A propos des BMA :
AEM : Le président Sassou continue à être mis en cause dans l’affaire des « Biens mal acquis » que vient de relancer la justice française à la demande de l’ONG Transparency International. Au Congo des partis politiques et des associations ont parlé « d’un ordre moral destiné à assujettir les pays en développement », avez-vous le même point de vue ?
GRK : Il faut le souligner, il s’agit des partis politiques issus de la majorité présidentielle essentiellement. Je dirais que c’est une mauvaise lecture de la part de ces partis et associations car ce n’est pas l’ONG Transparency International mais plutôt des Congolais, des Gabonais et des Équato-guinéens qui poursuivent leurs présidents respectifs et c’est à titre individuel. Mais qu’à cela ne tienne, il est important de souligner que l’arrêt de la Cour de cassation française qui fait l’objet d’amalgame et qui, visiblement, sème le trouble dans bien d’esprits, n’est qu’une question de justice. Une question qui ne remet point en cause le droit à la présomption d’innocence dont jouissent encore les personnes incriminées. Qui plus est, il ne saurait être question de faits d’État mais d’actes individuels présupposés commis par des citoyens en plein exercice de leurs fonctions à la tête de leurs pays respectifs. Je ne vois pas pourquoi les partisans du Président Sassou s’émeuvent aussi facilement. Si Monsieur Sassou Nguesso et consorts pensent qu’ils ont acquis honnêtement leurs biens, ils n’ont rien à craindre. Contrairement à leur pensée, il n’y a pas déstabilisation des institutions de la République. Et si le Président Sassou et consorts sont coupables de malversation financière au détriment du peuple congolais, la justice « indépendante » fera exercer son droit de restitution, ces dirigeants vont rendre au peuple congolais ce qui leur appartient. Ce soulèvement politique est sans fondement aucun. Ceux qui soutiennent le président Sassou le font, non pas par solidarité car c’est une affaire individuelle, mais plutôt parce qu’ils se sentent aussi concernés. Dans cette même logique, j’ai publié un texte dans certains journaux de la place dans lequel je fustige l’inapplication des lois congolaises car si ces dernières étaient respectées, Denis Sassou Nguesso aurait, à l’occasion de sa prestation de serment, comme le stipule l’article 48 de la constitution, déclaré tous ses biens, ce qui permettrait au peuple congolais d’être édifié. Et pourtant cette disposition qui, par essence participe de la bonne gouvernance, n’est malheureusement pas observée depuis plus de huit ans. Elle aurait permis au peuple congolais d’être rassuré sur les acquisitions de ses gouvernants ! Et avec le rebondissement de cette affaire des biens mal acquis, les Congolais auraient pu rétorquer en se mobilisant, spontanément comme un seul homme, autour de Monsieur Sassou Nguesso, leur président. Mais hélas ! Rien ne s’est fait. Paradoxe ! Lorsque Monsieur Sassou Nguesso acquiert ces biens il n’ose pas informer son peuple, cependant au tournant, il fait recours à ce même peuple pour le soutenir dans l’affaire qui le concerne personnellement.