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Le sabre et le goupillon

Déclaration de candidature de l’abbé Joseph Yanguissa à l’élection présidentielle

Peuple de compatriotes et de concitoyens,
Peuple du désespoir et du chantage à la paix,
Peuple étouffé,
Peuple divisé,
Peuple appauvri,
Peuple exténué,
Peuple épuisé,
Peuple abusé,
Peuple trompé,
Peuple crucifié
Peuple otage,
Peuple instrumentalisé,
Peuple désintégré,
Peuple désolidarisé,
Peuple supplicié,
Peuple de la faim,
Peuple de la soif,
Peuple du chômage
Peuple blessé,
Peuple clientélisé,
Peuple méprisé,
Peuple humilié
Peuple des pénuries,
Peuple des douleurs,
Peuple démoralisé,
Peuple en sueur,
Peuple en larmes,
Peuple violé,
Peuple volé,
Peuple endeuillé
Peuple déshérité,
Peuple malmené,
Peuple déscolarisé,
Peuple offensé
Peuple muselé,
Peuple exploité,
Peuple délaissé,
Peuple harcelé,
Peuple rançonné,
Peuple obscurantisé,
Peuple déresponsabilisé,
Peuple blasphémé,
Peuple opprimé,
Peuple retardé,
Peuple destitué,
Peuple renversé,
Peuple manipulé,
Peuple à genou,
Peuple interdit de démocratie,
Peuple interdit du droit de savoir,
Peuple conditionné à la peur,
Peuple exclu de son propre pouvoir,
Peuple privé de sa fierté,
Peuple de la domination de l’homme par l’homme,
Peuple entretenu à la carotte et au bâton,
Peuple interdit de projet et de débat contradictoire,
Peuple livré à la sorcellerie et à la superstition,
Peuple livré à l’errance, à la mendicité, à la débrouille et au business de la dénonciation,
Peuple habillé au mensonge politico-publicitaire,
Peuple victime de la politique-business,
Peuple méconnaissable,
Peuple déshonoré,
Peuple poussé à l’alcoolisme, à la dépravation des mœurs et aux différentes formes de prostitution,
Mais peuple attaché au Dieu de justice et d’amour,
Peuple courageux et méritant,
Peuple cher à Nzambi et digne héritier de tant d’Ancêtres héroïques et valeureux.

De l’intérieur, j’ai entendu tes pleurs étouffés,
J’ai aperçu les larmes contenues de tes yeux,
J’ai lu les souffrances résignées de tes jours,
J’ai mesuré le poids insupportable de ton quotidien,
J’ai entendu ta voix éteinte par tant de cris, tant d’appels au monde et tant de sanglots, je me suis laissé interpeler parce que, dans tout mon être, je les ai toujours partagés. Alors, avec mon cœur et ma raison,

Moi, l’Abbé Joseph Yanguissa, natif de Brazzaville et fruit de ton sein, me saisis du devoir sacré de dire OUI à ce dialogue intime, un OUI franc et massif à cette voix dans le peuple, du peuple, avec le peuple, pour le peuple, voix du peuple souverain, voix de Dieu, le Dieu à qui, en Marie, le Président-Fondateur de notre République a consacré le Congo, le même Dieu aux mains toutes puissantes auxquelles le dernier président a confié notre pays et desquelles nul ne peut arracher son destin.

Me voici pour faire ta volonté de souverain premier, éclairé par le débat contradictoire, pour faire ainsi lavolonté du Maître de l’Histoire. Ce Pouvoir Suprême qu’en 1 Samuel 8, j’adore comme la source sacrée et divine de la démocratie, de la souveraineté populaire et du principe « voix du peuple, voix de Dieu, volonté du peuple, volonté de Dieu » même dans ses contingences.

Me voici pour te consoler, te rendre tout ce dont tu as été privé jusqu’ici.
Me voici pour prendre soin de toi et me mettre à ton service comme
Un peuple de princes,
Un peuple de rois
Un peuple de souverains
Un peuple de « lieutenants » de Dieu
Un peuple d’enfants de Dieu,
Un peuple de Dieu,
Pour lequel et devant lequel je ne perdrai jamais le sens du devoir de répondre de ma responsabilité et de ma mission en tout domaine, en tout temps, en toute circonstance devant lui et, en définitive, devant l’inesquivable Trône de l’Eternel, Maître de la vie et de l’Histoire, le Dieu de l’univers et de nos Ancêtres.

