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Crise au sein de l’OCDH

Lettre de Christian Mounzéo aux partenaires de l’OCDH

Issu de l’Observateur N°240 du 29 janvier 2004, voici ci-dessous les explications données aux partenaires de l’OCDH par Christian Mounzéo à propos de sa démission.

L’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH), principale organisation non gouvernementale de Défense et de promotion des droits de l’Homme au Congo traverse une grave crise depuis quatre mois. Celle-ci a culminé avec la démission de Christian Mounzéo de son poste de Secrétaire général de l’organisation.

Dans une lettre adressée aux différents partenaires de l’OCDH, et dans un communiqué de presse publié le 23 janvier 2004 à Brazzaville, en effet, Christian Mounzéo s’explique sur la crise que traverse l’OCDH. Ce en réponse à une lettre au partenaire, dit-il, adressée aux mêmes partenaires par lés autres membres du bureau exécutif qui le présument coupable de malversation et détournement de fonds, concentrations de fonction et de personnalisation de la gestion financière de l’organisation :

"La situation de crise qui prévaut actuellement au sein de l’OCDH, qui dure depuis trois ans et qui a suscite l’adresse aux partenaires d’un avis relatif aux décisions de la réunion du 4/10/03 m’a amené à faire les observations qui suivent, en rapport avec cette réunion et au fonctionnement actuel de l’organisation."Dit-il aux partenaires de l’OCDH.

"Le compte rendu présenté aux partenaires, faut-il le souligne, me visait particulièrement et personnellement au point de faire penser à un complot. Par souci de préserver les acquis et de prendre le temps de discuter avec mes amis, je me trouvais alors en dehors du Congo lorsque les partenaires ont été saisis, et dans la perspective de la tenue annoncée de notre assemblée générale, cadre propice pour résoudre ce type de conflits, je m’étais réservé de réagir. », Poursuit-il.

"Depuis ces trois derniers mois, la crise a pris des proportions tellement importantes ; et tous les canaux du dialogue qui auraient permis d’évacuer le contentieux étant totalement bloqués, ce contexte m’oblige à m’adresser à vous pour vous signifier mon Indignation face à cette situation qui dessert la cause des droits de l’homme et vous informer des décisions que je viens de prendre, qui j’espère aideront l’organisation à avancer. »

Christian Mounzéo fait ensuite état,dans sa lettre, de la réunion du 4/10/2003 par laquelle le scandale allait arriver : "Le compte rendu de la réunion évoquée ici, signé par le responsable de la communication ,avait été fait, en réalité par un autre secrétaire de séance. Selon lui, Il a été partial, et partiel, ne reflétant pas, exactement les points de vue soutenus, les résolutions prises et le consensus qui aurait dû être trouvé. « Ce compte rendu n’a pas reflété l’esprit et le sens des débats. », conclu-il.

II existe pour cette même réunion du 04/10/03 deux comptes rendus qui ont été conçus, rédigés et rendus publics ; le second ayant été modifié pouf justifier la pseudo cohérence, pourtant peu évidente, du maintien de M. Moukoko Parfait au poste dè président de l’OCDH, en dépit de son indisponibilité relative à ses charges au niveau du National Democratic Institute (NDI)

