Un gardien des buts, c’est le dernier rempart à franchir par les attaquants pour porter le coup fatal à l’équipe adverse. Dur dur quand on avait, en face, le massif Michel Ngombo.
Michel Ngombo, ancien gardien des buts des Diables Rouges a gardé de très bons souvenirs de son passage dans l’équipe Nationale. Aussi en contrepartie, il veut aujourd’hui transmettre ses connaissances sportives aux ados Congolais intéressés par le poste de gardien. « Mon collègue Nkono (Cameroun) sacré meilleur gardien de but d’Afrique le fait. Pourquoi pas moi ? » se demande Michel Ngombo alias Ngombo-Ley. La même époque du sacre du Camerounais, Ngombo-Ley fut désigné meilleur deuxième portier d’Afrique.
Véritable muraille de Chine, Ngombo-Ley réalise des prouesses qui lui valent une reconnaissance continentale en Afrique : "Je suis le seul gardien à avoir réussi à arrêter quatre pénalties au cours du même match. C’était contre Afia de Guinée. Cette équipe n’avait jamais été battue sur son terrain depuis 1953. Nous lui avons fait plier genou devant Sékou Touré".
Suite à ce prodige, on surnommera Michel Ngombo "Monsieur Pénalty"
Ngombo-Ley sera, à lui-seul, un puissant barrage qui réduira à néant les chances des adversaires au cours des grands enjeux nationaux.
Parcours sportif
Michel commence sa carrière brazzavilloise à Kisoundi Sotexco, équipe dont il est le premier gardien des buts et qu’il hisse à la tête du championnat. Ensuite il garde les buts de Télésport. L’équipe devient championne ; idem pour TP, Inter-Club, Etoile du Congo (1975 à 1982), CARA. Il défendra également la lucarne des Diables Noirs.
"Avec Diables-Noirs, nous avons battu Canon de Yaoundé, 3 buts à zéro". Un exploit.
Autant dire qu’il n’y a aucune équipe brazzavilloise qui n’ait loué ses qualités sportives.
Il se souvient également d’un important match de football opposant les deux Congo. Paul Tandou qui fut son coach le déconseille de faire partie du jeu. « Si nous perdons, on risque de mettre la défaite sur ton compte ». Sage conseil. Le Congo-Brazzaville perdit la partie (2 à 5), à la grande désolation de l’entraîneur Zorane qui aurait voulu que Ngombo-Ley gardât les buts. Au moins on ne l’accusa pas de « s’être couché » pour favoriser l’adversaire.
En 1986, départ pour la France. « J’ai voyagé en même temps que Nkounkou Mapro » se souvient Michel. En France, il joue à Toulouse, ensuite à Château-Roux (2ème division), à Avignon puis à Cap d’Ail.
Détenteur d’une licence française délivrée par la Fédération Française de Football, Michel Ngombo peut se prévaloir du titre d’entraîneur.
La baraka n’est pas de son côté. Toulouse aurait pu le recruter n’eut-été une complexe question administrative qui le fait repartir au pays pour négocier un visa long séjour. Ces tracasseries ne lui permettent pas de donner le meilleur de lui-même comme à Brazzaville. Cependant, ses prestations sont beaucoup appréciées.
"Viens au pays"
En 2010, il croise le Président Sassou à Nice auquel il confie ses frustrations sportives en Europe : « J’ai envie de rentrer au pays pour travailler. Ici en Europe, ça n’a pas trop marché » - « Reviens au bercail ! » lui dit le Chef de l’Etat.
L’invitation ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd. Aujourd’hui Michel Ngombo lance une demande d’emploi. Il a des contacts avec Michel Mbono et Etébé. Il compte sur ces relations pour pouvoir jouer le rôle auquel il aspire fortement : formateur des gardiens des buts.
Leçons de chose
Comment forme-t-on un gardien de buts ?
"C’est comme pour un musicien auquel on apprend ses gammes. Un bon gardien de buts doit affronter l’attaquant...en face. Il doit arrêter un tir en deux temps et non pas se livrer à des plongeons spectaculaires. D’ailleurs il doit éviter les détentes pour dévier les balles. C’est du spectacle...pour rien Cinq détentes dans un même et seul match, c’est trop. Le gardien doit se déplacer et non rester sur la ligne de la lucarne."
Un goal est un artiste, non un show man.
"Un bon gardien est celui qui ne doit pas encaisser un coup-franc. C’est indigne dans le métier de goal de se laisser surprendre par un long tir".
Quid des pénalties ?
"Il y a deux écoles : l’africaine et l’européenne. Chez l’Africain, le pénalty n’est pas encore un but. Le goal africain a une mentalité de l’arrêt systématique. Il y a toujours de l’espoir quand il s’agit d’affronter un tir au but en Afrique. En revanche chez le gardien du but européen, le pénalty est déjà un but... avant qu’il ne soit tiré. Il y a une mentalité du désespoir chez le gardien occidental quand il affronte un pénalty. Pour lui, le but est là. Le tireur se livre juste à une formalité puisque, dans sa tête, le gardien part pour battu d’entrée de jeu."
Une sociologie du sport est nécessaire pour vérifier ces hypothèses culturelles.
A quel âge prénez-vous vos étudiants en sport ?
" Entre 7 et 20 ans. Ce sont aussi bien des garçons que des filles. J’ai également formé ma fille Ngombo Luca Victoire au métier de gardien de buts. C’est mon remplaçant en la matière."
Michel Ngombo, père de trois enfants, est marié à Emilie, une femme qui a consacré sa vie au Seigneur.
