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Sassou candidat en 2016 ? Pas si vite !

L’homme tergiverse, ne dort presque pas, hésite. Se présentera ? Se présentera pas ? Là est la question. Jusque-ici les « mpilaologues » (pardon pour le néologisme) se perdaient en conjectures quant au sort qui attend le Congo à l’orée 2016. Mais maintenant qu’on peut lire entre les lignes, depuis qu’on peut décoder des attitudes, procéder à des analyses de contenu du discours, tendre l’oreille en direction de Washington, lorgner vers Paris, on peut faire le pronostic qu’il n’y aura peut-être pas rempilage.

Le beau Blaise

Echaudé par la crise burkinabé, Denis Sassou-Nguesso aurait, semble-t-il, changé de fusil d’épaule. Tout porterait à croire que ceux auprès desquels il aurait négocié sa sortie lui auraient assuré que si jamais il donnait la garantie que ni lui ni aucun de ses enfants et parents proches ne présentaient leur candidature pour lui succéder en 2016, il pourrait alors savourer une paisible vie après la longue vie politique qu’il a vécue à la tête de son pays.

On dirait que Sassou commence de moins en moins à croire qu’après lui c’est le déluge.

Le discours à la Nation

Remontons le temps : le 12 août dernier, devant les parlementaires, le thuriféraire Justin koumba prononce une phrase passée inaperçue :« Monsieur le Président, les Congolais vous écoutent. » Le Président de l’Assemblée invitait ainsi le Président de la République d’annoncer aux congolais la révision ou le changement de la Constitution. Justin Koumba qui était dans le secret des Dieux pour avoir déjà parcouru le discours de son chef, pouvait jouer les prophètes. Il savait que le Chef de l’Etat comptait annoncer sa décision de modifier la Constitution. C’était devenu un secret de Polichinelle que Sassou allait remettre ça car il n’avait pas encore fini (selon ses fans) d’exécuter son projet de société.

Le sang des autres

Quelle ne sera pas la surprise de Justin Koumba quand Sassou dans son allocution zappe in extremis cette partie. Au grand déplaisir des thuriféraires dont les regards hagards, s’interrogent sur ce qui ressemble à un changement de cap. Que s’était-il passé ? « Pourquoi la volte-face », se demandaient parents, clients et courtisans ? Ce qui s’est passé, c’est que, arrivé à ce point du discours, Sassou improvisa. « Le sang des autres a assez coulé  » dit-il, prenant de court ceux qui étaient au courant du discours d’origine.

Sassou avait-il été touché par le St-Esprit ou, par un froid calcul, avait-il jeté du lest en espérant qu’à sa chute aucun de ses cheveux ne soit arraché par le peuple en colère ? That is the question.

Le conclave du PCT

Annoncée tambours battants par le PCT la fameuse réunion du 8 novembre à l’issue de laquelle le PCT allait donner son sentiment sur le changement ou non de la Constitution a fait languir tout son monde. La montagne a accouché d’une souris. Faute de consensus le débat est renvoyé à la base c’est-à-dire renvoyé sine die car il est de notoriété publique que la base du grand PCT n’est constitué que de figurants payés « per capita ».

La peur aurait changé de camp

Le non-dit du discours de Sassou le 12 novembre 2014 et la révolution au Burkina-Faso ne sont pas étrangers aux tergiversations du PCT après le conclave du 8 novembre. Pour une fois, ironisent les observateurs, «  la peur a changé de camp ». C’est que, d’ordinaire loquaces, les cadres du PCT deviennent muets comme des carpes. Peureux, on peut aussi en dire autant du très caïd Jean-François (grand gifleur devant l’Eternel) qui vient de se fabriquer (lui et sa famille) de faux passeports pour parer toute éventualité. Au grand dam de Sassou.

Baroud d’honneur ou aveuglement (on ne sait) nombre de caciques du PCT (parmi lesquels Ngolo, Mounoukou) continuent de clamer que « Le Congo n’est pas le Burkina-Faso ». En clair Sassou « for ever ! »

En réalité le noyau dur du PCT semblerait déjà au parfum : le chef Sassou ne rempilera pas.

Franc-maçonnerie

Le récent rite maçonnique qui a surélevé Sassou en grade serait probablement à mettre au compte d’une volonté de s’assurer une parade protectrice contre toutes poursuites judiciaires à l’inverse de son ex-homologue Laurent Gagbo en train de répondre à la CPI des supposés torts qu’il aurait fait subir à son peuple. L’initiation de Sassou dans la coûteuse loge construite à Brazzaville consisterait, en toute hypothèse, à le doter d’un garant spirituel en plus de la garantie protectrice que lui aurait promis L’Elysée.

Mise en garde épistolaire

François Hollande aurait-il écrit au bout du compte deux lettres dont la seule, rendue publique, est celle adressée à Blaise Compaoré et l’autre (la confidentielle ) celle adressée à Denis Sassou-Guesso ?

La suite, on la connaît : malgré la mise en garde épistolaire, Blaise s’est entêté. Mal lui en a pris. Sassou qui ne supporterait pas d’être humilié (aucun Roi n’aime être mis à nu) aurait alors choisi la voie de la sagesse, la vraie sagesse (pas celle des hurluberlus du Pool et des Pays du Niari). Il aurait pris le parti de partir en douce. Scénario différent de celui du maréchal Mobutu à qui le peuple avait botté le cul.

Le vieux singe

A la question du Lion adressée au Singe, « qui donc t’a rendu si malin ? » Sassou pourrait répondre, comme dans La Fable : « Sire c’est le coup de pied que tu as assené à la hyène  »

Dans ce casting de La Fontaine, la hyène c’est Blase Compaoré, le Lion c’est le peuple, le Singe, Sassou.

Thierry Oko & Simon Mavoula

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