On vient de nous annoncer le décès hier, 10 mai 2008, au CHU de Brazzaville de notre ami le chanteur Rapha Boundzeki Wapoungou. Suite à un malaise causé par une crise d’hypertension, il a été emporté par une crise cardiaque.
Né le 4 août 1961 à Brazzaville, Bernard Bounzeki, plus connu sous le pseudonyme de Rapha Boundzeki était le chantre de la sapologie. Il nous laisse une œuvre enregistrée dense que nous n’oublierons pas. Il faisait partie des rares artistes congolais possédant une façade artistique en France. Ces derniers temps il s’était engagé dans un combat pour entrer en possession de ses droits d’auteurs SACEM qui auraient, d’après lui, été détournés par les autorités congolaises de tutelle. C’est en voulant faire valoir ces droits auprès des responsables qu’il est tombé des suites d’une crise d’hypertension. Transporté au CHU il y est décédé. Malchanceux, il faisait aussi partie des expulsés de l’aéroport de Pointe-Noire, affaire dans laquelle il avait perdu sa maison durement acquise.
Nous étions au travail depuis peu de temps pour lui organiser un voyage à Nice. Il y était invité par l’APECO pour animer un gala humanitaire. Nous l’avions encore joint à ce propos il y a deux jours, il ne nous avait pas caché sa joie à la perspective de ce déplacement.
A ses proches, que nous avons pu soutenir au téléphone, ses amis et ses nombreux fans nous présentons nos condoléances très attristées.
La veillée a lieu à Massina, Arr. 1 Makélékélé de Brazzaville, après le pont du Djoué arrêt Manguiers Lukula.
Coup de Gueule
Rapha sera porté en terre le vendredi 23 mai à Brazzaville. Le gouvernement vient de décréter pour lui des obsèques nationales confirmant une fois de plus la règle congolaise désormais bien établie : On en fait plus pour les morts que pour les vivants.
Rapha Boundzeki a été spolié, volé, escroqué, expulsé, oublié, réduit à la mendicité aussi bien par ceux qui sont en place pour aider les artistes que par son producteur. Aujourd’hui qu’il nous a quittés on le célèbre enfin comme une gloire nationale. Ce qu’il est sans le moindre doute.
La dernière fois qu’il était venu me voir au bureau, il m’avait absenté. Il avait déclaré à ma secrétaire qu’il devait vivre chez ses femmes, que ce n’était pas normal. Qu’il avait dû brader sa parcelle de Mbono pour survivre. Qu’il montait à Brazzaville pour tenter d’y résoudre ses problèmes. Il n’y trouva que la Grande Faucheuse.
Pointe-Noire offre à sa veillée le stade Tata Loboko de TiéTié, les groupes et artistes locaux sont priés par la Direction Départementale des Arts et de la Culture de venir s’y produire moyennant la somme obligatoire de 10 000 FCFA par groupe et 5 000 FCFA par artiste. Où vont aller ces fonds ?
A Brazzaville les lieux de veillée se multiplient, la veillée publique semblant devoir se dérouler au CCF.
La mascarade de ces obsèques est une honte. Elle ne sert qu’à masquer l’indifférence qui a marquée les dernières années de ce grand artiste. C’est là encore une escroquerie qui va permettre à ceux qui ont négligé Rapha d’en tirer une gloire posthume. Que ne pouvaient-ils laisser sa famille et ses amis organiser une cérémonie digne et sincère ? Non, bien sûr, c’eût été là une trop grande occasion de perdue pour quelques nécrophages que nous ne citerons pas.
Y.S.
