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Devoir de mémoire

Témoignage de Marie-Alfred Ngoma à Cyriaque Bassoka

La disparition brutale du promoteur culturel, Cyriaque Bassoka, a ébranlé la communauté congolaise (et au-delà). Que de projets laissés en perspective ! Ci-après le témoignage du journaliste Marie-Alfred Ngoma.

J’ai appris l’annonce de la disparition de Cyriaque en début d’après- midi de jeudi 9 avril dernier. J’avais eu un contact prolongé avec lui quelques jours auparavant. Sur le coup, cette nouvelle m’a provoqué un terrible choc et profondément abattu.

Aujourd’hui, je me retrouve dans une posture où j’aurais voulu ne jamais avoir à parler de lui pour sa nécrologie !

Mais, le devoir de mémoire exige tout de même que je témoigne pour un homme que j’ai bien connu, aux qualités humaines remarquables, d’une grande exigence, et doté d’une personnalité exceptionnelle. C’était un ami, un frère, un amoureux de la Culture.
Oui, la Culture, c’est le lien qui nous a rapprochés depuis 2009, à l’époque où je m’occupais de la promotion de la Culture à la Librairie galerie Congo.

En tant que producteur et promoteur Culturel, Cyriaque Bassoka avait trouvé la meilleure vitrine pour toutes ses productions : Les Bantous de la Capitale en 5 volumes, Pamelo, Papa Kourand, Jackson Babingui, pour ne citer que quelques-unes de ses réalisations.

Au fur et à mesure, nous nous sommes côtoyés au point qu’il me mettait dans la confidence de ses multiples projets. Il m’a fait part d’immortaliser l’œuvre d’Essous. Ensemble, nous avons recherché les financements. Malheureusement, les mécènes se sont montrés insensibles.

Il me confiait ses découragements. Il regrettait de n’être jamais suivi par « ceux qui ont les moyens  » de le soutenir, à commencer par le ministère de la culture du Congo. Face au désespoir, il confiait son intention d’envisager rompre avec le Congo.
Quelques jours après, il revenait avec détermination pour me parler d’un artiste congolais qu’il venait de produire. Je pense, par exemple, à sa récente collaboration réussie avec Arcade Mboungui.

La Guinguette et la rumba

Il aimait son pays : promouvoir les artistes, défendre la rumba des deux berges du majestueux fleuve Congo.

C’est dans ce cadre qu’il a recréé l’ambiance des bars à la Guinguette africaine de Suresnes. La dernière édition avait été organisée conjointement avec la délégation congolaise auprès de l’Unesco.
De cette collaboration est née son admission au Comité institutionnel chargé d’inscrire la rumba au patrimoine immatériel de l’Unesco. Le Groupe africain de l’Unesco comptait d’ailleurs sur lui pour coordonner les festivités artistiques de la Semaine africaine.
A chaque fois, aux aguets de son actualité, je relayais dans les Dépêches de Brazzaville toutes ses initiatives, ses rendez-vous culturels. Sans fausse modestie, je pense être le journaliste qui a eu à cœur d’écrire souvent sur lui.

Ce sont les seules traces écrites qui resteront sur ses multiples initiatives.
A présent, j’ai le regret de n’avoir pu recueillir dans un livre la réelle motivation de son amour pour la Culture : le rapport des Africains avec la mort nous prive d’entreprendre cet exercice du vivant de la personne !

Cyriaque Bassoka était, non seulement un des plus grands promoteurs culturels de la Diaspora, mais aussi un homme merveilleux, un patriote, que tous ceux qui le côtoyaient ne pouvaient qu’aimer.

La Diaspora africaine a perdu l’un de ses piliers parti trop tôt, à l’orée de ses 60 ans. Il les aurait eus le 8 décembre de cette année.

J’ai bien du mal à réaliser son départ. Il va beaucoup me manquer.

Marie-Alfred Ngoma

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