élus et de représentation au gouvernement, a officialisé son opposition à un changement de constitution et annoncé que ce parti présentera un candidat à la présidentielle de 2016.

MCDDI 1, DRD 0

Guy Brice Parfait Kolelas, à l’intérieur du MCDDI, a remporté les sièges et la
bataille politique qui l’opposait à Hellot Matsion Mampouya, Lazare Mouanga Nkéoua, Léonard Sita Bitori et Hervé Moukala Mayika de la DRD. Hellot Mampouya dont les militants sont survoltés à l’idée d’un troisième mandat de Sassou Nguesso, peine à définir une position. Guy Parfait Kolelas a gagné les voix et la bataille arithmétique.
Landry Kolelas, Bernard Tchibambélela et Noël Loutounou, les sous-marins du PCT au sein du MCDDI, sont rentrés dans les rangs. Il a confirmé son aptitude à incarner le ressentiment, la colère, l’amertume des populations du Congo-Brazzaville, pas seulement les militants et les sympathisans du MCDDI ou, pour reprendre une formule fameuse du général de Gaulle « la hargne, la grogne et la rogne » , exprimés récemment encore à l’occasion de la CAN 2015.

Chat et souris

Le MCDDI a retrouvé du poil de la bête. A-t-il conservé sa capacité de mobilisation et surtout son pouvoir de nuisance d’antan ? Sassou Nguesso est confronté à un grand dilemme. Le MCDDI est le plus grand allié du PCT. Comment aller à un référendum et prétendre le gagner alors que tous les grands partis sont coalisés autour du « non » au changement de Constitution ? Après le « non  » cinglant, le MCDDI doit-il claquer la porte de la majorité présidentielle ? Doit-il patienter jusqu’à ce qu’il soit débarqué par Denis Sassou Nguesso ? Dans sa campagne de séduction et de charme, Guy Brice Parfait Kolelas avait assené le 3 janvier 2015 sur RFI : « Personnellement, je n’ai jamais fait confiance au PCT. Le projet du PCT, c’est de s’accrocher au pouvoir  ». Que diable fait-il encore au gouvernement ? Le MCDDI a-t-il de bonnes raisons de demander au PCT de soutenir son candidat aux présidentielles de 2016 ?

Le MCDDI n’avait-il pas apporté son soutien à Sassou Nguesso, candidat du PCT ? Pourquoi ne pas envisager un renvoi d’ascenseur ? Jusqu’où ira le jeu du chat et de la souris entre le PCT et le MCDDI ? L’accord PCT/MCDDI devrait-il courir jusqu’à l’usure ? L’alliance PCT/MCDDI signée par Denis Sassou Nguesso et Bernard Kolelas le 24 avril 2007 est-elle si stratégique que ni les uns, ni les autres ne pensent à sa dislocation ? Entre le PCT et le MCDDI, les couteaux sont tirés. Qui s’en servira le premier ? Le pire n’est jamais sûr, mais enfin l’Histoire nous apprend qu’il arrive souvent.

Benjamin BILOMBOT BITADYS

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