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Arène politique

Le statut politique du général Mokoko discuté au cours d’un atelier organisé à Paris par l’association ACB-J3M-France (suivi d’un communiqué de presse )

L’ACB-J3M-France (Association Actions pour le Congo-Brazzaville avec Jean-Marie Michel Mokoko-France) a organisé un atelier samedi 2 mars 2019, salle Maurice Ravel, porte de Vincennes à Paris.

L’évènement s’est logiquement inscrit dans la lignée de la réunion du 29 avril 2018, rue de Dunkerque, où furent discutées les conditions d’incarcération du général Mokoko après les élections ô combien manipulées de 2016. Bien entendu, depuis Dunkerque, beaucoup d’eau a coulé sous le viaduc : le FMI a mis son étau sur Sassou, la RDC a réalisé une transition pacifique, le Gabon est en crise politique, la RCA est sous la coupe de la Russie.

Trois orateurs ont pris la parole Porte de Vincennes. Isidore Aya Tonga, Jean-Didier Ekori, et le président del’ACB-J3M-France, le Dr Ifoundza Paul-Thierry. Modérateur : Bedel Baouna.

Le sujet : réfléchir à la convention internationale des partisans de Jean-Marie Michel Mokoko. Deux thèmes ont été discutés : la condamnation arbitraire de de Jean-Marie Michel Mokoko. Ce thème a donné lieu, selon le mot du modérateur, à une « question existentielle », en l’occurrence, quel avenir politique pour Jean-Marie Michel Mokoko.
Deuxième thème : quelles institutions républicaines pour une concorde nationale au Congo-Brazzaville ?

Rejet

Hasard du calendrier ou non, l’atelier de Maurice Ravel, samedi 2 mars 2019, a coïncidé avec le dénis de justice à travers lequel vient de s’illustrer le système judiciaire made in Sassou en rejetant le pourvoi en cassation fait par les avocats de Mokoko. La décision de rejet a été qualifiée d’unique par les partisans de Jean-Marie Michel Mokoko.

Les avocats du général Jean-Marie Michel Mokoko avaient en effet fait appel de la décision de garder leur client en prison pour vingt ans. Mais la justice du Congo (entendez Sassou) a simplement rejeté le pourvoi. Or il y a urgence et péril en la demeure.
« Le général vit dans des conditions carcérales pénibles. Point de visites familiales, médicales. Une injustice unique en son genre » a rappelé le Dr Thierry Ifoundza dans son exposé.

Une fois les travaux ouverts par le Dr Paul Thierry Ifoundza, le modérateur Bedel Baouna s’est, d’entrée, engouffré dans la brèche sémantique induite par le rejet. « En quoi cette décision était-elle unique ? » s’est-il interrogé, estimant sans doute que dans le cas du Congo où le régime a sonné le glas de la justice, il n’y avait rien d’étonnant à cela.

Inique

A bien regarder, la qualification d’unique n’est pas loin de celle d’ « inique ». Elle fait penser au Juge des Ecritures dont la cruauté a inspiré une parabole à Jésus. La Bible dit cependant que même inique, le juge exauça la requête de la femme venue solliciter sa clémence. Que ceux qui ont des oreilles entendent. Mais Sassou entend-il les choses de cette oreille ? Permettez qu’on en doute.

La décision est en effet Unique. Voici pourquoi. La «  seule volonté d’un homme », Denis Sassou-Nguesso, a plongé le Congo dans la misère économique et politique. Jean-Marie Michel Mokoko a en commun avec le général de Gaulle la particularité de revendiquer la légitimité. Mokoko envers le Peuple, De Gaulle envers le gouvernement de Vichy.
A la question des chances de ce pourvoi de tout de même aboutir, le Dr. Thierry Paul Ifoundza, a indiqué que les organisations internationales (ONU, UA) étaient saisies de la démarche juridique et que, par ailleurs des personnes, en coulisse, jouaient des pieds et des mains pour que le sort du général Mokoko ait une issue favorable. Donc, pour des raisons d’efficacité il n’était pas nécessaire de dévoiler ici dans cet atelier les stratégies de ces hommes de l’ombre.

« Après sa condamnation, les avocats se sont pourvus en cassation. Il y a des anomalies dans le dossier, il faut les réparer. Ne parlons pas du mutisme du gouvernement congolais ; sans compter les violations des lois et des chartes signés par le Congo. Des juges seront désignés pour trancher sur ce problème pour lequel des plaintes ont été déposées auprès des organisations internationales, les nations Unies, l’Union africaine. Ces plaintes sont en voie d’être examinées. » a dit le médecin Lillois.

