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Message de Jean Joseph William OTTA Franco-Congolais de Brazzaville Citoyen d’honneur de la ville de Châtillon (92320) à Madame Marine Le Pen et à Monsieur Emmanuel Macron

A Madame Marine Le Pen et à Monsieur Emmanuel Macron,
Candidats validés au 2ème tour de l’élection présidentielle française.

Madame, Monsieur,

Les français vous ont choisi comme candidats au deuxième tour de l’élection présidentielle, je vous adresse mes félicitations et je me permets de porter à votre haute attention le présent message.
Je me dois de vous dire ma satisfaction d’assister, à travers votre élection, au triomphe de la démocratie dans mon pays d’adoption qu’est la France ; ce pays qui s’est forgé tout au long de l’histoire et qui est une Grande Nation, une Grande République et un Grand État de droit.

Comment donc ! ne pas vous témoigner ici, du fort émoi et du parfum de liberté que la « Marseillaise », notre hymne, encra, très tôt en 1963 sur les bords de la Seine ou du boulevard Saint Michel (affectueusement BoulMich), dans l’esprit du jeune fonctionnaire stagiaire, originaire de Brazzaville, capitale récente de l’Afrique Équatoriale Française que j’étais.

Fruit de l’école française enrichie de mes apprentissages villageoises de Kéllé, du fond de la forêt équatoriale, j’ai apprécié et vécu, année après année, les présidences successives du Général De Gaulle, de Georges Pompidou, de Valérie Giscard d’Estaing, de François Mitterrand, de Jacques Chirac, de Nicolas Sarkozy et de François Hollande.

J’ai ainsi su apprécier le sens de ce que disent les Américains « one vote, one life », soit pour les français que nous sommes « un vote, une vie ». Telles sont ma fierté et mon ambition, en me référant à votre succès, lequel donne la preuve que « les hommes peuvent naître inégaux, le vote les rend égaux ».
Croyez donc, d’entrée de jeu, en l’expression de mon attachement au suffrage universel. Et, comme le recommande l’éthique républicaine, je réserverai mon choix personnel au secret des urnes le 07 mai 2017 ; mais, en attendant, parce que nous écrivons tous ensemble, aujourd’hui, l’histoire à venir du monde, je me fais le devoir de vous rappeler la responsabilité historique qui sera la vôtre vis à vis des pays africains en général et de mon pays d’origine, le Congo Brazzaville, en particulier., dès les lendemains du 08 mai 2017.

Madame, Monsieur,

Je ne saurais le dire autrement pour vous sensibiliser et espérer vous mobiliser sur la cause du peuple congolais en proie à la misère, à la pauvreté et aux violations caractérisées de leurs droits fondamentaux.
Comme le rappelle notre mémoire commune, la France et l’Afrique ont une longue histoire qui va de l’esclavage, de la colonisation, de la résistance contre l’occupant Nazi, de la néo colonisation aux impostures symbolisées par ce qui est « la Françafrique  ».

De toute évidence, on ne peut contester que le Congo et la France sont historiquement interdépendants comme le témoignent la langue française, les échanges économiques et sociaux, la civilisation des technologies et des techniques et encore plus... C’est à juste titre que les scientifiques, géographes, écologistes et autres spécialistes du climat, de l’environnement, des migrations disent que nous serons, nous, occupants de la planète terre, toujours dépendants les uns des autres.
Mais quand on voit comment se comportent souvent les grandes puissances, notamment la France, vis à vis des pays africains, sous le joug de dictatures inacceptables, on est en droit de se poser la question de savoir si toute cette dimension historique, culturelle, technique ou technologique est réellement prise en compte.

Aujourd’hui, si la France est une Nation, une Démocratie affirmée, le Congo par contre est une dictature. C’est pourquoi, en ma qualité de citoyen d’honneur d’une grande ville de France, décoré deux fois à ce titre, je me permets d’appeler votre très haute attention sur le point suivant.
Les pays africains, notamment le Congo Brazzaville, ont des prétentions, voire même des revendications, de devenir des Nations à part entière et de se développer économiquement.

Madame, Monsieur,

Au Congo Brazzaville non seulement la nation n’existe pas, il n’y a pas d’état de droit, il n’y a donc pas de démocratie ; l’être humain est le moindre souci des dépositaires du pouvoir. Dans ce pays, on tue l’être humain. Le fait politique tue l’être humain. L’homme politique pour asseoir son pouvoir fait couler du sang humain. Des vieux, des jeunes, des femmes sont tués, sacrifiés pour se maintenir au pouvoir. Leurs maisons sont saccagées, leurs biens pillés et l’avenir de leurs enfants ou de la jeunesse hypothéqué. Cela est insupportable pour tout humain. On ne tue pas seulement physiquement, même si ça finit par arriver, on tue aussi par l’injustice, dans la répartition inégale des ressources nationales. Cela engendre une douleur devenue une souffrance pour ces peuples. L’exemple pris aujourd’hui est la tragédie que vit un département voisin de la capitale congolaise, celui du Pool.

Mais, contrairement à ce que l’on sous-estime souvent, les mentalités des africains évoluent par une prise de conscience, notamment par les jeunes générations. Il ne fait nul doute qu’il arrivera un moment où il leur sera insupportable de continuer à subir cette dictature.

En effet, et c’est ainsi que les africains le vivent, la Françafrique démontre bien, parfois, la collusion de la France avec les intérêts des chefs d’États qui se sont constitués, à l’échelle du continent, en un syndicat de présidents souvent mal élus. Ainsi, certains chefs d’État, à l’exemple de Monsieur Sassou Nguesso du Congo Brazzaville, sont devenus des symboles du fait de leur durée illimitée au pouvoir sans légitimité et par l’exercice de la violence d’État ; ceux-ci servant de modèles aux nouveaux venus.
C’est ce système dont les tentacules se sont répandues dans le monde que je vous inviterais à récuser.

Je voudrais aussi vous prévenir que le combat pour le droit à une digne humanité de l’Afrique, y compris du Congo, risque d’aller au delà des pays et des États actuels, qui d’ailleurs n’en sont pas, compte tenu de leur morcellement depuis 1885 par la Conférence de Berlin. Si, nous Français, n’y prenions garde, des conséquences dramatiques pourront se produire avec notre complicité, à l’exemple du Rwanda, du Burundi et j’en passe...

Pourtant, la force de la voix de la France peut aujourd’hui aider à vaincre le pessimisme ambiant et à résoudre par anticipation les graves crises qui s’annoncent et qui restent liées à la permanence des dictatures.
A défaut, des solutions extrêmes germeront au sein de ces États, nourries par la désespérance des populations. En effet, faute de mesures et d’initiatives salvatrices pour l’Afrique, notre silence, ou notre inaction, nous condamnera.

Madame, Monsieur,

Plus que ma modeste personne, simple citoyen que je suis, vous porterez la responsabilité directe ou indirecte des catastrophes qui, je ne l’espère pas, rappelleront de toute évidence, le syndrome « Rwandais » ou la tragédie Libyenne, etc.
Il est temps d’agir dans l’intérêt supérieur du monde entier. Agissez, une fois président.
Ce message est ma contribution à l’analyse et à la compréhension de la situation des pays africains sous dictature.

Mes meilleures salutations et bonne chance à chacun de vous.

Châtillon, le 01 mai 2017

Jean Joseph William OTTA
[email protected]

* Copie à Monsieur Jean-Pierre SCHOSTECK , Maire de Châtillon.

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