Me voici pour être le candidat de l’intégralisme, cette approche de la politique que j’ai tirée depuis une dizaine d’années, du Développement Humain Intégral, doctrine sociale de l’Eglise, experte en humanité, le développement qui a pour autre nom la paix. Dans cette doctrine, j’ai été pétri au grand-séminaire et j’ai orienté mon témoignage de prêtre. Si c’est une déformation, souffrez que je sois ce que je suis, prêtre d’abord dans l’âme, avant de l’être dans la chair et dans le statut social. Cela aura des implications et il se peut que ça se sente déjà dans le présent message. Mais, rassurez-vous, je le porterai plus comme un atout que comme un handicap, pour le progrès spirituel, intellectuel, social, moral et matériel, pour le développement de tout l’homme et de tout homme, développement vrai, relatif à la vraie paix comme le souligne la doctrine sociale de l’Eglise et comme l’a proclamé le Pape Paul VI à l’ONU.

Me voici pour être le candidat de la civilisation de l’amour et de la compassion contre la culture de la haine et du cynisme, le candidat du renouveau le candidat du réveil le candidat de la sérénité le candidat de la liberté le candidat de la concorde le candidat du désarmement le candidat de la dignité humaine le candidat de la justice sociale le candidat des pacifiques le candidat de l’espérance de vie, la seule espérance d’horizon politique.

Le candidat du consensus national,
Le candidat des ressources humaines,
Le candidat de la majorité populaire,
Le candidat de la conservation de la vie,
Le candidat contre la ségrégation tribale,
Le candidat contre les nuisances de toutes sortes,
Le candidat du respect des Anciens,
Le candidat de la vénération des Ancêtres,
Le candidat de la valorisation de la jeunesse,
Le candidat du respect des libertés publiques,
Le candidat de la juste répartition des richesses,
Le candidat de l’intégration et de la non-exclusion,
Le candidat de la fin du port chronique de la tenue de combat,
Le candidat contre la corruption du peuple et pour le respect des consciences,
Le candidat pour la protection de tous, des enfants de la rue, des orphelins, des handicapés, des faibles, des pauvres, des malades, des personnes mais aussi des biens,
Le candidat du retour aux valeurs du travail contre le retour à l’âge de la cueillette et la culture de la manne,
Le candidat du respect des droits des travailleurs et des victimes de la fermeture des entreprises,
Le candidat de la primauté des armes de l’esprit contre la domination des armes matérielles,
Le candidat de la valorisation du génie congolais, des cadres, des créateurs,
Le candidat de la promotion des initiatives privées, de la créativité locale et de l’attrait des investissements étrangers,
Le candidat de l’unité véritablement nationale, fondée sur la communauté de mémoire et de destin et consolidée dans l’égalité de chances et de traitement des catégories professionnelles, des classes sociales et des fils de la même nation.

Sur toi Congo, confié aux mains de Dieu par le Général Denis Sassou Nguesso, Président en exercice, après que notre premier Président, l’Abbé Fulbert Youlou, l’ait consacré au même et unique Dieu par Marie, Mère du Sauveur, j’invoque les forces de la toute-puissance divine et les faveurs de la Divine Miséricorde. Puisque le Congo a été confié à Dieu, puisse cet unique Dieu être notre seul vrai souverain, le Décideur tout-puissant, le seul Maître de notre vie, notre seule Espérance.
Oui, que Dieu par toi, Peuple, par ta voix, choisisse entre tes fils et filles qui il veut, qui il veut pour être le témoignage humain de cette transcendante souveraineté.
Que se réalisent alors en toi, Ô Congo, les valeurs de ta devise Unité-Travail-Progrès et les paroles de ton hymne-credo.

Que se lève au dessus de toi le soleil d’un jour nouveau
Et que tu resplendisses de toutes tes lumières.
Que s’achève ta longue nuit et l’obscurantisme planifié,
Qu’advienne pour toi le grand bonheur que tu mérites et auquel tu as droit comme tous les peuples de la terre,
Avec l’ivresse de la liberté, chante, chante la joie d’exister, la grandeur d’être homme. Chante les droits de l’homme.
Avec l’ivresse de la joie qui envahit tout l’être, chante le chant de la liberté, la liberté pour laquelle tes Anciens ont donné leur vie ici, pour cette dignité humaine de droit divin et, là-bas, contre le nazisme et le racisme.