Poursuivant son exposé, le Dr Ifoundza a lié les solutions aux problèmes moraux traversés par le Congo à des personnes intègres, ayant su garder leur morale intacte, en l’occurrence le général Mokoko.

Cela suppose qu’il faut « espoir garder ». Mais alors, « quel avenir pour 3JM ?  »

Peut-on postuler que le général Jean-Marie Michel Mokoko représente « l’alternative  » ? « Oui bien sûr !  » selon le Dr Thierry Paul Ifoundza. D’autant plus que le général est incontestablement arrivé premier aux élections présidentielles de 2016. Mokoko le de Gaulle congolais ? Mieux : il incarne « les valeurs républicaines ». Il est irréprochable sur le chapitre du crime politique et du crime économique. Si Sassou a une dent contre lui, c’est parce que J3M a osé le défier sur le plan politique.

Donc le crime atteinte à la sûreté de l’état pour lequel aujourd’hui Jean-Marie Michel Mokoko, Okombi Salissa, hier Paulin Makaya, Anatole Limbongo Ngoka ont fait l’objet d’arrestation serait, en fait, un crime de lèse-majesté. Quand on voit la fameuse pièce à conviction (les cassettes du coup d’état), comment ne pas pouffer de rire si seulement la vie d’un homme n’était pas en jeu.

Malade en prison, privé de la lumière du jour, privé de la visite de ses médecins et de celle de sa famille, qui plus est, à un moment où Sassou ne veut pas entendre parler de pourvoi en cassation, on ne vendrait pas cher la peau du général. Si les chances de sa survie physique vont diminuant, ce ne serait pas faire preuve de pessimisme de dire que politiquement Jean-Marie Michel Mokoko est déjà un homme mort.

Anatole Limbongo-Ngoka

En tout cas, il semble évident, que dans l’inconscient de l’un de ses fidèles lieutenants, Anatole Libongo-Ngoka, le général Mokoko est une page qu’il faut tourner. Ce compagnon de route, ancien prisonnier de Sassou, libéré dans des conditions ambiguës, battant actuellement campagne dans les régions du Congo grâce à des frais dont l’origine suscite des interrogations, ce compagnon a lâché une petite phrase qui invite quasiment les militants de faire le deuil du Moïse congolais (entendez J3M)

« Anatole Limbongo Ngoka, parle de reprendre le Congo dans Les Dépêches de Brazzaville. Que signifie ce projet ? » a rappelé Bedel Baouna.
De quoi parle-t-on sinon de reprendre le flambeau des mains de Mokoko.

Evidemment le lapsus (le non-dit) de Libongo n’a pas échappé au commun des mortels. Le modérateur ne s’est pas empêché alors de conforter la thèse de la fin politique de Mokoko après analyse linguistique de la pensée de Ngoka Limbongo, ancien soutien de Jean-Marie Mokoko. En raison de ce parricide politique, à ce jour, la cote de sympathie de Anatole Limbongo Ngoka a vertigineusement dégringolé dans l’opinion des militants de Mokoko.

Noms d’oiseaux

Il a fallu le recadrage de l’orateur Jean-Didier Ekori, pour que certains propos au sujet d’Anatole Limbongo Ngoka n’intègrent pas des noms d’oiseaux dans leur contenu. Son épouse Emilie Limbongo Ngoka, née Macosso, magistrate, vice-présidente de l’association ACB, n’a pas eu de mots assez durs pour qualifier l’attitude de son époux. Elle a littéralement fait un réquisitoire anti-conjugal qui en dit long sur l’éthique de l’ancien prisonnier de Sassou.

« Les propos tenus ici par les orateurs n’engagent pas l’association » a tenu à signaler le secrétaire général de ACB-J3M-France frappé par les charges anti-Ngoka Limbongo.

Tribalisme

Isidore Aya Tonga a exposé son modèle politique sur le Congo. En compagnie de Miayoukou, Aya Tonga travaille actuellement sur un projet fédéraliste qui mettrait hors d’état de nuire l’ethnocentrisme, le mal du Congo. « La Suisse en est arrivé à faire fonctionner ce système bien qu’elle ait une faible démographie » a balayé d’un revers de main l’argument de la petite taille du Congo avancé par Jean-Raphaël Oyabi. La petite structure de ce modèle fédéraliste serait la « localité », par exemple La Bouenza, circonscription électorale d’où sortirait un représentant. Celui-ci siègerait alors au sein d’une assemblée régionale. « Le fédéralisme est une parade efficace au tribalisme » a martelé Isidore Aya Tonga qui n’a jamais fait mystère de ses origines ethniques et connu pour ses vidéos anti-Sassou.

