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Les Indignés du 242 étaient à Nice : méthode de travail

Comme les justiciers juifs traquant les criminels nazis auteurs de l’holocauste, les Indignés 242 du Congo-Brazzaville pistent les criminels économiques de leur pays ayant camouflé des biens mal acquis dans les capitales occidentales.

Vendredi 20 septembre 2018, ces compatriotes ont jeté leur grapin sur un monumental bien immobilier appartenant à Denis Sassou-Nguesso, gros cannibale financier auquel les Congolais doivent tous leurs malheurs économiques. Ce bien mal acquis, un parmi tans d’autres, est sis à Nice, au 50, Bd du Mont-Boron. En réalité cette barraque n’est pas un scoop. Déjà, en 2007, une petite visite fut rendue à cette adresse par notre rédaction.

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Pour la petite histoire, ce capital immobilier est une dot de feu Bernard Albert Bongo à feue Edith Lucie Bongo née Sassou-Nguesso. A la mort de la première dame du Gabon, son père (Président autoproclamé du Congo) a naturellement hérité de la colossale propriété.

Le Bd du Mont-Boron est une artère qui relie les basse et moyenne corniches qui mènent à Monaco. Le Mont-Boron est, en soi, une colline sur laquelle s’enchevêtrent des villas bourgeoises. La montagne est surmontée d’une grande forêt elle-même dominée par les ruines d’un fort militaire (le fort Alban), lieu, soit dit en passant, de rendez-vous nocturne d’une faune humaine interlope qui y vient assouvir des fantasmes sexuels.

Après l’Espagne, le Mont-Boron est le plus haut lieu de prostitution politique du clan. Cet espace de débauche économique concentre la plus forte densité de biens mal acquis aussi bien par les Nguesso que par les Bokassa, en tout cas par nombre de dictateurs africains ayant ruiné leurs peuples. Ce Week-end du 20 septembre 2018 les Indignés ont concentré leur dévolu sur le réseau niçois d’immeubles et meubles volés à la sueur de la malversation économique.

A un jet de pierre du 50 Bd du Mont-Boron, au 10 rue Henri Chrétien, les kleptomanes insatiables de L’Alima détiennent un autre bien immeuble, jolie villa blanche, au nom de Claudia Sassou-Nguesso, sœur cadette d’Edith Lucie Bongo. « Il ne s’agit pas seulement du 50, même le numéro 51 appartient au clan Nguesso » a soufflé un informateur aux Indignés qui n’ont pas été biens renseignés sur la géographie des habitations azuréennes des anciens pêcheurs d’Oyo, au bord de l’Alima.

Les Indignés ont une méthode bien rodée quand ils préparent un raid. Nos héros ont débarqué sur l’aéroport de Nice Côte d’Azur vendredi 20 septembre 2018, au matin, encadrés par l’avocat Me Philippe Youlou du Barreau de Nice qui leur sert également de conseil.

Ce matin-là, avant midi, leur première visite fut réservée à la célèbre rue Joseph Cadéi, L’hôtel des Impôts de Nice, précisément au bureau des hypothèques où est consigné tout le cadastre de la ville.

Aux hypothèques, nos amis tombent sur un écueil : l’anonymat des biens. Echaudés par les procès de la famille Obieng Nguéma de la Guinée Equatoriale, les voyous de la République du Congo ont tous désormais des prête-noms. Sous couvert de SCI (société civile immobilière) nos « camarades membres » ont mis les membres du clan à l’abri des regards indiscrets. Reste que la SCI qui gère la villa Belle Epoque de Mont-Boron est la même qui gère la bâtisse de l’Avenue Rapp à Paris, propriété du boulimique Sassou.

Autre écueil : les Hypothèques ne donnent pas la valeur vénale des immeubles. Il faut se donner un mal fou pour savoir à combien ont été acquis ces biens mal acquis. Ceux qui veulent savoir sont obligés de faire des estimations, des simulations algébriques pour se faire une idée du prix de revient de ces bâtisses d’enfer. Pas facile de trouver le juste prix..

« C’est un gros morceau » lâcha ex abrupto un spécialiste des transactions immobilières à qui l’on montra la photo. 15 millions d’euros ou le double ? En tout cas revendu après être saisi, le produit de sa vente ferait le bonheur du CHU de Brazzaville actuellement en très piteux état.

