email

Sassou : voyou, voleur, filou, crapule

« Papa Bonheur » porte bien son nom. Donné pour politiquement mort le 20 octobre, Sassou, trente deux ans de pouvoir sans partage, a rebondi ce 25 octobre 2015 grâce au coup de pouce d’un ami socialiste, un certain François Hollande. Il a ressenti le plaisir d’être dictateur lorsque le taux de participation, extrêmement bas, lui a permis de gagner néanmoins son référendum avec un score brejnevien de 75%. Vraiment, que du bonheur. On l’a enterré trop vite. Il a fallu que Radio RFI dont les journalistes ont un esprit critique très élevé (si vous voyez ce que je veux dire) , remette les pendules à l’heure en informant ses auditeurs que grâce audit référendum Sassou pourra briguer un troisième mandat en 2016 (entendez qu’il ne va pas le perdre). Ce n’est pas le bain de sang du 20 octobre à Makélékélé et à Pointe-Noire qui va l’en empêcher.

FN

Autre chose : le degré d’humanisme fort intense que peut désormais afficher le Front National. Les fachos seraient indignés par l’attitude fort peu sympathique de l’homme de Dakar (entendez François Hollande) à l’endroit des Africains. Ceux-ci avaient pourtant applaudi la façon dont François Hollande avait (comme disent les Ivoiriens) « chicotté » Blaise Compaoré voici moins d’un an...pour les mêmes raisons que Sassou : le goût prononcé pour le référendum.

Du coup Marine Le Pen doit boire du nectar. Les Français d’origine congolaise ne trouvent plus le FN laid. Ils ont promis voter le Fhaine, c’est-à-dire donner une leçon à l’ex-mari de Ségolène Royal, ex-amant de Valérie Trieweller, néo-pote de Denis Sassou-Nguesso. Du coup, avec ses stigmates boutonneux, 99% de Congolais et d’Africains commencent à trouver Hollande hideux. Comme quoi la beauté esthétique est idéologique et politique.

Frais

Les chants patriotiques de la diaspora congolaise, samedi 24 octobre (entre République et Marcadet Poissonnier) et dimanche 25 octobre 2015 (Place Venezuela) ont dû faire rigoler les capitaines d’industrie français, en l’occurrence le pétrolier Total. C’est que c’est le major français qui fabrique les rois d’Afrique.

Or, pour l’heure, le pantin que les lobbyistes ont articulé pour le Congo (jusqu’à preuve du contraire) c’est Denis Sassou-Nguesso. Le veinard ! Mais tout de même, comment a-t-on pu choisir un outsider de cette trempe, car pour être manipulable à souhait, ce pantin-là est un pôvre type en plus d’être une marionnette. Il se trouve que, hélas, malgré ses 72 balais, le lobby pétrolier doit trouver le tyran toujours frais. Frais et dispo...

Blue’s

Serait-ce pour cette raison que les chants patriotiques congolais ont eu un je sais quoi d’étrange qui faisait penser à un Requiem (au lieu d’un Gloria) alors qu’on était supposé célébrer la désaliénation du peuple (entendez la libération du joug sassouiste) ?

Les Congolais abattus ? Oui mais pas tant que ça. Ce 20 octobre 2015 « les Congolais ont perdu une bataille mais pas la guerre ». La preuve : on a marché sur les Champs Elysée. Encerclés par les condés, les marcheurs ont été littéralement engouffrés sans ménagement dans la bouche du métro Victor Hugo par groupe de dix. Et il y eut au moins vingt groupes. Etant donné que la plupart des acteurs du sit-in de la Place du Venezuela n’avait pas marché sur les Champs, en additionnant avec les 200 marcheurs, on peut dire qu’il y avait au moins 1000 indignés sur la voie publique ce dimanche 25 octobre 2015. Bref, Sassou n’a qu’à bien se tenir, la lame de fond ira grossissant d’ici à 2016. Au moment où nous mettons ce papier en ligne, on apprend que le OUI l’aurait emporté à 92.96%. Le taux de participation, selon Sassou, aurait été de 72.44%. Le bonheur, quoi. En vérité la logique cartésienne devrait nous inciter d’inverser ces chiffres. Quand un voyou triche, il ne met jamais les formes. La filouterie n’est plus ce qu’elle était.

Cocktail Molotov

« Si c’était le monde arabe qui avait été offensé par François Hollande, Paris serait à feu et à sang à l’heure qu’il est » analysera, Place Victor Hugo, à la fin du meeting un jeune manifestant très admiratif du système des banlieues : voitures incendiées, jet de cocktails Molotov. « File-moi tes coordonnées, mec, tu m’intéresses » lui demandera son interlocuteur, agité, ferme, prêt à tout : un véritable Gavroche.

« Nous les Congolais on est très mous » : voilà le postulat souvent posé dans les débats sur nos échecs quant à déboulonner Papa Bonheur, voyou, bandit de grand chemin, gredin, canaille, tubabrigand (tueur, bandit, brigand).

Les indignations des communards parisiens doivent sonner comme une belle symphonie dans les oreilles du général Mbaou qui a toujours émis la proposition de lever une armée congolaise de libération du peuple. Les meetings sur les boulevards parisiens, c’est bien beau. Mais le feu se combat par le feu ; les coups d’état se combattent par des tas de coups. Victor Hugo a tout décrit dans « Coup d’État du 2 décembre 1851 » quand Napoléon III procéda comme Sassou en tripatouillant la Constitution pour se maintenir au pouvoir. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil de Satan.

Ca va chauffer au prochain sommet sur l’environnement, quand Sassou viendra compléter le reste du montant du contrat conclu entre lui et Hollande. Les Congolais lui réserveront un bel accueil comme celui fait à Pinochet à Londres où le dictateur chilien vint se soigner avant de rendre l’âme.

Simon Mavoula

Laissez un commentaire
Les commentaires sont ouverts à tous. Ils font l'objet d'une modération après publication. Ils seront publiés dans leur intégralité ou supprimés s'ils sont jugés non conformes à la charte.

Recevez nos alertes

Recevez chaque matin dans votre boite mail, un condensé de l’actualité pour ne rien manquer.