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Musique

Nzongo Soul ou la mort d’un prince Kongo !

Nzongo Soul alias Wa Sémo, artiste musicien congolais de renommée internationale, a été retrouvé mort, le mercredi 10 janvier 2018, à son domicile parisien, en France.

Cependant, les raisons de son décès ne sont pas jusqu’à ce jour clarifiées. Néanmoins, sa dépouille est en examen aux services du centre médico-légal de la ville de Paris.

« Wa Sémo » est mort. Pourtant, il est vivant !

Il est encore avec nous et parmi nous. Non pas seulement parce que « les morts ne sont pas morts » et à cause de ses multiples chansons puisées dans la pure tradition Kongo, et qui vont continuer à nous rappeler notre identité et notre histoire, mais, aussi parce qu’il est un prince kongo et que son nom peut aider à reconstituer l’histoire du Congo actuel durant ces durs moments que traverse ce pays, et au cours desquels certains esprits, parce découragés, abattus ou révoltés par l’effondrement de l’unité nationale à cause des guerres politiques, ou encore qui manquent carrément d’arguments pour remettre en valeur et en exergue les concepts de la Nation et du Peuple congolais, prennent le raccourci en prônant la scission et en voulant proclamer l’Etat Kongo encore appelé Sud Congo. C’est trop facile et lâche !

Cependant, la mort d’une personne étant aussi, selon la tradition kongo, une occasion de rassembler toute la famille, tout le village et tout le clan, afin de régler les grands problèmes qui les minent et remettent en cause leur harmonie et leur unité, nous profitons du départ de Ya Nzongo Wa Sémo au pays des ancêtres et de Ta Mampungu (Dieu), pour nous prononcer sur la scission du Congo et la création d’un Etat Sud Congo.

Nzongo Soul, un prince Kongo

Rappelons que le mot Nzongo signifie en français la case de la panthère. Et que tous les Congolais qui portent les noms de Bongo, Obongo, Kungo, Angoué, Angwe, Ongoué, Ongwoué, Mengo, Mongo, Kengo, Kuengo, Kongo, Ngongo, Nzongo, Okongo, Ngoma… sont des princes et des piliers de la nation et du peuple congolais.
Mais, sans vouloir accuser les pionniers de la construction de ce nouvel Etat, nous reprenons carrément la préface de notre nouvelle « Kue Ngo ou le Congo des origines », extraite de notre recueil « 50 cheveux sur une tête nue », publié par la Fondation littéraire Fleur de Lys, Lévis, Québec, 2012, 266 pages.

Voici ce que nous publions dans ce texte et que nous avons amendé : « Si l’on s’accorde pour dire qu’une nation est un ensemble d’êtres humains habitant un même territoire, ayant une communauté d’origine, d’histoire, de culture, de tradition, le plus souvent de langue et constituant une entité politique ; et le peuple comme un ensemble d’hommes formant une communauté nationale ou culturelle, vous conviendrez avec moi que le Congo est bel et bien une nation et les Congolais sont un peuple. Pourtant, dans la réalité, les Congolais mettent à l’épreuve cette vérité, parce que manquant, peut-être, d’arguments, pour le prouver.

Leur histoire commune n’étant pas enseignée dans les écoles. Dans cette nouvelle qui se veut être la conclusion de notre recueil, nous voulons montrer comment, à partir du mot panthère, chez les principaux peuples, et de quelques noms de personnes : Kungwe ou Kongoué, Mbongo, Mbongoué chez les Mbongo ou Mbenga que l’on appelle vulgairement pygmées, à cause de leur petite taille, ou Ba bi qui n’est qu’un diminutif de l’expression Ba babi bayala pour dire qu’ils sont mystiques ou mystérieux. Parce que vivant dans la forêt où ils cohabitent avec toutes les sortes de fauves et défient toutes les intempéries. Pourtant, certains esprits nains et qui ignorent l’histoire de ce peuple, ont voulu les débaptiser « Peuples autochtones » ; Angwe ou Angoué, Édingwe chez les Ngala que certains appellent tous mbochi. Mbochi qui n’est qu’une malformation du mot mossi qui veut dire un et qui vient de l’expression Mossi mossi c’est- à -dire parsemé. Parce que les Ngala qui n’ont pas connu de royaume comme les Téké, les Kongo et les Loango, s’étaient organisés autour des petites chefferies parsemés (mossi mossi) dans un grand espace inondé dans les eaux. Mengo, Mongo, Kuengo et Ongoué ou Ongwe, chez les Téké. Téké qui n’est qu’un diminutif du mot Batékéla. Parce que ce peuple avait précédé tous les autres peuples, sauf les Bengo, sur le grand territoire Kue Ngo. Nzongo, Kongo et Ngongo chez les Nsundi ou Balari ou encore Balali. Balali ou Balari qui n’est qu’une déformation du mot Ngalali qui veut dire fou. Parce que c’est avec une brutalité que les Nsundi délogeaient les Téké sur leurs terres.

