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Le ministre Pierre Mabiala effectue un raid sur l’Asecna

L’émission «  To solola » de Séraphine Otouba du Samedi 6 septembre 2014 (Télé Congo) a été consacrée à l’Asecna ( Agence pour la sécurité de la navigation aérienne) victime d’une OPA foncière de l’incroyable ministre Pierre Mabiala, l’homme à la blouse orange. Une « OPA (offre publique d’achat) » sans...bourse délier. En fait une occupation illégale du sol, un squat. Voici les faits.

En 2011, L’Asecna avait projeté construire à l’attention de son personnel local et expatrié des logements sociaux sur le site de Sangolo à Simou Djoué, à côté de l’OMS, arrondissement 1 (Makélékélé). Bien qu’elle ait eu entre ses mains deux importants documents (le permis de construire signé d’Alphonse Silou et le décret politique co-signé de Denis Sassou Nguesso, des ministres Pierre Mabiala, Isidore Mvouba et Adada Rodolphe), le projet ne décolla point, faute de financement.

Sassouphilie

Trois ans plus tard, le nom des logements sociaux était trouvé, le financement, également, déniché ; le projet prêt pour son envol. Restait juste l’invitation du Président Denis Sassou-Nguesso pour poser la première pierre au lieu-dit Sangolo, mitoyen du siège de l’Organisation Mondiale de la Santé.

En effet, pour faire bonne mesure, les agents, un brin réalistes, décidèrent de flatter l’Ego du chef. La future cité Asecna fut proposée d’être appelée « Cité Denis Sassou-Nguesso  ».

Au Congo c’est la mode de tout baptiser au nom de Chef de l’Etat. On crut bien faire en restant dans cette mode.

Mabiala Pierre alias Terminator

C’était compter sans Pierre Mabiala dit « Terminator » dit « Casseur » . Car quelle ne fut pas la surprise des agents de l’Asecna de voir le ministre du foncier débarquer sur le site qui leur était affecté par Sassou en personne. Ce ministre surgit, plans en mains, en compagnie d’agents immobiliers marocains.

Pierre Mabiala venait de détourner le site à des fins personnelles. Le terrain change, ipso facto, de propriétaire.

D’où le ministre tenait-il les plans que tout le monde croyait en sécurité dans le coffre-fort de l’Agence de navigation aérienne ?

Les agents de la navigation aérienne déstabilisés par ce raid ne savaient plus à quel saint se vouer.

Séraphine Otouba

« Télé-Congo » dispose d’une émission « To solola » (« Causons à bâtons rompus ») présentée par Séraphine Otouba. Pour cracher leur colère, les travailleurs de l’Asecna ont donc fait appel à cette excellente journaliste dont l’émission est passée ce samedi 6 septembre 2014.

Séraphine Otouba qui ne cache pas ses penchants pour Le Chemin d’avenir adhère au principe « vaut mieux prévenir que guérir ». Aussi aborde-t-elle souvent des thèmes de société où les invités viennent exprimer leur colère. En cela, son émission fait office de soupapes sociales pour évacuer les tensions. On peut dire aussi qu’il s’agit de fusible pour ne pas carboniser Mpila.

L’agence internationale compte 18 Etats-membres dont La France. Gênés sur les entournures, les agents étrangers refusent de venir sur le plateau de Télé-Congo. Aussi, ne se retrouve dans l’émission « To solola » qu’une équipe homogène de nationaux en colère.

La qualité de l’émission de Séraphine Otouba de ce samedi 6 septembre 2014 fut de très haut vol. Les travailleurs de l’Asecna représentés par leurs leaders syndicaux ont eu un franc-parler qui fait honneur à l’animatrice et dont la forme et le contenu ne devraient pas être pris à la légère là-bas à Mpila.

Après avoir précédé leur prise de parole par l’inévitable « Papa Denis Sassou tolingui yo  », les agents présents sur le plateau de « To solola » ont alors déversé leur colère sur le ministre du Droit foncier. Afin de mieux se faire comprendre, les agents en colère se sont exprimés en lingala et en kitouba. D’abord la sacralité des signatures : « pourquoi Pierre Mabiala ne respecte-t-il pas les documents qu’il a contre-paraphés ? » se sont demandés les syndicalistes. « Pour qui se prend-il ? » a surenchéri l’un d’eux. « On a tous fait nos humanités. Nous connaissons nos droits. Il se dit juriste, pourquoi ne respecte-t-il pas les textes ? » s’est insurgé l’un d’eux. « Etudiant, j’avais juré ne plus revenir à Brazzaville après la guerre de 1997. C’est le Président Sassou qui affréta des trains pour ramener les populations dans la ville pacifiée. Que cherche Pierre Mabiala, nous ramener des vieux démons de la guerre ?  » a balancé un cadre sur le plateau.

