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Florence Loemba : Les douanes congolaises ne font pas obstruction au transit des marchandises vers Cabinda

Propos transcrits par Ofaye Bourg

Une délégation d’opérateurs économiques angolais a effectué une descente les locaux des douanes congolaises de Pointe-Noire. Leurs marchandises, des conteneurs frigorifiques contenant de la viande sont bloquées depuis plusieurs mois dans le Port Autonome de Pointe-Noire.

A la suite de l’entretien qu’elle a eu avec eux, Mme Florence Loemba a tenu à présenter à congopage.com la position claire et précise de son administration par rapport aux opérateurs économiques étrangers. Les douanes congolaises n’ont aucun intérêt contrarier le commerce entre l’Angola et le Congo. Bien au contraire, la fermeture du Port de Cabinda en Angola, est un atout pour le Congo puisque son rôle de port de transit ne peut que se renforcer avec le passage de la marchandise destinée à ce pays ami et frère de longue date.

Ofaye Bourg : Les opérateurs économiques angolais ne cessent de se plaindre des tracasseries douanières, voire portuaires, que subissent leurs marchandises dans le Port de Pointe-Noire. Qu’en dites-vous ?
Mme Florence Loemba : Je suis heureuse de l’occasion que vous m’offrez de clarifier la situation des marchandises des opérateurs économiques angolais dans le Port de Pointe-Noire. J’aimerais dissiper les malentendus entre eux et nous. Nos deux pays sont liés depuis longtemps par des relations d’amour, d’amitié et de fraternité.
Vous n’ignorez pas que Pointe-Noire, avec son port en eau profonde est le portail d’entrée aux marchandises à destination des pays limitrophes du Congo Brazzaville. Les douanes congolaises n’ont donc nullement intérêt à perturber le fonctionnement du processus qui fait du Congo, un pays de transit.
Notre souhait est d’inciter les pays voisins à faire transiter leurs marchandises par chez nous. En raison de la fermeture du port angolais de Cabinda, les marchandises destinées à ce pays passent maintenant par notre port. Le trafic s’effectue normalement sans problème.
Mal informées par leurs transitaires, dits ambulants, une délégation d’opérateurs économiques angolais, a pensé devoir nous demander des comptes au sujet de leurs marchandises bloquées sur le port depuis plusieurs mois. La rumeur aurait prétendu que les douanes congolaises ne voudraient plus de transit à destination de Cabinda et de l’Angola. Cette information me dérange au plus haut point. C’est une contre vérité et une absurdité. Comment et pourquoi nos services voudraient-ils saborder l’essence même de leur existence ?. Nous avons reçu cette délégation et nous avons pu expliquer à ses membres que le problème provient de leurs transitaires. Nous n’avons que pu leur conseiller de s’adresser désormais à des sociétés reonnues de la place plutôt que vers ceux qui n’ont pas renouvelé leur compte créditaire pour 2008.
Je tiens une fois de plus à rassurer les opérateurs économiques angolais : les douanes congolaises ne peuvent pas interdire le trafic entre nos deux pays, ce n’est pas dans leur intérêt. Notre souhait est de voir ce commerce s’intensifier et c’est dans cette optique que nous avons fait le déplacement à la frontière angolo-congolaise pour y rencontrer la partie angolaise conduite par le DG Adjoint des douanes angolaises. Nous avons eu avec lui des échanges fructueux qui nous ont permis de dissiper certains malentendus. Suite à cette initiative, nous avons reçu une autre délégation d’opérateurs économiques conduite par M. Sérrano pendant notre journée du partenariat de chaque vendredi.
Notre souci est d’expliquer aux opérateurs économiques, même congolais, les procédures douanières. Nous voyons sur le port apparaître une catégorie de gens se disant transitaires alors qu’ils ne le sont pas, ne possédant pas l’agrément douanier. Celui-ci s’obtient en deux étapes :
1- L’agrément provisoire accordé par le DG des Douanes
2- L’agrément définitif signé par la CEMAC .
Ceux qui n’ont pas d’agrément et ne sont donc pas capables de faire le travail pour leuel ils ont été mandatés, trouvent comme excuse auprès de leur clients une prétendue responsabilité du service des douanes. La délégation forte de cette assurance, a promis de revenir dans le cas où le besoin se fera sentir.

OB : Il s’est posé également un problème au niveau des prix concernant une voiture ou un conteneur. Existe-t-il un barème établi ?
FL : Nous disons qu’il n’y a pas de barème concernant des prix des marchandises. A l’exportation, il n’y a pas grand-chose à payer. Ce qui est cher c’est ce qui va être consommé dans le pays. En ce qui concerne les marchandises en transit, le taux le plus élevé est de 4,5 % plus quelques autres taxes comme le TEL (Travail Extra Légal) pour ceux qui escortent les véhicules, voitures et conteneurs.

