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Sassou Nguesso, la main dans le pot de la CENI

Pour la convention IDC-FROCAD, l’accouchement du texte sanctionnant les travaux s’est fait au forceps. Initialement prévue pour durer trois jours, la grand-messe de la plate-forme de l’opposition IDC-FROCAD a joué les prolongations : du 9 au 13 janvier 2016. Et, l’enfantement du communiqué final a été long et douloureux.

Préalables

L’alliance IDC-FROCAD a annoncé sa participation à l’élection présidentielle anticipée du 20 janvier 2016 assortie de conditions. Ces conditions se résument pour l’essentiel, à la mise en place d’une commission électorale dont l’indépendance est reconnue par tous, à l’élaboration d’un fichier électoral fiable, préalablement expertisé avec le concours des services agrées en la matière dont l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), l’Union africaine (UA), l’Union européenne (UE) et autres, de l’identification électronique des électeurs, de l’impression des cartes d’électeurs biométriques et enfin de l’institution d’un bulletin unique. C’est demander à Denis Sassou Nguesso de se faire hara-kiri.

Contre-pied

La plate-forme IDC-FROCAD a eu beau jeu de montrer des signes d’ouverture contrairement à Mathias Dzon qui a prôné a priori le boycott. Mathias Dzon, ancien compagnon de fortune du tsar d’Oyo en 1997 , a eu tort de boycotter la convention de l’idc-FROCAD. Car, les conditions posées par Mathias Dzon, le trouble-fête, et celles de la convention de la plate-forme IDC-FROCAD se recoupent. Il aurait été plus judicieux pour Mathias Dzon de marteler ses exigences séance tenante que de participer à la polyphonie sonnant un air de cacophonie. La probabilité que ces conditions, ces revendications et ces exigences de l’IDC-FROCAD soient prises en compte par Denis Sassou Nguesso est quasi nulle. L’homme d’Edou/Penda est peut-être téméraire mais il n’est pas fou. Denis Sassou Nguesso ne va quand même pas se tirer une balle dans le pied. Conclusion : l’alliance IDC-FROCAD ne participera pas à l’élection anticipée du 20 janvier 2016 .

Vitesse

Pendant que l’alliance IDC-FROCAD luttait contre les contractions de l’accouchement du communiqué final, Denis Sassou Nguesso, le PCT et les épigones du « chemin d’avenir » qui souhaitent toujours conserver une longueur d’avance sur l’opposition peauffinaient leur stratégie de contournement pour gagner l’élection présidentielle anticipée dès le premier tour.

Le bon politique est celui qui dit le contraire de ce qu’il pense dixit Côme Manckasa. Or, Sassou, fait exactement ce qu’il dit. Il avait promis une nouvelle Constitution, il a tenu promesse. « Il y aura des présidentielles anticipées  » murmurait-on. Sans surprise, Sassou les a annoncées. La présidentielle anticipée aura lieu le 20 mars 2016. Sans coup férir, Denis Sassou Nguesso déroule ainsi son calendrier.

CENI

La CONEL de Henri Bouka a été décriée, accusée d’impartialité. Elle a vécu. Pour la remplacer, Denis Sassou Nguesso a brandi l’étendard de la commission électorale nationale indépendante (CENI) . Au lendemain de la clôture des travaux de l’IDC-FROCAD, les députés triés sur le volet ont adopté en séance plénière le 14 janvier 2016 la loi modifiant et complétant certaines dispositions de la loi électorale initiale de 2001. Cette nouvelle loi apporte plusieurs innovations, entre autres la création de la Commission nationale électorale indépendante ; l’augmentation des frais de participation aux différents scrutins, ainsi que l’introduction du bulletin unique. La biométrie, a dit le ministre de l’Intérieur et de la décentralisation, Raymond Zéphirin Mboulou, sera progressivement introduite dans le processus électoral, au regard des exigences qu’impose ce procédé (Les Dépêches de Brazzaville, 14 janvier 2016). Balayant ainsi d’un revers de main les propositions formulées par la plate-forme IDC-FROCAD dans le texte final et mettant entre parenthèses les derniers espoirs suscités par l’annonce de la mise en place d’une CENI véritablement indépendante qui aurait la charge de toutes les opérations électorales. L’établissement du système biométrique ? Pas pour la présidentielle anticipée ! On verra plus tard pour les prochaines élections, répondent en chœur les épigones du « Chemin d’avenir  ». Le temps de lancer la machine à tricher chère au PCT et à Denis Sassou Nguesso arrivé en troisième position aux élections libres, régulières et transparentes de 1992 avec 17 % des suffrages. Denis Sassou Nguesso n’entend pas revivre la même humiliation. C’est la raison pour laquelle le locataire du palais de Mpila ne souhaite aucunement perdre la maîtrise et le contrôle de la CENI.

Blocage

Le piège de la CENI se referme lentement mais sûrement sur Denis Sassou Nguesso, le PCT et les épigones du « Chemin d’avenir  ». Tel est pris qui croyait prendre. Sauf, renversement de rapport des forces sur le terrain et des pressions extérieures, l’élection anticipée du 20 janvier 2016 se tiendra en l’absence du candidat affichant la bannière de l’alliance IDC-FROCAD. Dès cet instant, l’opinion internationale aura le loisir de mettre un nom sur celui qui bloque le dialogue politique au Congo-Brazzaville.

Benjamin BILOMBOT BITADYS

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