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Sassou et la révolution internet

Sassou a coupé le signal Internet au Congo. Soucieux de ne pas se compliquer la tâche en cette période si difficile pour son pouvoir, Sassou ne ménage aucun effort pour sortir de cette terrible situation sans laisser trop de plumes. Alors il a décidé le black out total durant ce weekend de tous les dangers.

C’est que, pour son malheur, la mondialisation est un phénomène qui a également touché la communication.

Huis clos

En effet, le tyran de Brazzaville avait compté sans les réseaux sociaux lorsqu’il voulut tricher et tuer à huis clos.

Sa chaîne de télévision nationale dite Télé-Foufou misait sur le principe du monopole pour enfariner les Congolais et la communauté internationale. L’homme d’Oyo espérait faire tinter un seul son de cloche en guise d’hymne national. Hélas, malheureusement pour l’artiste de l’Alima, à partir des années 2012, explosa la révolution informatique avec son lot de désaliénation intellectuelle. Dorénavant celui qui s’informe a le choix, voire l’embarras du choix. Il ne s’embarrasse plus de Télé-Nkombo ou de la Voix de la Révolution Congolaise. Sassou peut toujours chanter qu’il est le seul garant de la paix. Il peut toujours courir. Il est à la vérité ce qu’un arracheur de dent est à son patient.

Autoroute de l’information

Jamais la formule de Mac-Luhan « le monde est devenu un village planétaire » n’a été aussi vrai avec le boum du numérique. Lorsque tu bats le tam-tam à Brazzaville, on l’entend à Honolulu, Paris, Monomotapa, Kansas City. Son, images et écriture empruntent d’immenses autoroutes de l’information qui ont rendu vieillots les faisceaux hertziens. Facebook, Yahoo, Google, Twiter ont donné alors un autre visage à la communication. Au monopole stalinien de jadis s’est substitué le pluralisme Internet de la génération Selfie.

La Côte Sauvage

A partir de 2015, lorsque Sassou décide de modifier la Constitution et d’anticiper les élections d’août 2016, il n’imagine pas un seul instant le tort que va lui causer le réseau numérique. Le pire adversaire de Sassou aura été le petit téléphone portable. Ce moyen de communication a mondialisé en temps et en heure la moindre action de l’Opposition à son régime. A ce jour, il suffit d’une petite application dans son Samsung pour informer la terre entière. Le moindre usager d’internet se fait la joie de mettre à mal la communication exclusive des appareils d’Etat à l’image de Radio-Congo, Télé-Congo, Congo-Site, Les Dépêches de Brazzaville. S’il fallait compter sur les médias aux ordres de Mpila, le méga-meeting de Mokoko ou Kolélas à Pointe-Noire n’aurait pas dépasser les limites de la Côte Sauvage ou celles de la forêt du Mayombe. Dieu merci, l’opposant n’en est plus réduit de crier dans le désert.
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L’interdiction d’accès de l’Opposition aux chaînes de Sassou a eu un effet nul sur l’impact de la communication d’un Okombi Salissa, d’un Tsaty Mabiala, Claudine Munari tant les images de l’internaute amateur ont joué de leur efficacité grâce aux nouvelles technologie de l’information.

Pis : malgré la puissance des médias locaux de Sassou, les partisans du tyran se sont agrippé au réseau numérique pour asseoir la propagande de leur poulain. Regardez comme ils squattent Facebook !

On peut comprendre que l’ami Thierry Moungalla ne soit pas hostile à l’interruption du signal internet le 20 mars, jour où Sassou risque de basculer à jamais dans le néant de la visibilité politique. L’ami Moungalla aura tort car lui-même est un maniaque de Facebook.

Quand, en 32 ans de régime, Sassou envisagea d’exclure ses adversaires du paysage audiovisuel congolais, il ne pouvait pas imaginer un seul instant qu’ à partir des années 2000, des sites comme Mwinda, Zenga-Mambu, Brazza-New, Star du Congo, Ziana-TV, Congopage allaient prendre le relai de l’information.

Tenez par exemple, de même que les Congolais de la diaspora (extra-muros ) savent tout de la situation nationale, de même aucune action internationale n’est plus méconnue des Congolais intra-muros. Des marches à Château Rouge jusqu’aux sièges de Total aux quartiers de la Défense à Paris, les Brazzavillois, les Ponténégrins, les vivent comme s’ils y étaient.

Quand Louis Althusser dit qu’un régime politique repose sur ses Appareils idéologiques d’Etat dont il a le monopole, le philosophe non plus ne songe pas à la révolution culturelle numérique. Désormais le diktat de l’Etat s’est émietté et l’idéologie n’est plus du seul ressort du PCT. La globalisation est passée par là.

Non seulement, effet pervers, le monopole se retourne contre les partisans des médias « avec exclusif, » car les peuples adorent boycotter ceux qui les briment et les oppriment, mais, en plus, ce 20 mars 2016 Sassou risque de faire les frais du libéralisme des médias induit par les réseaux.

Que Sassou ait alors décidé de fermer internet, le temps de tricher, c’est de bonne guerre en tant que dictateur.

Simon Mavoula

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