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Sassou-Nguesso élargit Germain Ikonga Akindou

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L’échéance présidentielle de 2016 est dans tous les esprits au Congo-Brazzaville. Et, encore davantage dans celui de Denis Sassou Nguesso qui n’entend pas décrocher du pouvoir et perdre ainsi son immunité présidentielle. Une situation qui le conduirait de facto devant les instances de la justice internationale pour répondre des chefs d’accusation de crimes contre l’humanité en vertu du principe de la compétence internationale. Une perspective judiciaire qui provoque des cauchemars auprès de Sassou Nguesso et des épigones du « chemin d’avenir  ». D’où sa stratégie de séduction envers les Makoua en leur offrant la liberté de l’un des leurs : Germain Ikonga Akindou.

Par décision personnelle de Sassou Nguesso, le colonel Germain Ikonga Akindou ex directeur de l’équipement des forces armées congolaises (FAC) condamné à 5 ans de prison et au paiement de près de 490 millions de francs CFA dans le cadre de l’affaire de l’explosion du 4 mars 2012 a été libéré.

Frère Germain, le veinard

L’annonce a été faite à l’occasion du quatrième anniversaire de la mort d’Edith Lucie Bongo en présence du malien Ibrahim Boubacar Keita, du guinéen Alpha Condé, du béninois Yayi Boni et du sierra léonais Ernest Baï Koromo. Et, pourtant, le déroulement du procès du 4 mars 2012 nous a appris que : «  la construction de la soute à munitions de Bilolo par des entreprises non qualifiées a été un véritable échec . Après avoir retiré des époux Kouyaté près de 490 millions de francs CFA décaissé auprès du Trésor public destinés à la construction de la soute à munitions de Bilolo, le colonel Germain Ickonga Akindou n’a pas pu livrer aux Forces Armées Congolaises la soute à munitions de Bilolo qui s’est effondrée parce qu’elle a été mal construite  ». En d’autres termes, le colonel Germain Ikonga Akindou est l’un des véritables responsables de l’explosion du 4 mars 2012. Et, c’est ce colonel makoua Germain Ikonga Akindou (un veinard) qui a bénéficié des largesses de Denis Sassou Nguesso, pendant que le colonel téké Marcel Ntsourou, sa femme et sa fille Ruth croupissent en prison après leur arrestation rocambolesque du 16 novembre 2013. Pourquoi ? Sassou croit que la femme et la fille de Ntsourou seraient dépositaires des fétiches du colonel téké comme autrefois il soupçonna la sœur d’Anga de détenir les fétiches de son frère, lors des événements d’Ikonongo dans les alentours d’Owando.

Pour passer entre les mailles du filet de la justice internationale, Sassou a échafaudé un stratagème : procéder à la modification de la Constitution de 2002, taillée pourtant sur mesure, en vue de se maintenir au pouvoir et échapper ainsi aux tracasseries judiciaires. La récente sortie de Théophile Obenga, mbochi de Boundji, sur la modification de la Constitution participe de cette logique. Pour y parvenir, Sassou Nguesso a besoin du soutien de toute la partie Nord du Congo-Brazzaville, son vivier naturel. Sceller l’unité de la partie septentrionale s’avère indispensable. Il est hors de question de s’aliéner une des ethnies du groupe mbochi et avoir à dos les cadres civils et militaires ainsi que les originaires de makoua dont est issu Firmin Ayessa. En effet, les makouas avaient très mal vécu l’emprisonnement de l’un de leurs fils Germain Ikonga Akindou, qui plus est, est le fils d’Auxence Ikonga. L’objectif est clairement de
renforcer l’union sacrée de l’axe Ollonmbo-Boundji-Owando afin qu’aucune fêlure ne vienne compromettre la conservation du pouvoir tant rêvé par Sassou Nguesso, le PCT et les épigones du « chemin d’avenir ».
Les Makoua qui comptent comme membre éminent le général Mokoko, n’avaient jamais digéré le sévère verdit infligé au colonel Germain Ikonga.

La rançon d’une alliance

Donc le groupe Akoua avait fait savoir dans les conclaves mbochi ceci : « Tout le monde vole dans ce pays, pourquoi avoir seulement sanctionné Ikonga ? ». L’argument fit mouche. De toute façon il se suppute que la déposition d’Ikonga fut une habile mise en scène. L’alliance Mbochi lato sensu avait demandé à Ikonga, comme jadis Sassou, de tout « assumer » au sujet de la collusion avec les époux Kouyaté.« Tu couvres Mme Kouyaté née Mbochi. Ensuite, tu fais un peu de prison et, on te libère » promit le haut conseil mbochi présidé par le kani Sassou. Manifestement après la fleur que vient de faire le roi d’Oyo aux « makouéens, » à la cérémonie du souvenir d’Edith Bongo née Sassou, l’accord a parfaitement fonctionné. D’ordinaire c’’est rare que Sassou tienne parole. Mais là il y va de l’union du septentrion. C’est la rançon de la difficile alliance Makoua/Owando/Oyo.

Ainsi, tout le monde peut vaquer à ses affaires courantes et reprendre le flambeau du célèbre slogan de « Ebonga, ébonga té, toujours meilleur  » avec les mêmes méthodes, la même volonté de puissance, avec la même appétence pour l’argent facile et le même goût pour la corruption.

Benjamin BILOMBOT BITADYS

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