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Manuscrit

Lettre du général Jean-Marie Michel Mokoko au Doyen des Juges où il refuse de donner caution à une parodie de justice

Lettre de Jean-Marie Michel Mokoko (l’original est manuscrit) où il refuse de cautionner la farce juridique à laquelle le Pouvoir de Mpila l’invite de participer alors que l’issue est connue d’avance. Me Eric Dupond-Moretti peut dire adieu à ses honoraires.

Jean-Marie Michel Mokoko
Maison d’Arrêt Centrale de Brazzaville

Brazzaville le 18 mars 2018

A monsieur le doyen des juges et d’instruction du Tribunal de Grande Instance de Brazzaville

Monsieur le juge,

Répondant à votre demande de m’interroger à nouveau ce 19 mars 2018, j’ai le regret de vous informer que je n’entends pas prendre part à la procédure en justice dirigée contre moi pour de nombreuses raisons dont la principale est le mépris de mon immunité juridictionnelle que me confèrent les décrets n° 86-1044 du 17-11-86 et dignité de Grand officier dans l’ordre du mérite congolais d’une part, et me consacrant, d’autre part, l’immunité juridictionnelle. Ces deux décrets existent bien et ne peuvent en aucun cas être remis en cause ni par la chambre d’accusation ni par la Cour Suprême qui ne peuvent empêcher qu’ils ne produisent tous les effets.
Depuis l’ouverture de votre instruction, toutes me demandes de liberté provisoire ont été refusées sans motif sérieux alors que Moudilou Gilbert, mon co-accusé, est libre. Je constate que de Paris où il se trouve il se répand à travers des déclarations filmées en affirmation attestant sa connivence avec certaines personnalités chargées de cette affaire.

Il lui est arrivé plusieurs fois de vous entendre mettre en avant le principe d’une instruction à charge et à décharge que vous pratiqueriez. Je suis au regret de vous rétorquer que votre instruction s’est faite exclusivement à charge. Nous aurons l’occasion si l’opportunité m’était offerte de le démontrer.

Compte tenu de la dernière décision de la Cour Suprême qui rejette mon pourvoi, méconnaissant par voie de conséquence mon Immunité Juridictionnelle, je suis irrémédiablement fondé à conclure que l’issue du procès que je subirai déjà connue, ne peut plus me surprendre.

La procédure engagée contre moi se joue sur le terrain de la peur des magistrats qui ont en mémoire la disgrâce d’un Président de la Cour d’appel et d’un Procureur Général qui ont voulu être conformes à l’éthique de leur métier en rejetant le sacré saint principe de l’indépendance du juge.

Au vue des errements émaillant la procédure à laquelle je suis soumis, aucun magistrat ne pourrait faire montre ni d’honnêteté ni de courage pour arrêter l’injustice dont je suis victime. Je ne me porterai donc pas caution d’une parodie de justice que la jurisprudence qui en découlerait et dont je me serai fait complice, étonnerait même les étudiants de 1ère année de Droit.
Aussi, j’arrête toute participation à votre procédure qui ne m’offre aucune garantie d’une bonne administration judiciaire équitable et surtout fiable.

Avec mes meilleurs sentiments.

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