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Opinion : Charles Zacharie Bowao, personnalité de l’année 2015

L’ancien ministre de la Défense, le logicien et tenant de la « contradiction performative » Charles Zacharie Bowao est, sans aucun doute, la personnalité politique de l’année 2015 au Congo. Il n’a pas réussi à faire plier Denis SassouNguesso dans sa manœuvre constitutionnelle ! Ses amis de l’IDC (Initiative pour la Démocratie au Congo) ont été d’une médiocrité caractérisée !

Son livre, La tragédie du pouvoir, a joué à l’arlésienne et, du coup, est passé inaperçu !... Mais le philosophe Charles Zacharie Bowao a marqué de son empreinte l’année 2015. Les médias français ne se sont d’ailleurs pas trompés en sollicitant, au quotidien, ses analyses d’une acuité sans faille…

Ayant résidé en France de janvier à décembre 2015, il a enseigné à l’Université de Lille la philosophie morale, la matière qui lui sied à merveille. Au même moment il a pondu un Essai à la fois politique et philosophique où il « argumente l’inconsistance épistémologique et idéologique de la thèse dite du « changement de la Constitution de 2002 », en dévoilant la mécanique de résurgence du refoulé à travers les slogans « Touche pas à mon président  » et « Touche pas à ma Constitution  » (lire notre article Charles Bowao et La tragédie du pouvoir ». Il lui a été reproché, dans ce livre, d’avoir confondu politique et philosophie, par l’inaccessibilité du style. Mais le propre d’un philosophe n’est-il pas de pousser le lecteur à solliciter davantage aller au-delà des apparences ?

Méthodologie de la désobéissance civile

Personne, à vrai dire, ne le croyait capable d’une telle structuration politique et intellectuelle. Et pourtant… Charles Zacharie Bowao a étonné plus d’un. On le disait « mou  », il s’est révélé coriace dans sa position, là où ses amis de l’opposition au Changement de la Constitution de 2002 ont échoué. « Il savait que le combat contre le Changement de Constitution au Congo était perdu d’avance, tant Sassou est capable de corrompre même Eliot Ness , mais Bowao a tenu bon, il n’a pas seulement critiqué son ancien chef, mais il a aussi argumenté », s’étonne un ministre sous couvert d’anonymat. Et de poursuivre : « Il est né en 2015, Bowao. »

Je récuse

Tout commence par une Lettre ouverte au Président de la République. S’ensuit une deuxième Lettre dans laquelle il met en garde Sassou contre cette sottise qu’est le Changement de la Constitution de 2002, à la suite de son message à la Nation. « J’ai suivi votre message à la Nation du 30 juin 2015. L’Histoire en retiendra quelque chose que, pudiquement, l’on pourrait qualifier de mal-adresse présidentielle. Vous avez choisi de maintenir le pays dans l’incertitude, plutôt que d’inspirer une lecture vertueuse de notre avenir », écrit le logicien Bowao.

Rien n’y fait. Denis SassouNguesso n’entend que sa voix, l’avis des autres n’a jamais compté à ses oreilles. Bowao démissionne de la secte PCT, la secte qui l’a fait, la secte qui lui a tout donné en politique. Il a évité, ainsi, le suicide collectif dont ont été victimes ses ex-camarades du parti, à l’instar d’un Temple solaire.

N’ayant plus rien à faire en France, il est rentré au bercail pour, dit-il, redynamiser uneopposition congolaise sans tête, une opposition sans repères. Sage décision ! Et pour cause : à
l’allure où va l’opposition congolaise, Sassou a encore de beaux jours devant lui.

Le tenant de la « contradiction performative  » - cette notion issue des théories « pragmatiques » du langage, développées en particulier par le philosophe anglais John Austin (1911-1960) , saura-t-il « mettre en évidence qu’il existe une dimension pragmatique ou performative du langage  : entendre par là que certains de nos énoncés ont des effets ou constituent, en ce sens, des « performances  », et non pas seulement des constatations ? »

C’est tout le mal qu’on lui souhaite pour l’année 2016. L’opposition ne doit pas aller aux élections, au risque de légitimer a postériori le coup de force de Sassou. Cela, Charles Zacharie Bowao le sait.

Bonne année l’artiste !

Bedel Baouna

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