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Norbert Dabira-Nianga Mbouala : une agitation inutile

Depuis que les deux Officiers Généraux ont été écartés du clan du pouvoir abstrait et conceptuel, commentaires et analyses boiteux inondent les Congolais. Etaient-ils seulement capables de fomenter un coup d’Etat ? Eclairage.

Norbert Dabira par-ci ; Nianga Mbouala par-là. Les deux Généraux – qui n’ont de militaires que leurs grades – n’en finissent plus d’alimenter les réseaux sociaux et les médias congolais et étrangers. Pour les Dépêches de Brazzaville, journal ô combien proche du pouvoir, la tempête que traverse le duo Dabira-Nianga a fait plonger Brazzaville dans la psychose. Extrait : « Brazzaville a réellement vécu une fin de semaine dernière apeurée tant on sait que ses habitants, malgré le fait d’être de bons vivants, gardent de très mauvais souvenirs de la guerre du 5 juin 1997 et prennent en horreur le fait de voir la capitale de leur pays replongée dans un nouveau cycle de violences. » Foutaise ! Les Congolais ont la tête ailleurs. Ils vomissent le pouvoir comme « de la merde » - permettez le terme. La guerre que se livrent les mafieux du pouvoir, ne les concerne pas, même s’ils ont été pris en otage. Il s’agit, ni plus ni moins, d’un contre-feu : éclipser la déliquescence du Congo, coûte que coûte. A y regarder de plus près, le papier des Dépêches de Brazzaville participe de cette insipide stratégie. Et, indirectement, confère de l’importance à des hommes dépourvus de gravité. Or de l’importance, Norbert Dabira et Nianga Mbouala n’en ont pas. Ce sont deux êtres insignifiants, qui, sans leur nom, seraient méconnus des Congolais.

Sassou peut-il être victime de coup d’Etat ?

Le premier se retrouve en prison pour avoir évoqué avec le second la possibilité d’un coup d’Etat contre leur mentor, Sassou. C’est le bimensuel le Troubadour, dans sa livraison du 21 décembre dernier, qui révélait l’affaire : «  Il était question de faire exploser l’avion présidentiel en (plein) vol  », lit-on à sa Une. La raison ? Tout faire pour que le pouvoir reste au nord. Rien que ça ! Mais ils ont seulement «  évoqué » et on envisagé le passage à l’acte : ils n’en avaient pas les moyens. Sans réseaux, sans personnalité, on se demande comment ils auraient pu « abattre l’avion présidentiel ». D’ailleurs plusieurs officiers ont rigolé quand ils ont appris dans la presse ce projet fumant et fumeux. Personne dans l’armée congolaise ne considère Dabira et Nianga Mbouala comme de vrais militaires. Au mieux, Nianga-Mbouala est un milicien parvenu ; au pire, un criminel. Dabira, lui, est beaucoup plus préoccupé par ses affaires et ses biens matériels que par un réel passage à l’acte.

L’ancien Inspecteur général de l’armée et Haut- Commissaire à la réinsertion des ex-combattants et l’ex Commandant de la Garde républicaine ont peut-être fait redescendre Sassou sur terre ; ils lui ont rappelé sa condition d’être vulnérable. Mais est-ce le cas quand on sait que Sassou se prend pour un demi-dieu sur terre ? Durant tout son règne, Sassou a quasiment remporté toutes les batailles sanguinaires auxquelles il s’est livré. Il a supprimé tous les militaires, les vrais, qui auraient pu lui faire de l’ombre. Où sont les Kikadidi et autres Kinganga et Katali ? Tous disparus. Les Généraux actuels, parfois ventrus, c’est lui qui les a faits. C’est dire à quel point il les connaît tous et les piétine. Personne, à part Mokoko, n’ose le regarder. Ce ne sont donc pas des mouches, Dabira et Nianga, qui l’auraient empêché de dormir.

Les coups d’Etat, Sassou les fomente. Il ne les subit pas. N’est-il pas le seul président du Congo, qui n’a jamais été victime de coup d’Etat ?

Bedel Baouna (article paru dans Entrecongolais.com)

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