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Mamadou Tandja le nigérien évincé : à qui le tour ?

Mamadou a été amadoué au Niger. Les regards sont tournés vers les autres dictatures d’Afrique où des "mamadou" (militaire inculte de caserne) continuent de sévir.

Tandja avait forcé l’admiration de ses concitoyens, pour avoir apaisé le climat politique. Il avait été élu deux fois de suite. Mais, au terme de son deuxième mandat, il ignorait avec arrogance les contre-pouvoirs nigériens, dont la farouche opposition. Pis, il s’essuyait les pieds sur le dialogue internigérien, sous la houlette d’un médiateur, le nigérian Abdou Salami. Il a été évincé par un coup d’Etat éclair. La course à la dictature de Mamadou Tandja, avec les foulées d’un coureur de fond, a été stoppée net le jeudi 18 février. Le cerveau de ce chef-d’oeuvre : Adamou Haroura. S’il faut déplorer la dizaine de morts qui ont ponctué ce coup d’Etat, il faut en revanche saluer l’absence de règlements de comptes ou de condamnations qui accompagnent les coups d’Etat en Afrique. Cependant, rien ne garantit que la "junte nigérienne" rétablira la démocratie. L’afrique de l’ouest, ces temps-ci, réserve bien des surprises. Chacun sait ce qui s’est passé en Guinée : Dadis Camara voulait lui aussi rétablir la démocratie, remettre le pouvoir aux civils. Son fusil a, depuis, changé d’épaule, jusqu’à ce jour où son aide de camp a tiré sur lui... Seul Amadou Toumani au Mali respecta sa parole, en 1991. Mais on en n’est pas ; il ne faut préjuger de rien. Toujours est-il que ce Niger à la fois désertique et superbe représente, du moins en partie, l’avenir énergétique de la France et celle-ci aura son mot à dire sur le pouvoir de Niamey...

Leçon de chose

Quelles leçons tirer de ce coup d’Etat ? Aucune. Du moins en Afrique centrale. Si Mamadou Tandja est un "baobab tombé sans vent", le quatuor Dos Santos-Biya-Bongo-Sassou semble difficile à déloger par des coups d’Etats éclairs. Ces quatre présidents, très contestés dans leur pays respectif, maîtrisent à merveille leur armée. Ou plutôt les généraux de ces pays sont frigorifiés, tant ils ont peur. Des invertébrés. Peut-être devra-t-on leur recommander la lecture du "Coup d’Etat permanent" de François Mitterrand.

L’exception centrafricaine

En Afrique centrale, seule la Centrafrique semble habituée aux coups d’Etat, et Bozizé ne dort pas sur ses deux oreillers et sur ses lauriers. Il sait que du jour au lendemain il peut se retrouver en exil. Si le Congo-Brazzaville a connu des coups d’Etat, cela remonte à trente ans. Autant dire au déluge. En 1997, il s’agissait d’un affrontement entre trois milices aux apparences mafieuses, et le plus fort l’a emporté. Non, il ne faut pas espérer un coup d’Etat en Afrique centrale. Cela aura pour conséquence un beau désordre contagieux. Au Niger, la fin a excusé les moyens. Au Congo ou en Angola, la fin ne justifiera pas les moyens. Le bain de sang condamnerait définitivement cette région à la malédiction. Loin de caresser une sublime résignation, un jour, les présidents à vie s’en iront : nul n’est éternel. Seules les idées et les personnalités fortes permettront les alternances. Hélas ! Cela tarde et c’est la tare de cette région. Aucun opposant ne sait hausser le ton.

Bedel Baouna

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