OB : Quel est le prix du dédouanement d’un conteneur dans le port de Pointe-Noire ?
FL : Les douanes congolaises ont un taux fixe de 4,8 % avec les autres taxes. Cependant vous savez qu’il faut passer par un commissionnaire ou un transitaire. Il rajoute sa commission qui elle est variable d’une maison à l’autre. Les tarifs sont donc eux aussi variables. En ce qui concerne la mise en place de tarifs fixes, nous allons voir avec des représentants syndicaux et des maisons de transit pour en discuter. La tache va être ardue, comprenez que les maisons de transit fixent leurs tarifs en fonction des prestations rendues. Mme Nicole de la maison de transit : TMC que nous avons choisie pour s’occuper du problème ici en objet ne demande que 130.000 F CFA (près de 200 dollars) par conteneur. Les transitaires ambulants demandent des sommes exorbitantes allant jusqu’à 500 ou 1000 dollars. C’est inadmissible.
Nous promettons de régler toutes ces questions au fur et à mesure. Les contacts que nous avons créés entre nous et les opérateurs cabindais permettront sans doute de mettre en évidence que les faux transitaires grugent leurs clients avec des prix exorbitants et farfelus.

OB : Le port de Cabinda (Angola) étant fermé en raison travaux, celui de Pointe-Noire ne risque-t-il pas d’être envahi par les marchandises angolaises ? Quelles sont les dispositions douanières et transitaires prises pour aider les opérateurs économiques angolais ?
FL : Nous n’avons absolument aucune crainte en ce qui concerne l’accroissement de l’activité. 600 douaniers travaillent à Pointe-Noire et les dispositions sont prises pour que cela se passe sans problème. Nous sommes équipés pour traiter tous les dossiers et les transitaires reconnus par les services douaniers sont aussi disponibles pour apporter leur concours. Que les opérateurs économiques angolais n’aient aucune crainte, nous ne ménagerons aucun effort pour que leurs marchandises quittent notre port dans les délais les plus brefs.

OB : Le mois de septembre 2008 est retenu pour l’organisation des élections angolaises. Le port de Pointe-Noire sera en mouvement avec l’arrivée du matériel destiné aux élections. Alors quelles procédures et recommandations prises pour un dédouanement rapide et aussi de renforcer cette coopération économique entre les deux pays ?
FL : Nous disons que le tout part du transitaire qui est à la base d’une information douanière. Certains opérateurs fuient les grandes maisons de transit parce qu’elles sont un peu chères. Il y pourtant des cas où il faut faire des sacrifices. S’il est question de grands colis de l’Etat liés aux élections, il ne faut pas hésiter de prendre un grand transitaire comme SDV, PANALPINA, GETMA, SOCOTRANS, TMC, SAGA et autres qui connaissent leur affaire et avec lesquels nous avons des accords. Ils bénéficient des procédures de facilitation et de célérité qui leur permettent d’enlever ou de sortir la marchandise avec une déclaration sommaire, ce qui permettra d’emmener la marchandise et de payer par la suite. Nous leur faisons totalement confiance. Elles bénéficient de certaines procédures privilégiées et accélérées. N’hésitez pas d’aller vers ces maisons pour des opérations sûres.

OB : Interdiction est faite au transit des cotis de porc et des croupions par le Congo. L’Angola se sent pénalisée par cette note qui entraine le blocage d’une partie de sa marchandise depuis des mois. Comment comptez-vous vous y prendre pour résoudre cette équation ?
FL : Pour des raisons très valables, le gouvernement de notre pays, par l’intermédiaire du ministère du commerce, avait pris la décision d’interdire la vente de cotis de porc et de croupions au Congo. Le transit vers l’Angola demeurait possible. Cependant certains opérateurs économiques véreux ont trompé la vigilance de nos administrations. Laissant croire que la marchandise était destinée à l’Angola, ils la mettaient en vente sur le marché congolais. Il a donc été décidé que les cotis de porc ne devraient plus transiter par le Congo.
Tant qu’un nouveau texte législatif n’est pas publié, nous sommes bien contraints d’appliquer la loi. Dans le cadre du partenariat, nous vous suggérons d’entrer en contact avec la Direction Départementale du Commerce pour obtenir une dérogation. Celle-ci obtenue, la douane s’occupera de faire sortir les conteneurs et de les escorter jusqu’à Cabinda.

OB : L’Angola était-elle informée de cette note ?
FL : Une loi est générale et impersonnelle. Elle s’applique à tous les pays limitrophes du Congo dans le sens où les cotis de porc ne doivent pas importés au Congo, ni transiter par le Congo. Cela concerne tous les pays et pas seulement l’Angola. En tout cas, les transitaires connaissent la loi, si ceux qui ont été choisis pour cette opération n’ont pas été à même de conseiller leurs clients, ils ont démontré leur incompétence.

OB : Quelle assurance pouvez vous aujourd’hui donner aux opérateurs économiques angolais pour le dédouanement sans faille de leurs marchandises ?
FL : Nous sommes là pour rassurer et sécuriser les opérateurs économiques angolais. Nous leur disons : "Notre porte vous est grandement ouverte pour vous recevoir en cas de problème. Vous connaissez maintenant la voie autorisée. Nous nous ferons un plaisir à chacune de vos interrogations de vous répondre selon la procédure et la réglementation douanière en vigueur".

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