« Personne n’a pu connaître son propre âge s’il ne lui a pas été révélé par ses parents. » (pensée kongo). C’est une lapalissade nous dira-t-on. En effet si on sait qu’on est né, on ne sait jamais quand est-on né. Le « connais-toi toi-même » des philosophes butera à jamais sur l’intelligence de cette question existentielle du jour de sa propre venue au monde. Seuls ceux qui t’ont vu naître ont le pouvoir de te le dire. Bon, une fois de plus, trêve de métaphysique.
Où veut-on en venir ? Au paradoxe suivant : plus 2016 approche, plus l’âge de Sassou passe pour une "variable socio-politique" qui change au gré des enjeux. En effet, à mesure que le temps passe, moins le monde sait depuis combien de temps Sassou est venu au monde. Comme le Nicodème des Ecritures, chaque année il naît de nouveau. Du coup, son âge exact devient une énigme. Si Sassou ne connaît pas la date réelle de sa naissance (ce que, par métaphysique on peut comprendre) ses parents, eux, le savent. Certains biographes le disent béninois, d’autres ivoiriens : mais ne vient-on pas tous de quelque part ? Kongo, l’auteur de ce papier, par exemple, vient historiquement de l’Angola. Où est le mal ?
Il reste que si Mama Mouébara, celle qui l’a mis au monde, était encore là, elle aurait pu éclairer son monde sur la date de naissance exacte du Président congolais ! Malheureusement, la mère morte, l’énigme de l’âge de Sassou demeure entière.
Les révélations de Pierre Ngolo
Dieu merci, Pierre Ngolo, l’inénarrable secrétaire du PCT qui, manifestement, semble bien placé pour écrire les mémoires (d’outre-tombe) de Sassou (de quoi rendre jaloux Théophile Obenga) , vient d’éclairer notre lanterne. Récemment ce parent politique de Sassou nous a donnés le véritable âge du chef. A l’en croire, en cette année de grâce 2013, le Président congolais serait exactement âgé de soixante ans . Ni plus, ni moins. Tout le discours qui a été débité sur le jour réel de sa naissance, le créditant de plus de soixante-dix ans, n’était pas du tout fondé. Après de fouilles très minutieuses, Pierre Ngolo est finalement arrivé à la conclusion que L’Homme d’Edou/Penda est né en 1953.
Syllogisme
Question : pourquoi le bureau politique passe son temps à améliorer (en le diminuant) l’âge du capitaine ? Réponse : c’est en vue de légitimer la volonté de Denis Sassou-Nguesso de briguer un énième mandat en 2016. Ce calcul repose sur un syllogisme qu’élabore l’état-major du Chemin d’avenir : « Sassou veut rempiler en 2016, or Sassou est encore jeune, donc Sassou est présidentiable. »
Aussi jeune que sa fille aînée
Etant donné que son actuel état civil réduit à néant le syllogisme de la récidive électorale, alors tous les moyens de contourner l’écueil du vieillissement sont bons pour ses potes ; mêmes les moyens les plus tordus, par exemple la révision falsificatrice de la biographie.
Le comble de la distorsion du réel bio-temporel c’est que dans l’hypothèse où Sassou serait âgé de soixante balais, alors sa fille Edith Bongo (née Sassou) arrivée au monde en 1964, avait pour géniteur un adolescent de 11 ans. Absurde ! Quiconque est au courant de l’anthropologie mbochi sait que dans cette société on peut épouser une enfant de dix ans, mais un garçon de dix ans ne peut pas être autorisé de convoler en justes noces. Ce n’est pas l’historien Jérôme Ollandet, éminent historien issu du terroir, qui nous contredira. Or si 1964 Sassou était âgé de onze saisons, il n’est donc pas le géniteur d’Edith Lucile !
Même classe d’âge que Graille
Dans un récent article Congo-Liberty ironisa déjà sur cette tricherie algébrique à effet rajeunissant quant à l’âge du Boss. Lors d’un colloque organisé par les philosophes congolais sur Sassou sur l’esplanade du mausolée de de Brazza en 2013, le très caustique Ndalla graille plaisanta également sur le sujet. Les langues d’aspic disent que ces deux-là (Sassou et Ndalla Graille) auraient le même âge ; or Graille n’est pas né de la dernière pluie.
Ironie du sort, Pierre Ngolo demande aux autres de ne pas toucher à son Président. Lui-même touche à l’âge du pote.
Mais Sassou qui n’est pas borné à ce point aurait dit à Pierre Ngolo : « arrête de m’aider, ça ne m’aide pas ». En effet, tout le monde a mesuré le ridicule du scénario qui consiste à rajeunir le capitaine à chaque anniversaire. Sans être esthéticien, ça se voit que la morphologie qu’affiche le bâtisseur infatigable (même s’il est soumis à un lifting annuel à Marbella) ne correspond pas à celle d’un jeune homme de soixante berges. Ca se voit : « il fait plus ».
Pierre : cessez d’infantiliser le Chef, ça ne vous grandit pas !
De toute façon, un membre éminent du PCT qui a requis l’anonymat a largement critiqué les « révélations » du secrétaire Pierre Ngolo, réputé zélé courtisan.
Dédoublement
Selon notre confrère Congo-Liberty, Sassou ne veut plus rien entendre de la présidence en 2016, du moins pas directement. Sassou ne compte plus se représenter aux présidentielles. Bonne nouvelle ? Pas si vite. Car le tyran congolais a une astuce : la substitution de sa personne. Il sera là sans être là. Comment ? Manifestement le franc-mac. semble maîtriser la loi du dédoublement. Il va régner par descendant interposé. Par procuration. Soit son fils Crystel Nguesso joue sa doublure soit son neveu Jean-Jacques Bouya le fait.
L’intérêt de cette auto-succession qui ne cache pas son nom est d’éteindre à jamais les poursuites judiciaires à son encontre puisqu’il aura le successeur dans sa poche. Exit l’affaire des Biens Mal Acquis, renvoyée aux calendes grecques la restitution des ossements des De Brazza. Mais il y a un…os pour les Disparitions du Beach. Le crime est imprescriptible.
L’infatigable homme a peut-être soixante piges, mais il n’est pas assez futé pour comprendre qu’il en a assez fait, trop fait.