Par conséquent, ce compte rendu n’a pas reçu l’accord du Secrétaire Général qui l’a découvèrt en même temps que les partenaires par e. mail.
- Dans la pratique, depuis toujours. nous n’avons jamais tenu à Informer nos partenaires des comptes rendus des réunions du Bureau Exécutif National. Pourtant, ces partenaires n’ont pas été informés trois ans durant des différentes décisions prises par nous en interne, en violation de nos statuts, s’agissant justement du fonctionnement de l’organisation et de l’indisponibilité de certains membres. Jusqu’à ce jour ; trois mois après cette décision de saisine des partenaires, je n’ai pas reçu des explications sur le sens de cette démarche, son opportunité, son objectif. Pourquoi alors cette fuite en avant, qui confirme en fait le complot, ourdi contre un individu ?
- Le débat aurait dû être épuisé au plan interne. Je crois savoir que les grandes décisions structurelles et organisationnelles sont prises en assemblée générale. Puisque l’organisation d’une assemblée générale était une perspective envisagée, on aurait bien pu épargner nos partenaires, par respect pour eux, de ces querelles byzantines et attendre les décisions que l’Assemblée Générale serait amenée à prendre.
- Consciemment et/ou inconsciemment, en écrivant ces lettres, l’on croyait faire du tort à quelqu’un, (à l’instigation de qui ou de quoi ?) or c’était feindre d’oublier que l’on était entrain de faire le jeu du pouvoir qui n’a d’autre ambition que de voir l’organisation se saborder de l’intérieur.
- II ne servait à rien de jouer au pyromane. L’OCDH, .il faut l’admettre désormais, a aujourd’hui des déficits en personnel et surtout des problèmes structurels, fondamentalement lies à l’ambiguïté des responsabilités de certains membres en même temps dans la structure et ailleurs et aussi à leur indisponibilité,
- Le dit compte rendu a été présenté aux partenaires alors que le Secrétaire Général se trouvait en mission en France et en Grande Bretagne
- Conformément aux dispositions de l’article 13 de notre Règlement Intérieur ; il est prévu qu’en l’absence du président, le Secrétaire Général assure la présidence par intérim de l’organisation. Or cet intérim a duré trois ans depuis que P. Moukoko est Directeur résident du N.D.I en République Démocratique du Congo (RDC). Aucune restructuration du bureau n’a été envisagée pour rendre l’organisation davantage efficace ; et l’OCDH a travaillé dans ces conditions avec un bureau totalement démembré : Le Président en République Démocratique du Congo, le Responsable du Département Juridique en France pour raison de maladie, obligeant par exemple Secrétaire Général â assumer de façon connexe les fonctions du Secrétaire Général et du président.
- Le Secrétaire Généra1 dans ses fonctions, telles qu’elles sont définies dans le Règlement Intérieur, est aussi le trésorier de l’organisation, et à ce titre, cosignataire des chèques. Assumant cumulativement les fonctions du président par intérim et du Secrétaire Général, il est apparu une impression de centralisation des finances par ce dernier, quoique cela fut soutenu par les statuts et le Règlement Intérieur.
- Par souci de transparence dans la gestion des fonds, le Secrétaire Général a été amené (disposition non statutaire) à déléguer au responsable de la communication, certaines charges en l’établissant par exemple, cosignataire des chèques et de bien d’autres documents financiers, Le Secrétaire Général, jouant en dernier ressort le rôle de facilitateur dans le but de maintenir une bonne cohésion des programmes et des rapports avec les partenaires,
- Le fait que M. Moukoko ait signé un contrat de cinq ans avec le NDI à partir de janvier 2003, rendait encore plus nécessaire la restructuration du bureau, au regard de l’indisponibilité matérielle dûment constatée de ce dernier et de Mlle Assitou ; mais cela n’a fait l’objet d’aucune inquiétude chacun se satisfaisant de cette situation, pendant que le travail asphyxiait d’autres.
- Le réel problème qui s’est posé lors de la réunion du 4 octobre 2003, était celui du cumul des fonctions du Secrétaire Général et de Président par intérim et conséquemment de la situation de Monsieur Moukoko qui ne pouvait pratiquement être en RDC en tant que Directeur Résident, et continuer à assumer efficacement les fonctions de Président de l’OCDH qui demandait un engagement et une présence sans faille au regard de l’importance des missions pour remédier temporairement à ce déficit au plan du personnel, le Bureau Exécutif National a eu à prendre plusieurs décisions extrastatutaires en décidant par exemple de responsabiliser respectivement le président par intérim et le responsable de la communication, dans la gestion des programmes tel que celui du NED ou de l’US Embassy ; ce qui malheureusement a été présenté comme étant des dysfonctionnements. Cependant, l’on a feint d’ignorer que toute régularisation dans le fonctionnement de l’organisation devrait nécessairement passer par une restructuration. » Au terme de cette réunion, M. Moukoko avait rassuré le Bureau exécutif qu’il pouvait pratiquement faire son travail de Président de l’OCDH sans faille, en attendant la tenue de l’assemblée générale qui devrait décider de la suite à donner à tous les problèmes d’ordre structurel et fonctionnel que connaissait l’OCDH ; ce qui logiquement était invraisemblable, au regard de ses engagements vis- à-vis du NO1.
Fort curieusement, dans la lettre adressée aux partenaires en octobre 2003, il a été fait mention des décisions qu’aurait pris le Bureau exécutif pour remédier à la crise actuelle.

