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La SNPC : une île paradisiaque dans un océan de misère

Discours d’une gestion honteuse et privée d’une richesse nationale

Les administrateurs de la SNPC se sont réunis ce 28 décembre 2004. Autant dire qu’une bande de voleurs s’est retrouvée pour un partage de butin. A l’issue du Conseil d’Administration, on a noté une satisfaction générale symbolisée par les propos surréalistes du PDG kleptomane Jean-Bruno Itoua. Ce parent de Sassou se réjouit de la bonne santé économique de cette société pétrolière. Pendant que ces voyous boivent du petit lait, les Congolais, galériens des temps modernes, continuent de "ramer" durement.

Vol au Congo

Bilan du Conseil d’Administration de la SNPC : la bonne santé de la compagnie pétrolière confirmée. (source, Congosite, site pro-gouvernemental)

Les malfrats se frottent les mains

Les conditions de vie des Congolais se dégradent chaque jour davantage. Alors que la misère s’abat comme un raz de marée sur le pays, on apprend de la bouche de Jean-Bruno Itoua, cousin de Sassou, que la vache à lait (la SNPC) " se portait bien "

Ces propos d’un surprenant optimisme dans un climat économique pourtant morose auraient été "corroborés" par l’écrivain et éternel ministre du pétrole Jean-Baptiste Taty-Loutard. Ce succès économique aurait été opéré en dépit de "la contre-performance due aux effets négatifs de la hausse du prix de baril sur l’aval et sur la Congolaise de raffinerie (CORAF), estimés pour l’année 2004 à plus de 30 milliards de francs CFA".

En vérite, une production "sans partage"

Fort de ces résultats, le conseil d’administration de cette "brillante" société aurait arrêté son budget 2005 à 250 millions de dollars, soit l’équivalent d’environ 150 milliards de francs CFA pour la holding.

Toutefois, pour l’instant, les Congolais devront patienter, le « budget consolidé » ne sera arrêté que dans « les tous prochains mois. »

Il faut néanmoins mettre un bémol dans cet optimisme, car étant donné les mauvaises performances de la CORAF qui ont nécessité un coup de main de la SNPC, rien en effet ne permet, malheureusement, à cette poule aux œufs d’or « de verser les dividendes à l’Etat cette année. »

Aïe, on a failli se réjouir trop tôt.

Figurez-vous que « Tout le résultat positif obtenu par la holding aura servi, en 2003, à financer le déficit de l’aval pétrolier. » Et, tenez-vous bien : « Cette situation pourra se répéter pour les comptes 2004 qui seront arrêtés dans les premiers mois de l’année 2005. »

Nous voilà prévenus. En clair, les Congolais ne devront pas compter sur les dividendes du pétrole pour espérer améliorer leurs conditions de vie.
Vous parlez d’un cadeau de nouvel an !

Ces AL CAPONE qui dirigent le Congo

Pourtant, malgré cette chronique de la crise annoncée, les actionnaires de cette société pétrolière ont relevé que « dans le fonctionnement du groupe SNPC l’année 2004 aura marqué le début d’une collaboration saine avec la communauté financière internationale. »

Vous vous rappelez que les FMI a émis un satisfecit au sujet du Congo. Eh bien ce fut grâce à la « SNPC » qui a « contribué, aux côtés du Gouvernement, à la création des conditions de transparence dans la gestion des ressources pétrolières, laquelle a constitué une condition déterminante à l’établissement d’un réel climat de confiance avec les institutions financières de Bretton Woods. »

Le pétrole : une richesse dont personne ne voit les effets

Au cas où on l’aurait également oublié, apprenez que la SNPC s’inscrit « dans la perspective d’une entreprise moderne et humaine » qui « accorde une importance évidente aux actions citoyennes. »

Vous voulez des preuves ? Qu’à cela ne tienne.

