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Encore une soirée mémorable au CCE

NUIT DES POETES A POINTE-NOIRE

La parole aux artistes

La ville de Pointe-Noire est en passe de damer le pion à Brazzaville sur le plan de la culture. La nuit des poètes a jeté la lumière sur cet écart cathodique entre les deux capitales. Il ne se passe par un jour sans que le monde des artistes n’ait voix au chapitre dans cette ville balnéaire qui a jadis servi de cadre d’inspiration à Tati Loutard pour écrire ses...poèmes de la mer.

NUIT DE LA POESIE A POINTE-NOIRE

Les poètes de Pointe-Noire et les amoureux des Belles Lettres ont gagné un pari en démontrant qu’avec moins, on peut faire plus. Ils ont fait honneur aux Muses ce samedi 24 janvier 2004 au Centre Culturel pour Enfants de Mpaka, une agora située « après la deuxième gare du chemin de fer, quartier périphérique de la ville » précise l’organisatrice.
La poétesse, dramaturge et artiste Lydia Evoni (bien connue des lecteurs de Congopage) a été le cerveau penseur de cette formidable entreprise qui a transformé le quartier Mpaka, le temps d’une nuit, en une espèce de Woodstock inspirée à la fois de l’antique philosophie athénienne et de nos veillées traditionnelles. La nuit fut longue, blanche et sèche. Lydia a prouvé, au passage, que le deuxième sexe est aussi le sexe fort. Gens des Lettres, conteurs et musiciens se sont succédés sur le podium de 20 h à l’aube, déclinant leurs chef-d’œuvres avec une formidable éloquence.

Lydia Evoni prononce le mot d’ouverture

Dynamique et pleine de ressource, Lydia Evoni, avec son look d’actrice de séries américaines black, portait plusieurs casquettes ; alternant les rôles de présentatrice et de chanteuse. Ancienne étudiante en Fac de Droit, Lydia E. est animatrice radio, s’exprime dans un anglais parfait, écrit et possède une somme de manuscrits qui attendent d’être édités (cf. article de Ya Sanza : "Lydia Evoni - paroles - un petit ouvrage atypique et délicieux" - 27 nov 2003).

Lydia Evoni poursuit des enjeux très clairs et précis :« Le but de cette soirée fut la promotion des jeunes artistes, tout en redonnant les lettres de noblesse à la poésie qui est en train de perdre sa place au profit d’autres genres littéraires, tel le Roman par exemple. »

Dans la conjoncture actuelle, les jeunes artistes ont du mal à tirer leur épingle du jeu en dépit du fait que certains ont plusieurs cordes à leur arc. Pour la majorité, se lancer dans la vie artistique c’est emprunter le chemin de Damas.
« Les artistes en herbe sont confrontés à plusieurs difficultés, à savoir : l’absence de structures, pas de maisons d’édition, aucun studio de musique, aucun cadre pour leurs rencontres, pas de festivals, séminaires, stages de perfectionnement, pas de soutien aux oeuvres artistiques... »

Au cours de la nocturne des poètes, il y a eu la participation de 47 artistes dont dix groupes de musique. On peut comprendre que rémunérer tout ce monde n’a pas dû être une mince affaire.
Sur le registre de la poésie, on a pu admirer sur scène : Lydia EVONI, Yvon Lewallet, Koussoumana, Kéïta, Maurice Massoumou.
Sur celui de la musique on a noté la présence des individualités de la trempe de : Kali Djatou, Achille Mouebo, Tata Bouesso (maître du Walkimbgié-rock) Brice, Picasso, Lydia Evoni (accompagnée du groupe Bala Sema, dans le titre "Sentence")

Les groupes de musique qui s’y sont investis corps et âme : Ni bawu bo (Groupe de Rap), Bala Sema (Funk ,Rap,...) ; Brice Mizingou (groupe tradi-moderne, qui chante souvent en lari sur le thème de la lutte contre le sida, surtout dans sa chanson, MALARI), Racine ( Rap) ; Picasso (poésie musicale)

En théâtre, on a admiré le jeu de la troupe Autopsie, le sketch de Kanga Motéma International et la comédie de Picasso.
L’attention des auditeurs (près d’un demi-millier)a été retenue avec émotion par la lecture des extraits des dialogues du Théâtre de JEAN Marc POATY

Brice Mizingou et son groupe

"La soirée a fait beaucoup d’échos dans toute la ville, nous avions près de 400 spectateurs. Ce fut un soirée formidable où on a apprécié la solidarité du monde de l’art. Personne n’avait plus envie de se quitter, personne n’a fermé l’œil de la nuit jusqu’à sept heurs du mat. C’était émouvant, bref il faut de telles occasions une fois tous les deux mois."

Aussi stupéfiant que cela puisse sembler, toute cette logistique n’a bénéficié d’aucun soutien financier des acteurs économiques ou politiques de la région. « Je me suis retrouvée seule. J’ai tout sorti de ma propre poche. » dit avec amertume Lydia Evoni.
« C’est triste, lorsqu’on n’a pas de soutien pour ce genre d’initiatives. Après on s’épuise et on ne fait plus rien , voilà... »

Car comment faire pour rémunérer tant d’artistes dont on a sollicité la participation ? C’est toute la question du cachet des artistes qui est posée ici. Plus un plateau est riche en gens de scènes, moins la rémunération est intéressante. C’est la loi classique de l’offre et de la demande connue sous le nom redoutable de l’inflation.

Ce ne serait que justice si, a posteriori, l’organisatrice, factures à l’appui, se faisait rembourser par la politique de la ville les frais engagés dans cette formidable action artistique qui donne de Pointe-Noire une image de métropole culturelle des bords de l’Atlantique.

Mais connaissant l’idée que les politiques se font de la culture, ne rêvons pas.

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(Article écrit en collaboration avec Lydia EVONI à Pointe-Noire)

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