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Le doyen, africain, du Festival, lance la croisade contre l’excision

Le sujet ci dessous abordé releverait, certes, des us et coutumes pratiquées ou en voie d’éradication dans une partie de l’afrique. Mais pourrait-on à juste titre penser qu’il n’existe pas d’excision pratiquée au Congo ?. Et si elle est pratiquée, comment la législation en vigueur dans notre pays réagit-elle face à ce genre de problème ? Avez-vous des témoignages sur le sujet ? Pourrez-vous en évoquer librement sur Congopage ? Merci de vos réactions.
Niaou

CANNES (AFP) - 15/05/2004 15h39 - Doyen du Festival de Cannes à 81 ans, le Sénégalais Sembene Ousmane a lancé samedi une croisade contre l’excision des femmes, en présentant "Moolaadé", le seul film du continent sélectionné dans ce grand rendez-vous du cinéma mondial.

La première dame du Sénégal, Viviane Wade, venue "soutenir le cinéma africain et la culture sénégalaise", assistait à la projection, très applaudie, au Palais des Festivals.

"L’excision est très mal vécue par les femmes. Les femmes qui jouent un rôle de plus en plus important dans la société trouvent aujourd’hui l’excision intolérable", a déclaré à l’AFP l’épouse du président sénégalais Abdoulaye Wade.

"Je fais un cinéma militant", a pour sa part déclaré le père du cinéma africain qui dédie son film "aux mères, femmes qui luttent pour abolir cet héritage d’une époque révolue". "Quelle que soit la méthode employée (classique ou moderne), exciser est une atteinte à la dignité et à l’intégrité de la femme".

"Ce film va susciter des débats, se réjouit l’écrivain-cinéaste. Nous mettrons les hommes et les femmes ensemble à discuter. Nous allons montrer "Moolaadé" dans les campagnes, dans des coins reculés. Ce n’est pas difficile maintenant, nous avons des cassettes, nous avons des camions. Nous pouvons le faire, nous allons le faire. Nous irons au Mali, au Sénégal, au Burkina, en Cote d’Ivoire, en Guinée-Bissau, en Guinée Conakry".

"Les femmes s’assument maintenant en Afrique", souligne Sembene Ousmane. Et "quand les femmes avancent la société avance", dit le réalisateur de "La Noire de...", Prix Jean Vigo en 1966 et Tanit d’Or au Festival de Tunis, et d’un court métrage consacré au "Traumatisme de la femme face à la polygamie".

"Moolaadé", qui signifie protection, raconte l’histoire de six fillettes qui s’enfuient pour échapper à l’acte rituel de "purification", autrement dit l’excision. Quatre d’entre elles se réfugient auprès de Collé (Fatoumata Coulibaly), qui a refusé que sa fille unique Amsatou soit excisée. Deux autres se jettent dans un puit.

Les esprits s’échauffent, le ton monte entre les partisans de la tradition et les autres. Les notables du village décident d’interdire les radios qu’ils tiennent pour responsables du vent de subversion qui gagne les femmes. Le retour au village d’un jeune émigré en France vient compliquer la situation, son père refusant qu’il épouse une jeune fille non excisée.

Sembene Ousmane a tourné dans un village du Burkina Faso avec une équipe réunissant Sénégalais, Maliens, Beninois, Burkinabe, Ivoiriens, Nigeriens et Francais, avec des soutiens au Cameroun, en Tunisie, au Burkina, au Maroc. Il a obtenu l’aide du Fonds Sud Cinéma du ministère français des Affaires étrangères, qui fête lundi ses 20 ans à Cannes.

"Moolaadé", projeté dans la section Un Certain Regard, fait partie d’un triptyque, commencé par "Faat-Kiné" et qui se poursuivra avec "La confrérie des rats", un film tourné en ville sur la corruption.

Sembene Ousmane, dont c’est le 8ème film, a tour à tour été pêcheur, maçon, mécanicien, tirailleur sénégalais, docker, puis responsable syndical CGT à Marseille, avant de devenir écrivain. A 40 ans, il est allé étudier le cinéma à Moscou et a réalisé ses premiers courts métrages en 1962.

"L’Afrique a besoin de l’image, dit-il. Le cinéma a un très grand rôle à jouer à l’avenir".
Source : www.tv5.org


Par : niaou
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