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Siège nocturne de l’Ambassade du Congo à Paris.

L’Opposition congolaise en Île de France était catégorique. « Si jamais Sassou annonce la date de son Référendum, nous dégainons l’artillerie lourde  » Entendez : l’assaut de l’Ambassade. Chose promise, chose due. Le tyran congolais ayant nuitamment craché le morceau (la nuit du 5 au 6 octobre 2015), la riposte de la diaspora n’a pas tardé. La chancellerie a été prise d’assaut mardi 6, entre chien et loup, à l’heure où le soleil n’a pas encore disparu derrière l’horizon et où le manteau de la nuit n’a pas encore totalement recouvert la ville de lumières. L’insurrection est de l’ordre de l’intemporel. Troie tomba la nuit.

Une centaine de Congolais piqués au vif par le poinçon de la fourberie pécétiste a afflué vers la Chancellerie, décidé d’assiéger ce symbole de la diplomatie caricaturale de Sassou. Un cordon policier a alors déjoué (en laissant néanmoins faire) le projet héroïque de la diaspora congolaise en colère comme si, après le discours de Dakar, L’Elysée confirmait sa prise de distance, sa désapprobation. Voire sa condamnation.

Ce mardi, la loi du nombre n’a pas semblé décourager car en temps de crise l’expression de la résistance n’attend pas la foule pour entrer en scène. On n’était pas légion Mais quelle masse d’énergie cette petite foule a soulevée !

« C’est notre maison, la maison du Congo ! » ont clamé les assaillants aux CRS qui les ont empêchés d’entrer dans l’enceinte de l’Ambassade. Le bras de fer sera bref. Mais comme il en disait long sur la connivence entre l’ordre de la police et le désordre des assaillants ! La prochaine interaction aura lieu vendredi 9 octobre. Gageons que ces mini tsunami du bord de la Seine feront des vagues au bord du fleuve Congo.

Nocturnes

Dans le manteau bleu de la pénombre, ombres chinoises, car il fait déjà nuit, on remarque les piliers du respect de l’ordre constitutionnel actifs dans la diaspora : Sadio Kanté, Magloire Ndoba, Alexis Miayoukou ; Didier Mahouèle, Gatien Samba, Tony Moudilou, Kouzonzissa, Djess Dia Moungouassi, Gertrude, Bakékolo, Aya Tonga etc.

Misérable Sassou

Vers 20 h, après l’hymne national, la manif se disperse en silence, sous l’œil vigilant d’un commissaire de police. Ironie du sort, les manifestants se dirigent vers le métro Victor Hugo, du nom du grand écrivain de l’insurrection parisienne. V. Hugo a écrit « LES MISERABLES ». Thème prédestiné dans la société des tyrans africains, Sassou est un misérable qui a liquidé tous les espoirs des Congolais.

Constitution justaucorps de Sassou

Dans la nuit de lundi ce Napoléon III de l’Alima a donné le coup de grâce à la Constitution de Janvier 2002, son propre bébé. Vous parlez d’un infanticide. Au risque de s’asphyxier, il s’est taillé un justaucorps. Pour la petite histoire, Napoléon III, après avoir massacré les Communards de Paris, restauré la monarchie, envoyé en exil en Belgique les intellectuels, finit lui-même par être en rupture de ban avec la magistrature suprême. Chien perdu sans collier, il finit sa vie comme un mythe errant.

Sassou qui se targue de lire Machiavel ne connaît pas ses classiques. Il a beau remanier la Constitution par des tours de passe-passe en y logeant des articles qui dédouanent du crime (ses crimes), il n’échappera pas à la justice des hommes en 2016.

Voyou, filou, voleur, brigand, tueur

Voilà un bonhomme, Sassou, chef de bande, gibier de potence à qui rien n’a été demandé qui voudrait consulter le peuple. Le comble est que l’assurance avec laquelle il convoque le référendum indique qu’il ne va pas le perdre. Et, c’est-là qu’il y a anguille sous roche. C’est-là que le bât blesse.

Personne n’est dupe de la savante mise en scène où la pudeur n’a pas place, où le culot brille dans sa plus grande laideur. L’œil malicieux, ce renard de Tchambitso qui feint d’être légaliste invite tout le monde de jouer un jeu savamment pipé. « Venez donc me battre si vous avez le cran » dit ce singe, conscient qu’en Afrique bananière « on n’organise pas les élections pour les perdre ».

Voyou paré d’habits mondains, il ne laisse aucune parade à ses adversaires en organisant une aussi grande compétition en deux semaines. Bandit de grand chemin, autoproclamé Président d’une République, Sassou fait semblant de s’abriter derrière la Loi alors même qu’il ne l’a jamais respectée en trente ans de règne. Comment comprendre (à moins que le personnage ne soit atteint de schizophrénie) comment comprendre qu’après avoir condamné Lissouba pour les mêmes raisons qui le condamnent, Sassou puisse envisager occuper le devant de la scène sans qu’on ne lui balance des œufs pourris comme on le fait le mardi gras ou dans le mauvais vaudeville.

D’ailleurs un de ces quatre, l’occupation de la rue, la désobéissance civique vont se faire, sur arrière-fond de chants patriotiques pires que ceux entendus par l’Abbé Fulbert Youlou en 1963 avant de quitter la scène politique, lui qui ne commit même pas le quart du tiers des crimes accumulés par le voyou d’Edou/Penda.

Dans quel pays vit-on où ceux qui veulent nous diriger disent, en riant, «  au pouvoir, j’y suis, j’y reste » ; « plaise à Dieu que je vous en fasse voir de toutes couleurs dans les jours qui viennent. »

Et cet audacieux de poursuivre :
« Que celui qui n’est pas content aille se plaindre aux milles diables. »

On ne peut que regretter que l’ami Thierry Moungala serve de porte-parole à l’infamie.

Epilogue

Sadio et Ego avons préparé le chemin d’avenir de la manif du vendredi 9 octobre 2015 en faisant les magasins de musique du Métro Anvers, ce mercredi, afin d’améliorer la sono. C’est que vendredi dernier, les mégaphones n’étaient pas de taille à faire beaucoup de bruit pour la Liberté. On se souviendra, Sadio et moi, des caprices du GPS qui nous a conduits partout et nulle part, à la tombée du jour, dans les forêts domaniales des Yvelines, à la recherche de son adresse à elle. Au passage nous avons même longé Suzette (la villa saisie). Bref, tout cela pour dire que Sadio Kanté Morel est un cordon bleu. Mézigue a encore à la bouche le succulent goût de bouillon de poulet fumé que notre Rosa Luxembourg nous a mijoté à la bonne franquette, après cette longue journée.

Thierry Oko

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