Pour preuve, la plus part des noms des villages et des rivières qui sont dans l’espace de l’ancienne province Nsundi qui appartenait au Royaume Kongo, sont en Téké jusqu’à nos jours. Et Ngoma, chez les Loango et les Kota, qui peuplent l’actuel Congo. On peut reconstituer notre histoire et notre culture, refondre le citoyen congolais et amorcer la renaissance de la nation Congolaise à compter de cette année où le pays célèbre ses cinquante ans d’admission à la souveraineté.

Dans cet élan, nous signalons que le mot Kongo ou Koongo ne désigne plus désormais une ethnie ou tribu, puisqu’il n’est qu’une déformation des mots Kue ngo, Ko ngo, Ka ngo et Ku ngo qui signifient chez la panthère et indiquent à la fois un territoire et l’ensemble de tous les peuples qui y habitent. Aux questions d’où venez-vous, où vivez-vous et qui êtes-vous ? Nos ancêtres les Kongo avaient pris le plaisir de répondre : « Nous vivons chez la panthère », « Nous revenons de la terre des panthères  », et «  Nous sommes des panthères ».

Et, c’est à travers leur lutte contre les panthères, l’ajout d’un préfixe ou d’un suffixe à la racine ngwe, ngoué ou ngo, le port du nom de la panthère et des insignes faits à partir des ossements, de la peau, des crocs et des griffes de cet animal redoutable et légendaire, les contes et les histoires sur la rencontre de leurs ancêtres avec la panthère, qu’ils prouvent, tous, leur identité et leur appartenance à la grande tribu Ku ngo, Kue ngo, Ko ngo, Ko ngwe, et Ka ngo. Parce que le vaste territoire qui va de l’actuel Angola et qui s’étend jusqu’au Gabon, en passant par les deux Congo, était jadis dominé par les panthères et les léopards dont les appellations dans presque toutes les langues du Congo, portent la racine Ngo ou Ngwe. Pourtant, c’est depuis des millénaires que tous ces peuples sont présents sur ce territoire. Les mots : Ngo, Angwe, Angoué, Édingwe, Ongoué, Ongwe, Mongo, Mengo, Kuengo, Kengo, Nzongo, Ngongo, Kongo et Ngoma renferment donc des histoires qui traduisent les ambitions de nos ancêtres qui ont bien voulu faire de ce territoire une nation et de ses habitants, un peuple. Mais en réalité, cette nouvelle n’est qu’une réécriture de l’histoire du peuplement du Congo. »

Ainsi à l’occasion de la mort du prince Nzongo Soul, le refrain « Koongo, nsilulu (Koongo une terre promise) Koongo diéto bambuta basisa dio, (Notre Koongo nous a été légué par nos ancêtres) que l’on croit appartenir seulement au Nsundi ou Bakongo, devrait être courageusement chanté dans toutes les principales langues du Congo. Et que tous les peuples devraient s’en approprier. C’est ainsi que les Bengo chanteront : « Ku ngo, nsié wu ba semu Ku ngo (Ku ngo une terre promise) Ku ngo, nsié ya si bakuru, (Ku ngo nous a été légué par nos ancêtres) ». Les Ngala ou Mbochi « Angwe, edile nsenge ledi labea ihi amende (Angwé, une terre promise) Nsenge a bisi ye ya kula iboro a bisi (Notre pays nous a été légué par nos ancêtres) ». Les Téké : « Ongooué nsi yo yu nzian bei (Ongooué, terre promise) Ola obé, bo osséi akur (Notre pays nous a été légué par nos ancêtres) ». Et, les Loango : « Ka ngo, n’totu u solu (Ka ngo terre promise), Ka ngo, n’totu utubikila bekulu » (Notre Ka ngo nous a été légué par nos ancêtres) pour dire tous que vivent la Nation et le Peuple congolais !

Serge Armand Zanzala, journaliste et écrivain

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