Après le bureau des hypothèques les limiers du 242, prirent la direction d’un cyber-café le lendemain après avoir fait le point, la veille (avec l’équipe niçoise), au bar Le Zanzibar, à côté de la gare de Nice. Au cyber-café, les investigateurs du 242 impriment à partir de Earl google une vue panoramique du château et une effigie du tyran congolais assortie d’une légende peu flatteuse. La vue aérienne dévoile apartés, piscine, et jardin du « morceau » de Mont-Boron. La photo d’ensemble montre deux parcelles jumelées dont l’une est une nue. La photo panoramique lève le voile sur l’ampleur du crime. Il s’agit d’un domaine. On tombe des nues devant la nue propriété.

Les Indignés fonctionnent comme des réalisateurs de cinéma. La veille de la descente sur le terrain, nos traqueurs et leurs amis niçois font d’abord un repérage nocturne de l’immense demeure. Autour de minuit de la nuit de vendredi à samedi, le groupuscule arrive sur les hauteurs du Mont-Boron, lieu dont certains Congolais de Nice ne soupçonnent même pas l’existence tant la zone est périphérique à leurs us et coutumes d’immigrés. Un silence de monastère règne sur les lieux. Personne ne descend des voitures pour ne pas attirer l’attention des voisins.
La délégation bifurque sur la petite voie privée qui longe le lotissement quand soudain : « Vous cherchez quoi ? » hurle une voix dans l’épaisseur de la nuit. La voix d’outre-tombe sort de chez le voisin d’en face tandis que la propriété des Sassou donne l’impression d’être inhabitée. « C’est vous qu’on cherche » répond de but en blanc un Indigné, ce qui agace ses camarades. A juste titre. Dans ces quartiers riches, parfois les gardiens, à la gâchette facile, ne répondent de rien quand ils ont affaire à des présences intrues. Une bavure est vite arrivée.

Le cortège nocturne est tombé dans un cul de sac. Il fait marche-arrière lorsque les passagers se rendent compte que le chemin montant finit en queue de poisson devant une grille métallique verte.

En tout cas, la première partie est gagnée. La prospection a donné une idée du modus operandi du lendemain.

Autre lieu repéré : le palace Negresco sur la Promenade des Anglais. Sassou prit une suite, jadis, dans cet hôtel de luxe classé monument historique. Le prix des chambres, vous vous en doutez, ne sont pas donnés. Le tyran d’Oyo profite généralement de cet hôtel royal à l’occasion de ses nombreux passages sur la Côte soit pour un évènement maçonnique soir pour un sommet françafricain, soit pour une bamboula privée. « Nous ferons une vidéo de ce luxueux hôtel » promet Roland Lévy Nitou qui songe également au monumental Palais de la Méditerranée située sur la même célèbre artère.

La visite

Le lendemain, avant que le soleil ne se couche sur la Baie des Anges, les traqueurs du 242 remontent au Mont-Boron pour le tournage direct proprement dit. Il est 16 heures, vendredi 20 septembre. La « scène du crime financier  » (dixit un internaute) est impressionnante de jour.

En guise d’équipement technique, le groupe est armé d’un simple téléphone portable muni d’une application qui pilote le direct. De petits moyens, de grands effets.

D’entrée de jeu, José Gabriel Andzion, le cameraman du groupe mitraille l’immeuble avec son téléphone, histoire de planter le décor. Roland Nitou Lévy, en metteur en scène chevronné, distribue les rôles. Judicaël Bikouta (celui qui répondit de but en blanc au vigile) , Alain Kimpo, Elie Moussompa et la militante Geyrlain Moudilou Loumpangou s’échauffent quand d’autres, à leur place, auraient eu des sueurs froides. La démarche des Indignés relève d’un combat de titan sur fond de transe mystique. Nombre de compatriotes ne sont pas prêts de relever le défi ainsi que l’ont montré leurs réactions franchement hostiles à l’arrivée des Indignés sur la Côte. On a entendu dire : « Que gagnez-vous en montrant les biens de Sassou. Allez-vous battre sur place au Congo, pas en France ! »

On est samedi, l’audience est grande sur les réseaux sociaux. « Peuple congolais connectez-vous ! » C’est le jingle que lance le leader Nitou avant de se lancer dans la bataille. Roland Lévy Nitou est un robuste athlète du combat politique, rompu à la communication.

De Gaulle utilisait le même générique à Radio-Londres quand il lançait ses appels à l’insurrection pendant l’occupation allemande de la France.

« Action ! » aurait dit Fellini. Le direct peut commencer.

Transe collective

Il se passe une magie religieuse quand le clap résonne.

« Lorsque mon tour de parole arrive, je suis comme canalisé par un fluide mystique » confesse Alain Kimpo. St-Paul dans La Bible dit qu’à ce moment-là c’est le St-Esprit qui parle en vous. La colonne de feu vous brûle. Les époux Klarsfeld devraient ressentir les mêmes vibrations spirituelles lorsque les nazis traqués se sentaient démasqués.