Concernant les décision de la réunion du 4/10/03

- La suspension de la présidence par intérim assurée par le SG :
Cette décision est en réalité des plus absurdes. Le Secrétaire Général est devenu président par intérim à cause de l’absence du président titulaire. Etant donné que cette absence demeure, il est difficile de justifier une telle décision. Aussi faut-il préciser que l’intérim du Secrétaire Général en tant que président n’a pas été le résultat des délibérations d’une quelconque assemblée générale, mais plutôt de la mise en application des dispositions statutaires.
Faute d’avoir organisé des élections, l’intérim ne pouvait être mis fin qu’avec le retour effectif au sein de l’organisation de Monsieur Moukoko au poste de président ; ce qui n’a pas été le cas.

Création d’un commissariat aux comptes ad hoc

Quoique n’ayant aucun rapport avec les points inscrits à l’ordre du jour de la réunion du 04/10/03, ce commissariat aux comptes n’a jamais vu le jour et n’a donc pas pu fonctionner.

La réalisation de l’audit des comptes

C’est â la suite d’une correspondance datée du 30 décembre 2003, émanant du cabinet TEKAS Inter que j’ai été de manière incidente et surprenante informé de la réalisation d’un audit des comptes et du patrimoine de l’OCDH.

Cet audit a commencé depuis le 09 décembre2003 sans que je ne sois tenu au courant, et sans un minimum d’accord et de concertation, j’allais dire, presque à mon insu.
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Aucune réunion du bureau n’a été convoquée pour traiter de la question, ne serait-ce que pour discuter des objectifs, buts et surtout de l’utilisation des résultats du dit audit.

L’opération commandée en réalité par M. Mokoko couvre la période de juillet 2000 à décembre 2003. C’est la première fois que I’QCDH réalise un audit de ses comptes. Dans ce sens, la période à auditer devrait être la plus large possible. Par exemple, une ambiguïté subsiste quant au patrimoine. Devant faire I’objet de l’audit : est-ce tout le patrimoine ou exclusivement celui acquis à partir de juillet 2000, période couverte par les travaux. De telles ambiguïtés auraient trouve des réponses dans le cadre d’une concertation préalable.

Le travail commandé par Monsieur Moukoko ne comporte aucun accord interne sur les termes de référence de cette opération, termes de référence qui auraient précisé les modalités de sa mise en oeuvre. Cet accord est indispensable pour éviter une navigation à vue. Par ailleurs, un audit ne peut être le résultat de la volonté d’une personne fusse-t-elle le Président de l’organisation. Il devrait requérir préalablement une réflexion et une concertation au niveau interne, notamment au niveau du bureau, ce qui n’a pas été le cas.

Les modalités de règlement de la facture relative à la réalisation de l’audit n’ont pas fait l’objet, de discussion pour déterminer les sources de financement de l’opération. L’OCDH ne générant pas de bénéfices et fonctionnant grâce aux financements des partenaires étrangers, l’organisation ne pouvait envisager de payer un auditeur faute d’avoir budgétisé cette dépense dans les programmes en cours. 0r le cabinet engagé par Monsieur Moukoko, qui n’a pas de siège ’identifié à Pointe-Noire, bien que assurant y être domicilié a déjà reçu 4 000 000 FCFA du 1 300 000 F CFA que devrait coûter sa facture. (?)

A aucun moment une discussion ou de quelconques échanges ont permis de s’accorder sur ,e choix du cabinet. Aucun appel d’offre n ’a été lancé pour le choix du dit cabinet.