Beaucoup de choses sont à mettre à l’actif de la SNPC, parmi lesquelles « la réhabilitation des structures scolaires à Pointe-Noire (lycées Victor Augagneur et Poaty Bernard, le collège Félix Tchicaya et l’école primaire Pierre Nzoko), l’appui aux projets RENATO, l’assistance aux populations démunies à travers diverses ONG, le soutien multiforme à la mairie de Brazzaville, l’octroi d’une ambulance ultra moderne par la Fondation SNPC à l’hôpital militaire Pierre Mobengo, etc. »

Rhetorique d’un PDG cynique

Normal :

« L’implication du groupe SNPC dans la vie de la société est une chose importante. En tant qu’acteur économique important, le groupe SNPC ne peut pas se comporter comme une société des ultra capitalistes qui viennent investir sans regarder ce qui se passe autour d’eux et qui peuvent vivre au milieu d’un îlot de pauvreté. La SNPC, en tant que compagnie nationale, ne peut pas expliquer une telle attitude. La compagnie appartenant à tout le monde, il est normal qu’elle puisse, autant que possible, le prouver par des actions concrètes et non par le verbe » (évangile selon Itoua)

Emouvant !

Comme, en effet, c’est touchant, tout ça, notamment quand le cousin Bruno Jean Richard Itoua, les trémolos dans la voix, ajoute au cours de ce mémorable conseil d’administration : « sur la base des marges que nous pouvons réaliser en maîtrisant nos coûts et en gérant correctement notre société, nous nous permettons de prélever une petite partie de ces marges pour aller directement vers le citoyen afin de compléter l’action gouvernementale, sachant que le Gouvernement lui-même a aujourd’hui des ressources qui sont largement en deçà de ses besoins ».

Il ne s’agit que d’un début, a poursuivi Jean-Brunot Itoua, puisque « l’année 2004 a été une année de transition » de la SNPC vers une « organisation à la nouvelle ».

De grands projets de sociétés attendent la SNPC en 2005, une année qui « sera marquée par la poursuite et la consolidation des réformes en cours »

Quelles sont ces réformes ?

Itoua les cite tranquillement :
« le développement des filiales et sous-filiales se traduisant par une augmentation des investissements ;
l’analyse approfondie, la structuration et l’assainissement de la filière aval pétrolier et de la CORAF, ainsi que la clarification du rôle de l’Etat à travers les mécanismes à mettre en place afin de réguler l’ensemble des activités pétrolières ;
l’amélioration du suivi et du contrôle des activités pétrolières exécutées par les sociétés et, en particulier, des coûts pétroliers dans le cadre des associations ;
l’affirmation du groupe SNPC dans les activités de l’exploration, production, dans un rôle d’opérateur à travers la SONREP ;
la poursuite de la mise en place de la ’’Data Base’’ et le développement du site Internet ;
la mise en place du logiciel SAGE au niveau du groupe SNPC et la réforme du système de comptabilité analytique et pétrolière ;
la poursuite de la mise en place des comités transverses, etc. »

Rien que ça.

De belles promesses

Remarquez l’intérêt capital et fondamental accordé à Internet, notamment à la création d’un site qui, on en est convaincu, contribuera à améliorer les conditions de vie des populations du Pool errant dans les camps des réfugiés ou de celles du district de Kellé ravagées par de grandes endémies.

Jean-Bruno Itoua n’en doute pas un seul instant, car à ses yeux, la SNP passera non seulement pour « le principal levier du développement national » mais également pour un acteur économique « crédible sur l’échiquier pétrolier national et international. » Ceux qui oseraient ne pas y croire n’ont qu’à regarder les « résultats positifs consolidés du groupe SNPC, hors CORAF. »

Les fait, comme qui dirait, parlent tout seul.

Les Congolais croupissent sous la misère. Cette lugubre situation n’empêche pas le PDG Itoua de « réaffirmer la bonne santé et la progression positive du groupe », une confortable situation que (curieusement) « devra néanmoins en 2005 soutenir l’Etat » ; comment ? « à travers les réformes profondes qui devront être conséquemment apportées au secteur aval ». La SNPC s’y implique « aux côtés du Gouvernement » auquel elle pourra donner un coup de main l’an prochain en recommençant à « payer les dividendes ».

Les dividendes pour l’an prochain ? Mais bien sûr mon petit Itoua !

La formule est connue : les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent.

Simon MAVOULA, 30 décembre 2004

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