Jean-Didier Ekori a donné sa vision de l’évolution des institutions politiques du Congo. L’orateur s’est aligné sur les travaux en commission du colloque de Nice organisé en 2018 par l’Acodesa de Jean-Luc Malékat. Dans sa commission niçoise on comptait des juristes dont Me Amedé Nganga. L’enjeu est toujours de combattre cette maladie infantile du Congo : la discrimination ethnique. Comment ? En faisant évoluer les institutions politiques du Congo. La réforme constitutionnelle réalisée par la seule volonté de Sassou est une caricature effroyable aux antipodes de la civilisation démocratique. Psychosociologue, Jean-Didier Ekori observe les dynamiques de groupe. Originaire de la Cuvette Ouest, il se sent ponténégrin, ville où il a grandi. Ayant passé à peine six ans à Brazzaville, cette ville n’a eu aucun impact sur la psychologie de groupe. En somme, comme disent les Latins, « là où tu es né, là est ta patrie. »

Dans leurs profondeurs, les Congolais ne sont pas ethnocentristes. Pour preuve, Jean-Marie Michel Mokoko, Makoua né à Mossaka, donc du Nord, a été voté aussi bien par les nordistes que par les sudistes. Le péché tribal vient des hommes politiques qui instrumentalisent les individus. Sassou, cela va sans dire, est un spécialiste en la matière.
Pour Jean-Raphael Oyabi, porte-parole de l’ACB-J3M-France, seule l’école peut guérir la société congolaise du mal tribal qui la mine. Un peuple qui n’est pas instruit est corvéable à souhait. Sassou le sait, lui qui a tué l’école au profit de l’armée.
Débats

Dans la salle, les questions ont fusé, les points de vue aussi. Jean-Marie Michel Mokoko, à en croire certains, s’est mal défendu à son procès, en tout cas moins bien que André Okombi Salissa. Si jamais il repasse à la barre, changera-t-il de tactique ? De toute façon, dans une cour de cassation, le débat est théorique. On discute de la doctrine. Les juges se passent de l’accusé. Est-ce le cas au Congo de Sassou où le Tribunal est à la fois juge et partie ? Ne nous faisons pas d’illusions. Le sort du général Mokoko est à jamais scellé. Sauf si changement politique au Congo.

Comment obtenir le départ de Sassou ? Par voie électorale en 2021 ? Le cas de figure de 2016 n’a laissé aux démocrates que leurs yeux pour pleurer. Mais alors, faut-il avoir recours à la méthode forte ?

La synthèse de l’atelier faite par le Dr Ifoundza sur fond de larmes de compassion pour le général Mokoko en disait long sur la complexité du combat.

On a noté dans la salle la présence de Me Eric Pantou, Itoua Okongo Jérôme, Ouabari Marriotti, Anicet Mapa, Loubelo...
Jérôme Itoua Okongo est à la tête de L’Association Traditions Solidaires. L’ambassadeur Rodolphe Adada a reçu un courrier de Traditions Solidaires dans lequel la politique de son employeur Sassou est fustigée.

Un pot a été offert au cours duquel les échanges ont continué dans une franche convivialité.

Thierry Oko

Contacts : ACB-J3M-France (Association Actions pour le Congo-Brazzaville avec Jean-Marie Michel Mokoko-France) [email protected]

Appendice

Au moment où nous rédigions notre article, une rumeur a circulé au Congo donnant le général Jean-Marie Michel Mokoko pour mort. L’ACB a démenti.

Communiqué de presse

L’association Actions pour le Congo-Brazzaville avec Jean Marie Michel MOKOKO-France (ACB-J3M) dément formellement les rumeurs selon lesquelles le Général JMM MOKOKO serait décédé.
Le Général MOKOKO est bien vivant en dépit des conditions d’incarcération difficiles (enfermement 24h/24, privé de lumière de soleil, sa cellule n’est ouverte que 15 minutes par jour 5 jours sur7, interdiction des droits de visites des organismes internationaux et ONG, visites médicales nécessitant 2 à 3 mois de tractation avec l’administration pénitentiaire ).
Par ailleurs, L’ACB-J3M exprime sa vive préoccupation face à de telles rumeurs qui sont de nature à perturber l‘ordre public et la paix dans le pays.
L’ACB-J3M constate qu’à chaque fois que le pouvoir tyrannique de Brazzaville se trouve en difficulté, les rumeurs de mauvais goût sont diffusées sur les réseaux sociaux. L’ACB-J3M demande donc à l’opinion nationale et internationale, de redoubler de vigilance autour du Général MOKOKO.

Fait à Paris, le 5 Mars 2019
Pour le Bureau exécutif de L’ACB-J3M
Président
Docteur Thierry-Paul IFOUNDZA

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