« Il a l’habitude de démolir. Qu’il sache qu’il y a des endroits qu’on ne démolit pas en toute impunité » a menacé un représentant du personnel.
« Le Président Sassou a décrété la paix depuis 1997. Il y a des petits malins qui jouent avec le feu » ajoute un délégué sur le mode « les grands incendies naissent des petites étincelles ».

Et de comparer ce qui se fait dans d’autres pays (Sénégal, Côte d’Ivoire, Gabon, Burkina Faso, Ethiopie…) où les organismes internationaux bâtissent des cités d’envergure qui renvoient le Congo à la préhistoire de l’aménagement urbain.

Pierre Mabiala a fait l’unanimité contre lui sur le plateau. Sa méthode destructrice n’a jamais acquis le suffrage des Congolais même si, la peur au ventre, des citoyens triés sur le volet applaudissent quand il se livre à son opération « déguerpissement ».

De façon générale personne ne saute de joie quand on réduit en miettes la maison du voisin ou sa propre maison.

Non respect des décrets

Quel est ce pays où un ministre s’assoie sur la signature d’un chef d’Etat ? Au Congo, Pierre Mabiala vient de le démontrer dans le litige des Constructions Asecna à Sangolo, près de l’OMS. C’est à croire que le Président Sassou signe sans lire ou alors signe sans croire en sa propre signature. « On a beau lui montrer le document sur lequel figure sa propre griffe, Pierre Mabiala le balaie d’un revers de la main  » s’étonnent les syndicalistes.

Pierre qui roule n’amasse pas mousse

Mais Pierre Mabiala n’est pas fou. On ne le voit pas marcher sur les pieds du Président Sassou s’il était persuadé de mettre sa vie en péril. Alors que se passe-t-il ? S’agit-il d’un jeu de rôle ? Mabiala serait-il le Ntoumi du foncier ?

Habitué de jouer le pompier/pyromane (Congo-Liberty.com) , il se pourrait que le Président Sassou-Nguesso envoie P. Mabiala en « service commandé  » dans les dossiers fonciers pour « chercher l’incident, susciter la colère du peuple ». A qui pourrait profiter le crime (si jamais ça explose à l’Asecna) si ce n’est à Sassou qui a toujours affirmé que « plus il y a le désordre, plus (il a) envie de diriger. »

Après tout, que serait la dictature au Congo sans des démonstrations de force comme dans les opérations « Déguerpissements  » et « Mbata ya bakolo » ? La terreur a toujours été la modalité capitale de la dictature.

Ntoumi, Ndenguet Pierre Mabiala : même combat ? On est tenté de le croire.

Changement constitutionnel

Un incendie social la veille de 2016 serait une aubaine pour le Président Sassou qui veut, coûte que coûte, se succéder à lui-même en 2016, afin de régner sur le Congo jusqu’à la fin du monde. Vu qu’il se présente comme l’homme sans lequel le Congo serait « à feu et à sang », l’hypothèse est que : dans l’esprit de ceux qui sont au pouvoir au Congo, l’intérêt que ça chauffe à l’orée de 2016 est supérieur à l’intérêt que ça ne chauffe pas.

Symbolique des couleurs

Souvent vêtu d’une redingote de couleur orange dans ses expéditions destructives, le « casseur » Pierre Mabiala (c’est lui-même qui se définit ainsi), sans le savoir, se drape déjà dans la camisole de l’incarcération identique à celle des prisonniers de droit commun en Amérique. Point n’est besoin d’être oiseau de mauvais augure pour prévoir que Pierre Mabiala fera partie des futurs sassouistes que le peuple embastillera.

A cause de ce zélé serviteur de Sassou, le lotissement de l’Asecna reste à ce jour cité fantôme. Or d’ici à 2016 beaucoup d’eau va couler sous les ponts. Rien ne dit que Pierre Mabiala et ses camarades survivront à la tempête constitutionnelle qui s’annonce. Dans ce cas le projet de la cité de l’Asecna ira rejoindre la longue liste des réalisations imaginaires de l’infatigable bâtisseur. N’eut été la démonstration de force du ministre, ils auraient au moins légué un patrimoine immobilier à une entreprise mixte ; ce qui aurait constitué une circonstance atténuante dans leur terrible bilan. Mais le ministre Mabiala manque de philosophie.

Paraphrasons Christ : Pierre, sur cette pierre le peuple construira le tombeau du Chemin d’avenir.

Simon Mavoula

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