Congolais, debout !
N’aie plus peur de te tenir debout. Plus jamais à genou, plus jamais reclus, plus jamais soumis à la tyrannie, plus jamais paralysé par la peur, une peur suggérée par le Malin. Lève-toi, marche, marche au nom de la liberté des enfants de Dieu et de si exemplaires Anciens. Marche tête haute, torse bombé, le pas ferme. Marche fièrement au rythme du concert des nations, uni à l’universel dans une communauté de sort et de destin, le destin de l’humanité en progrès.

Proclame l’union sacrée de la Nation. Confesse l’unité nationale en la forgeant dans le dépassement du tribalisme comme l’ont réussi les pères Fulbert Youlou et Jacques Opangault réconciliés à jamais pour le meilleur et pour le pire.
Ensemble, embrassons du regard l’exemple de nos Anciens et le symbole de l’unité affichée par les premiers Gouvernements de notre République, Pierre Goura, Prosper Gandzion, Alphonse Massamba-Débat.... sans qu’aucune ethnie n’écrase les autres par la surreprésentation.

Qu’en ces jours où le peuple se donne rendez-vous avec lui-même, s’ouvrent sur nous le ciel du Dieu de l’Au-delà et les mondes de l’invisible dans la communion des Saints.
Que l’Esprit porte mon modeste message au fond et aux tréfonds de notre terre, au plus profond de vos cœurs et de vos consciences dans une sincérité que je ne puis ni traduire ni prouver.

Ma pensée s’envole vers les fils et filles exilés, éloignés par la souffrance physique ou morale, par le manque d’amour et de considération humaine. Je pense à tous nos compatriotes dispersés de par le monde, comme exclus, inutiles, étrangers dans leurs propre pays.
Ma pensée priante s’élève en ce jour anniversaire de sa mort, en ce 5 mai 2009, vers « Ya Youlou », l’abbé Fulbert Youlou, mon aîné dans le sacerdoce et mon premier Président, chassé dans les pires humiliations, mais qui a quitté le palais en ayant sablé du champagne avec ceux qui sont allés le faire démissionner et qui buvaient ainsi leur propre mésaventure et à la malédiction de notre pays, malédiction ambiante qui nous fait bouger à reculons.

Le père de l’indépendance, c’est le père de l’indépendance. Qu’est-ce à dire ? On ne naît pas deux fois à la souveraineté et on n’a qu’un géniteur. « Tata se tata », disons-nous, les Bantous. « Tata, ni di bakua dia fioti, tata ni tata kua... » « Ata azali mokuse, tata se tata » et c’est l’Abbé Fulbert Youlou. Il faut se faire à cette évidence historique.

C’est dans la mémoire de la nation, sinon l’on se ment à soi-même, l’on en arrive à croire son propre mensonge comme cela s’illustre chez les imposteurs et les mythomanes.
Je pense, autour de ce personnage incontournable, même dans sa tombe, aux exemplaires hommes politiques de son époque, à Papa Jacques Opangault, au grand Stéphane Tchitchelle, à Félix Tchicaya, à Pierre Goura, à Alphonse Massamba-Débat etc, mais aussi aux âmes qui peuplent mon panthéon intime comme Marien Ngouabi emporté au ciel, en bon pasteur par le cardinal Emile Biayenda.

Je pense à Monseigneur Ernest Nkombo, qui m’avait confié que je devais assurément me lancer dans l’élection présidentielle, comme je le fais par cette occasion et qu’en aîné, il serait derrière moi. Que de là haut, purifié de ses fautes dans le sang du Christ, il le soit. Qu’il le soit avec tout le panthéon congolais.

Je pense à André Milongo à qui j’avais proposé de s’afficher publiquement et de s’allier politiquement à son aîné Bernard Kolélas, pour réunifier leur base électorale, avant que l’un d’eux ne disparaisse et pour ne pas laisser les choses en l’état. Ce que Ya Milos avait accepté avec enthousiasme et qu’il m’a rappelé, quelques semaines seulement avant sa mort.

