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Marcel Guitoukoulou dans la Marne, Sassou à Kintélé

Samedi 5 septembre 2015, pendant que Sassou faisait la bamboula à Kintélé, le Dr Marcel Guitoukoulou, en compagnie d’une délégation d’une vingtaine de compatriotes, déposait une gerbe de fleurs à Mondement dans la Marne en mémoire des victimes de la mythique bataille où « les guerres de mouvement firent place aux guerres de position  » mais surtout où la barbarie de notre civilisation contemporaine atteint son apogée grâce à la sophistication des armes.

Film des combats

Il y a un siècle, en 1914, du 5 au 12 septembre, pendant 7 jours et 7 nuits, les Français et les Britanniques livrèrent une rude bataille contre l’envahisseur allemand, une bataille où, selon les communiqués de guerre de l’époque, des situations s’inversèrent chaque jour, des lignes de front bougèrent en permanence pendant que pleuvaient des obus sur des positions alliées.

Les Français battent chaque fois en retraite puis regagnent le terrain face à l’ennemi austro-hongrois hégémonique, assoiffé de conquêtes. Les déserteurs dans les rangs franco-britanniques suscitent le désespoir des généraux alors que le moral des troupes sapé par la supériorité de l’adversaire baisse chaque jour. L’offensive allemande est si meurtrière que le sol français est gorgé abondamment du sang de centaines de milliers de victimes. La France connaît le goût du sang et des larmes. Parmi les soldats engagés dans les combats on compte des milliers de Tirailleurs Sénégalais c’est-à-dire aussi des Congolais.

La bataille de la Marne

Comptant pour une dimension majeure de la première guerre mondiale, l’affrontement du 5 septembre est connu sous le nom de Bataille de la Marne. La coalition franco-britannique sortit victorieuse du combat apocalyptique. Mais à quel prix ! Justement la liberté n’a pas de prix. Le bilan, lourd, ne fit pas hélas réfléchir les Etats de la Société des Nations ( SDN) puisqu’un second conflit mondial fut déclenché une vingtaine d’années plus tard.

Dégâts

Sur le champ de bataille de la Marne, en une semaine, on ne compta pas moins de 600.000 victimes de part et d’autres. Parmi ces victimes, 70.000 soldats (français, anglais, allemands) furent arrachés à la vie, des centaines de milliers de combattants ne furent jamais retrouvés (portés disparus, soldats inconnus), les blessés et des mutilés devenus invalides furent légion. Evidemment, parmi les victimes, on dénombra également des Congolais morts sur le champ de bataille pour des enjeux politiques qui ne les concernaient point du tout mais pour la seule raison universelle qui vaille la peine d’être défendue : la Liberté, la Liberté-chérie chantée par Nabucco.

Durant la cérémonie de ce samedi 6 septembre 2015, en présence de Michel Tellier, maire de Soizy-Aux-Bois et Président de Mondement 14, du Préfet de la Marne, représentant le ministre de la Défense M. Ledrian et en présence des Attachés militaires des pays ayant pris part à la bataille de la Marne, l’Attaché militaire Allemand l’Amiral Jungmann a rappelé le mot du poète Gabriel Marcel qui dit en substance : « c’est parce que les morts se taisent, que tout recommence depuis le début ».

Les monuments et les stèles ne suffisent plus. Il faudra faire parler le silence.

La parole du silence est un oxymore. Il s’agit, à l’avenir, d’éviter la triste image des champs de blé transformés en champs de bataille jonchés de cadavres, comme les « dormeurs du val  » que décrit un autre poète de la liberté universelle, Arthur Rimbaud ou Victor Hugo dans son puissant poème « Après la bataille.  » Car c’était ça la triste image de la bataille de La Marne.