L’esprit saint semble habiter Alain Kimpo qui ressemble à l’apôtre Paul dénonçant les impies. Fixant la caméra, le jeu des Indignés est un tour de force vocal quand la parole circule de l’un à l’autre. Le paisible quartier bourgeois est troublé par les voix de stentor des Indignés, eux-mêmes troublés par la richesse immobilière qui s’étale sous leurs yeux.

Les Indignés sont à peine dans le feu de la dénonciation lorsqu’un homme de type indien avec queue de cheval sort du 52. Sourire en coin, le Colombien salue le groupe de Congolais sans peut-être se rendre compte des enjeux. Ces gens qui crient dans la rue estiment que le salut du Congo viendra de la saisie par la justice du bien immobilier dont lui, le Colombien, est le gardien.

La scène qui se déroule sur la voie publique pourrait dérouler le tapis aux critiques des riverains. Paradoxalement un silence de cathédrale accueille les cris d’indignation. Même si on le voit pas, il y a fort à parier que les voisins écoutent le discours qui se développent sous leurs fenêtres. Les habitants du quartier comprennent qu’il s’agit d’une petite manif mais ne comprennent pas que la chose se passe dans leur paisible quartier. D’ordinaire c’est sur la Place (Masséna) que les mouvements sociaux se déroulent et s’expriment. Et dans le contexte niçois, c’est rarement des militants Noirs qui sont vus sur l’esplanade Masséna. Le discours développé ici, on ne peut rien cacher aux bourgeois du coin, est formulé par des militants de pays sous développés d’Afrique. Ces gens qui parlent fort sont peut-être aussi l’échos de tous ces émigrés en zodiac dont la Méditerranée proche est la tombe. « Oceano Nox » aurait dit Victor Hugo (Nuit dans l’océan). Sur le Bd du Mont-Boron, les Indignés parlent de FMI, de Banque Mondiale, de Banques Centrales, de Total autant de mastodontes qui déclenchent des naufrages économiques des pays d’Afrique. Toute la presse en parle. Ca fait la Une des journaux. On parle de dictature, d’élections truquées, de détournements de fonds, d’hôpitaux qui manquent, de pannes prolongées d’électricité...
Les Indignés dénoncent ces frasques durant une bonne heure. Il faut que les aristos du coin soient bornés pour ne pas saisir le motif pour lequel une dizaine d’Africains crient sur la voie publique.

Le soleil commence à décliner pendant qu’augmente la virulence des indignations. l Désormais on évoque les poursuites en justice, les dépôts de plainte.

On a finit avec le gros plan de la villa jaune. On finit par emprunter la voie montante qui conduit vers le portail vert et qu’empruntent les membres du clan quand ils viennent festoyer sur la Côte. Lorsqu’on arrive à la grille, on n’arrive pas de filmer l’intérieur du domaine à cause de la palissade taillée avec des roseaux. Les bourgeois n’aiment pas que ceux qui ne les aiment pas les voient.

Le Negresco, palace niçois

Il est 19 h lorsque le groupe fait un deuxième direct en face du Negresco, sublime hôtel où descendit Michael Jackson.
Le lendemain, dimanche 22 septembre, direction Monaco. Nos justiciers font un direct devant le palais princier sous le regard encourageant des policiers monégasques. Tout à coup on voit passer le Prince Albert, sans escorte. Suivez notre regard. Pas d’engins blindés, pas d’hélicos survolant la Principauté. Cependant, Monaco est un paradis fiscal affectionné par les monarques noirs. Faute de temps, les Indignés ne filment aucun immeuble litigieux. Ce n’est que partie remise.

Dans la soirée, nos amis sont reçus par un notable congolais résidant à Nice. Le lendemain, dimanche 23, le TGV de 13 h ramène les militants du 242 à Paris, où les attendent d’autres actions, parmi lesquelles les dépôts de plainte. « Il faut passer la vitesse supérieure » estime Me Philippe Youlou. C’est également l’avis de Me William Bourdon, redoutable avocat de Survie et Sherpa, et de Daniel Lebègue de Tansparency International France.

Une conférence de presse est prévue le 19 octobre 2018 à Paris. Thème de la rencontre : discussion sur les suites judicaires des Biens mal acquis. Les Disparus du Beach aussi seront évoqués.

Thierry Oko

Les Indignés devant la maison de Sassou à Nice

Piquet de dénonciation

Le Indignés au bar Le Zanzibar à côté de la gare de Nice

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