Je me permets de saluer ceux qui m’ont précédé dans cette démarche vers l’élection présidentielle. Je ne vois pas en eux des ennemis ou des gêneurs et je sais qu’aucun d’eux ne recevra ma déclaration de candidature comme une déclaration de guerre. J’espère, même pas le Président sortant car, notre unique mère, la patrie malade, ne peut que tirer bénéfice de la palabre pour le recouvrement de sa santé : « Si tous les enfants du Royaume venaient, de leurs mains assemblées, boucher les trous de la jarre percée, la patrie serait sauvée », pour citer le roi d’Abomey, authentique sage de l’Afrique antique. Aussi, je réfute par principe tout ce qui tend à l’exclusion des fils du même Père, le Congo, et à dénier aux autres les droits que l’on s’arroge soi-même sur les affaires collectives et sur le destin commun.

A vous, compatriotes de tous horizons, du Nord, du Centre, du Sud, de la diaspora, je lance cet appel par lequel je me prête à votre volonté d’unité, de réconciliation, de concorde et de renouveau. Rejoignez-moi, soutenez-moi au-delà de vos origines ethniques, de vos obédiences religieuses et de vos partis politiques. Je suis un indépendant, homme épris de liberté pour moi-même et pour les autres.

Soyez libres comme moi. Avec moi, soyez libres et restez-le, toujours libres comme des enfants de Dieu. Avec moi, soyez indépendants, pour privilégier, en ces circonstances périlleuses pour notre nation, notre appartenance à une nation une et indivisible. Soyons libres et indépendants, tous ensemble, insensibles aux intimidations, inaltérables aux manipulations, inaccessibles à l’achat de notre souveraineté et de notre conscience, imperméables au monnayage de notre dignité, inusables au harcèlement et au dénigrement.
Nous le devons. Nous devons vaincre, par le courage comme dans une épreuve initiatique, pour accéder à un degré supérieur de conscience de nous-mêmes, de notre dignité et de notre responsabilité confisquée et usurpée. La défense et la promotion de la cause de l’homme, cause de Dieu, sont des tâches urgentes, sacrées. Elles nous obligent, tous, dans une liberté qui représente une responsabilité. A nous de l’assumer comme étant le propre de l’homme, comme ce qui nous situe en responsables de la création en évolution et des conditions de conservation de la vie, notre vie.

Pour terminer, je veux présenter mes excuses à ceux qui, dans l’Eglise, fidèles ou pasteurs, n’épousent pas ma démarche sur tous les points. Mais, si Dieu nous sauve ensemble, en peuple, il nous appelle aussi chacun par son nom. Avant de vous voir me rejoindre dans cette conviction, je voudrais faire remarquer que si l’Eglise, en tant qu’elle transcende les âges et les frontières, ne peut être réduite à un parti politique, Dieu ne peut non plus être réduit à un Créateur uniquement de l’âme ou à une religion. Mais, comme elle aurait dû le faire pour André Matsoua, catéchiste qui a tiré d’elle les valeurs qu’il a défendues, elle peut reconnaître dans celles que je représente, le fruit de ses propres entrailles, le parti pris de l’homme dans le faible, dans l’exclu de la dignité et de la responsabilité humaine.
C’est cela mon parti dans ce contexte social et dans cet échiquier politique précis, non interchangeable. Je m’avance avec une aiguille de couturier ou de tisserand, pour coudre ou raccommoder le tissu social, restaurer l’unité nationale, relancer la solidarité citoyenne, recoller ce qui a été cassé, intégrer ceux qui ont été exclus des droits et des devoirs réciproques, la majorité populaire exclue des richesses nationales, cette majorité réelle paupérisée par cynisme pour la rendre plus achetable, la majorité mise en marge de la communauté de destin que constitue notre communauté nationale. Avec notre rupture, chaque Congolais comptera vraiment comme une personne, un être unique, singulier, irremplaçable.
J’approche la politique comme un sacerdoce, un haut-lieu de la charité, un lieu universel du don de soi aux autres, don de soi pour le bonheur collectif, pour le salut intégral auquel le politique doit avoir conscience de contribuer, pour l’épanouissement et la plénitude auxquels chaque humain aspire de tout son être. Je veux élever le Congo en action de grâces au merveilleux créateur, faire se transcender notre pays en eucharistie avec tout son fruit, toutes ses ressources, ainsi que le travail des hommes qui en sont les bénéficiaires de droit divin ou naturel, un droit immédiat et inaliénable.

Vive le Peuple Souverain !
Dieu bénisse le Congo !

L’Abbé Joseph YANGUISSA,
Candidat à la Présidence de la République, pour la Majorité Populaire

Joseph Yanguissa

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