Le critérium ayant conduit au choix de TEKAS Inter me parait arbitraire.
. Tenant compte de l’absence de tout consensus et concertation dans la convocation et la mise en œuvre de cet audit, il est absolument impossible que ses résultats ne soient pas orientés.
Au regard de ces préalables, nécessaires pour engager une action collective dont la crédibilité, l’objectivité et l’indépendance ne devraient pas souffrir de déficit, je n’ai pas apporté ma caution à une entreprise dont l’objectif inavoué se fonde sur des intentions de manipulation. Je demeure en revanche engagé dans un projet d’audit dont le financement viendrait non pas des poches d’un individu, mais résulterait d’un soutien de nos partenaires.
- L’ Assemblée générale Convoquée entre le 10 et le 20 Décembre 2003, toujours à mon insu, cette assemblée générale n’a pas été organisée à cette période. Aucune rencontre au sein de l’OCDH à ma connaissance, n’a permis de discuter de son contenu et des modalités de sa réalisation ; alors qu’elle aurait permis d’aplanir les contradictions. Tout se fait comme si l’intention affichée était de voir les choses arriver à leur haut degré de pourrissement.
- Fonctionnement actuel Rentré le 30/10/03 à Brazzaville après une mission de lobbying en France et en Grande Bretagne, j’ai cru utile d’attendre la tenue de l’assemblée générale pour mettre un terme à ces contradictions qui minent l’organisation en son sein. Mon observation n’avait pour autre but que de se donner des possibilités de dialogue. Or, depuis : lors, tous les canaux de discussion et de dialogue sont totalement bouchés et n’ont nullement permis d’évacuer les contentieux existants. L’assemblée générale apparaissait dans ces conditions comme étant la dernière alternative possible dans le processus de règlement de ce conflit.

Trois mois après l’avis transmis par M. Moukoko et M. Bouka aux partenaires sans m’en avoir expliqué le sens et/ou la motivation, le fonctionnement au plan administratif, programmatique est devenu quasiment impossible, en raison de l’incompatibilité d’humeur ; l’insoumission de certains collaborateurs, de l’entretien des clans au sein de l’organisation, de la culture du dénigrement, de l’organisation des opérations de déstabilisation et de manipulation, de la culture du complot, de l’absence aujourd’hui d’une vision commune de la noble mission que nous nous étions assignée dans la lutte pour les droits de l’homme, de la gestion des états d’âme, de la mauvaise foi et enfin de la culture de règlement de compte.

Au regard de ce contexte peu favorable à l’exercice, dans la sérénité, l’efficacité, la solidarité et la concertation des actions de défense et de protection des droits de l’homme, et soucieux de préserver de l’éclatement l’OCDH, organisation pour laquelle j’ai travaillé 10 ANS durant en tant que membre cofondateur, j’ai décidé ce "jour,23janvier2004, de mettre fin à mes fonctions de Secrétaire Général de l’OCDH. Je demeure, un militant des droits de l’homme, pouvant toujours servir l’OCDH à la base.

En conséquence, pour mettre à profit mon expérience et fort de mon engagement en faveur des victimes de l’arbitraire, une nouvelle organisation a été mise en place par quelques membres de l’OCDH ; organisation qui poursuit les mêmes objectifs que ce dernier ; et qui, par ailleurs, m’offre un cadre plus propice à la poursuite de cet engagement. Il est simplement aberrant de perdre du temps dans de querelles de clochers et des guerres de leadership insensées, pendant que de grands défis nous attendent.

J’espère donc pouvoir continuer à bénéficier de votre apport en faveur de la consolidation de la démocratie et de l’Etat de droit au Congo, à travers ce nouvel espace qu’est la Rencontre pour la Paix et les Droits de l’Homme (RPDH)

Au demeurant, je vous suis reconnaissant pour le partenariat fructueux que nous avons entretenu et qui a permis à l’OCDH de réaliser un travail important dont l’impact est aujourd’hui inestimable.

CHRISTIAN MOUNZEO

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