Les stratèges militaires

La Bataille de la Marne dont on a célébré le 101ème anniversaire en 2015 a vu briller des hommes comme Joseph Joffre, Ferdinand Foch, Joseph Galliéni, autant de maréchaux qui ont défendu la patrie contre l’ennemi. Rien en commun avec les généraux de Sassou qui ont lâchement excellé dans les carnages du Beach à Brazzaville et dans les expéditions guerrières à Bacongo et dans le Pool entre 1997 et 1999.
Le Dr Marcel Guitoukoulou a compris le sens des symboles, notamment la symbolique des représentations. D’aucuns diront que ces commémorations tout azimut sont une perte de temps, qu’il faut se battre à Brazzaville et non courir le monde. C’est oublier que le lobbying se cultive loin de l’antre congolais où, par exemple, Paulin Makaya de L’UPC a failli laisser sa peau à Madingou après être tombé dans une embuscade tendue par les cobras de Sassou.

Récemment donc, le médecin phocéen a été reçu à Deauville. Le leader du Congrès du Peuple a posé devant la gare de la prestigieuse ville balnéaire en compagnie du chef de gare. Il y a reçu la plus haute distinction de la Renaissance Française. C’est une institution reconnue d’utilité publique. Elle a été fondée en 1915 par le Président de la République française, Raymond Poincaré, et placée sous la quintuple tutelle des Ministres des Affaires étrangères, de la Défense, de l’Intérieur, de l’Education nationale, et de la Culture. Son Président international est actuellement le Professeur Denis Fadda. La Présidente d’honneur en est à ce jour Madame Simone Veil. Son but est de promouvoir la culture et de distinguer les mérites.

Qui a vu la gare de Pointe-Noire a vu celle de Deauville. Pour la petite histoire, les deux édifices furent conçus par le même architecte, Jean Philippot. La ressemblance des deux édifices fit dire à un historien que l’ingénieur en bâtiment, gagné par l’ennui, refusa de modifier ses plans lorsqu’il fut question de construire la gare de Pointe-Noire.

A l’inverse du Président du Congrès du Peuple (le Dr. M. Guitoukoulou) le tyran congolais (Denis Sassou Nguesso) se veut l’architecte d’ouvrages monumentaux, staliniens, comme le gigantesque complexe sportif de Kintélé conçu à l’image du pharaonique stadium de Berlin où le Führer Adolf Hitler voulut ériger la suprématie de son idéologie nazie.
Il est le bâtisseur infatigable de viaducs ne menant nulle part et qui coûtent des milliards à des Congolais privés d’écoles, d’hôpitaux servent d’outils de propagande dans une ville où il n’y a ni eau potable ni électricité.

Les batailles du Dr. Guitoukoulou

Il y a chez le Dr. Guitoukoulou quelque chose d’aussi fort que la bataille de la Marne. Le médecin de Marseille combat ferme pour un Congo où le vivre-ensemble doit gagner le cœur de tout le monde.

Qu’on se souvienne de ses offensives durant la guerre civile au Congo. Il livra des batailles politiques pour amener les belligérants à la table des négociations. En 2001, il y parvint à la conférence de Consensus de Pertuis dans le Vaucluse (84). Comme le maréchal Foch sur le champ de la Marne, M. Guitoukoulou (à force d’offensives pacifiques) repoussa les lignes de combat vers le néant quand les cobras de Sassou et les plastrons de Pasteur Ntoumi faisaient mine d’en découdre dans la région du Pool. Simulacre de vraie fausse guerre qui ne fit pas moins de dégâts humains et matériels dans ce Pool qui fut, jadis, le grenier de Brazzaville ou, selon le mot de Pascal Lissouba, la locomotive du Congo.

Au moment où Sassou commémore deux mandats et aspire au coup d’état permanent avec son référendum Marcel Guitoukoulou se bat pour une rupture avec l’ordre actuel des choses où des immenses fortunes sont concentrées entre les mains d’un clan qui n’a jamais compté des majors de l’industrie, où les populations crèvent de faim et qui, en guise de solution à leur misère, reçoivent des jeux et du vin comme la plèbe des cités romaines ou grecques de l’Antiquité bluffées par des dictateurs cyniques.

Thierry Oko

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