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Rédemption

Télégramme aux chrétiens du Congo : « qu’avons-nous fait de notre foi ? »

Dans notre précédent article portant le titre de « Deuxième page de notre Télégramme à Mgr Anatole Milandou : « Te voilà vieux et tes fils ne marchent pas sur tes traces », nous avons dit que les religions les plus pratiquées au Congo sont chrétiennes. Elles comptent 85,9% de la population totale.

D’après la Banque mondiale, la population du Congo en 2017, était de 5.261.000. Les 85.9% des chrétiens, même s’ils ne sont pas tous dans les Eglises membres de l’Œcuménisme, font un total de 4.518.340 de Congolais qui pratiquent le christianisme.
Pourtant, nous devons ajouter à ce chiffre celui des autres Congolais qui pratiquent d’autres religions qui ne sont pas chrétiennes ; mais qui prônent, elles aussi, les mêmes valeurs que le christianisme ou connaissent et obéissent aux Dix Commandements de Dieu.

Mais, c’est le « Tu ne voleras pas. Tu ne mentiras pas. Tu ne tueras pas » que l’on trouve aussi dans les religions traditionnelles et que Mgr Ernest Kombo, Président de la Conférence Nationale Souveraine, avait posé comme l’une des pierres angulaires dans la construction d’un Nouveau Congo, que nous mettons en exergue dans cet article.

85.9% de chrétiens, c’est un grand atout

4.518.340 de Congolais, soit 85.9% de la population totale du Congo, c’est un grand atout pour la démocratie, les droits de l’homme, la bonne gouvernance...
En plus, Denis Sassou Nguesso, le président autoproclamé du Congo, est un chrétien, lui aussi. Il avait été baptisé en la cathédrale Saint-Paul de Dolisie. Il vit sa foi chrétienne puisqu’il participe à certaines grandes manifestations religieuses, construit des églises, et va à Rome rencontrer le pape. Signalons, par ailleurs, que son gouvernement avait participé à la réhabilitation de la Basilique Sainte-Anne du Congo. Mais, Denis Sassou Nguesso est aussi, lui-même, un constructeur d’églises. Il venait d’en construire une très luxueuse, à Oyo.

Nous avons aussi au sein du pouvoir, notamment dans l’équipe gouvernementale le ministre-pasteur Bruno Jean richard Itoua du CIFMC, des anciens séminaristes et Cébeistes évangéliques. Ce qui veut dire que le message de Mgr Anatole Milandou président en exercice du Conseil œcuménique du Congo les concerne, eux aussi.
Le Congo ne devait donc pas avoir des difficultés pour vaincre la médiocrité politique et les comportements antivaleurs ou faire respecter les Dix commandements. Puisque son capital humain est à 85,9% chrétien. Même s’il est un Etat laïc.

Contraste ahurissant

Malgré le pourcentage des chrétiens qui est très élevé, le Congo vit un contraste ahurissant. Le pays est classé au bas de toutes les échelles mondiales pour ce qui concerne la corruption, la gouvernance, la démocratie, les droits de l’homme, l’environnement, la qualité de la vie…
D’ailleurs, les Congolais, eux-mêmes, qualifient leur pays de sans loi ni foi. Alors qu’ils ont un chrétien à la tete du pays, un ministre pasteur, des ministres qui sont des anciens séminaristes ou Cébeistes.

Chrétiens, les Congolais ne le seraient que de nom ?

Un pays sans loi ni foi ? Cette expression devait interpeller, à la fois, l’Etat et l’Eglise. Car, un pays où le peuple n’a ni loi ni foi n’est qu’une jungle c’est-à-dire un milieu où ne règne que la loi du plus fort.
Mais, pouvons-nous aussi dire que Chrétiens, les Congolais ne le sont que de nom, (…)pour que leur pays patauge dans les antivaleurs sur tous les plans et à tous les niveaux.
Pourtant, Rapha Boundzeki dit Afara, musicien congolais décédé, recommandait aux Chrétiens ceci : « Un chrétien doit avoir un caractère chrétien » (écouter « Christianisé »). Mais, pourquoi les Chrétiens congolais n’ont-ils pas un caractère chrétien ?
Les sociologues répondront à cette question avec beaucoup de précisions et d’arguments. Quant à nous, nous pensons que la première cause serait le modernisme mal défini et assimilé venant de l’Occident et qui dénature tout : civilisations, religions, cultures, mœurs, coutumes…
Nous ajoutons un fait : les Eglises chrétiennes du Congo ne sont pas très agissantes.

Sœur Anuarité Marie-Clémentine Nengapeta

Examinons le cas de l’Eglise catholique que nous connaissons bien. On y trouve ce que l’on appelle les « groupes de prière et les mouvements d’apostolat. »
Malheureusement, tout est confondu dans ces groupes. Deux cas d’espèce nous poussent à le dire. Il s’agit de la « Fraternité Anuarité » créée à partir de la dévotion à Sœur Anuarité Marie-Clémentine Nengapeta, une religieuse congolaise (RDC) qui avait été béatifiée par le pape Jean-Paul II ; et la Confrérie Cardinal Emile Biayenda. Néanmoins, les deux ont un charisme commun : la prière. Alors qu’elles ne devaient pas être des groupes de prière, même lorsque les témoignages sur les intercessions de la Bienheureuse Anuarité et du Cardinal Emile Biayenda sont très édifiants. Nous, nous voulons garder la Bienheureuse Anuarité et le Cardinal Emile Biayenda dans l’apostolat.

Temple de Dieu

Rappelons que Sœur Anuarité Marie-Clémentine Nengapeta avait été tuée pour avoir défendu sa virginité devant ses bourreaux qui voulaient la violer. Elle était convaincue que son corps était un « temple de Dieu », et que sa virginité lui permettait d’être digne et de garder sa relation privilégiée avec Dieu. Dieu avait demandé à Moïse d’ôter ses sandales. Peut-être avait-il demandé à Anuarité de garder sa virginité pour être digne de le servir. Nous pensons que le mystère de la vie d’Anuarité se situe à ce niveau. Et, la Fraternité Anuarité devait donc être un Mouvement d’apostolat auprès des jeunes filles et garçons qui sont vierges. Car, ils font l’objet des moqueries. Et, leurs milieux de vie les poussent précocement à l’activité sexuelle. Avec tous les risques que cela comporte : maladies sexuellement transmissibles, grossesses non-programmées ou désirées, maternité à bas âge… Ces jeunes manquent d’accompagnateurs et sont exposés à la pédophilie et au mariage avant leur majorité. Ils sont tout simplement fragiles et victimes d’une culture liée au modernisme. Ne pas avoir une copine ou un copain à tel ou tel autre âge devient scandaleux. Alors que dans les pays ouest-africains, par exemple, la virginité des jeunes filles est très encouragée par les traditions.

Cardinal Emile Biayenda

Il en est de même pour la Confrérie Cardinal Emile Biayenda. C’est dans sa prière qui est en même temps une exhortation faite aux Congolais d’être des hommes de paix et de sauver l’unité nationale, alors que le pays était au bord d’une guerre civile, après l’assassinat du président Marien Ngouabi en mars 1977, qu’il faut trouver la vocation de la Confrérie Cardinal Emile Biayenda.

L’analyse et la bonne compréhension de ce texte poussent à faire du Cardinal Emile Biayenda un martyr de la paix et de l’unité nationale. L’apostolat de la Confrérie Cardinal Emile Biayenda devait donc être focalisé sur la paix et l’unité du Congo. Cette confrérie devrait être le défenseur de la paix et de l’unité nationale. Certes, elle doit intervenir à travers la prière ; mais son action devrait être plus attendue dans l’éducation à la paix et à l’unité nationale, les rencontres avec les hommes politiques chaque fois que la paix et l’unité nationale sont menacées.

Dictature

Aujourd’hui, à cause de la dictature de Denis Sassou Nguesso et du tribalisme qu’il a érigé en une doctrine politique, sociale et économique, et de ses guerres politiques récurrentes, certains esprits ont commencé à prêcher la division du Congo en deux Etats : le Nord Congo et le Sud Congo. Où sont les disciples du Cardinal Emile Biayenda pour appeler les Congolais à préserver l’unité nationale ?
Aujourd’hui, Sassou Nguesso prépare la guerre de 2021. Les armes qu’il a achetées en Turquie sont arrivées, cette semaine, à Pointe Noire. Où sont les membres de la Confrérie Cardinal Emile Biayenda pour prêcher la paix ?
Les disciples du Cardinal Emile Biayenda devaient trouver là l’occasion d’entamer un périple à travers tout le Congo pour prêcher la paix et l’unité nationale.
Il faudra donc redéfinir les vocations des différents groupes pour que l’Eglise catholique soit plus agissante.
Nous recommandons cette démarche à toutes les églises membres du Conseil œcuménique du Congo.

L’œcuménisme

Sur le plan œcuménique, l’unité des chrétiens du Congo ne devrait pas se limiter à des semaines de prières. La semaine du « kintuari » passée, la flamme de l’œcuménisme est éteinte pour n’être allumée de nouveau que l’année prochaine à la même période.
Alors que toutes les Eglises membres de l’œcuménisme peuvent élaborer et gérer des grands projets nationaux.

Par exemple, ouvrir un grand centre de recherches théologiques pour bien étoffer l’œcuménisme au Congo, un centre de loisirs et de colonies de vacances pour les jeunes, un centre de retraite spirituelle, de séminaire et de conférence.
En ces moments incertains où l’achat des armes et des munitions de guerre, par Denis Sassou Nguesso, replonge les Congolais dans la psychose de la guerre, ce centre devrait abriter des retraites spirituelles pour les chrétiens venant de toutes les Eglises membres de l’œcuménisme.

On peut aussi créer des mouvements de jeunesse, des légionnaires de la paix pour éduquer les jeunes et les empêcher de se faire enrôler dans les milices privées des partis politiques.

Serge Armand Zanzala, journaliste et écrivain

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