DEVOIR DE MEMOIRE: LES TIRAILLEURS AFRICAINS A L’HONNEUR EN

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DEVOIR DE MEMOIRE: LES TIRAILLEURS AFRICAINS A L’HONNEUR EN

Message par Niaou » Mar 26 Juil, 05 1:39

DEVOIR DE MEMOIRE

LES TIRAILLEURS AFRICAINS A L’HONNEUR EN FRANCE


En 1940, la France est envahie par l’Allemagne nazie. Son armée est défaite et c’est par centaine que ses soldats et ses officiers sont tués ou tout simplement exécutés. La ville d’Airaines au Nord de la France a décidé de se souvenir d’un de ces héros venu d’Afrique. Tout un symbole.

C’est l’histoire du capitaine Charles Ntchorèrè, né à la fin du 19e siècle au Gabon. Engagé dans l’armée française en 1916, il prend une part active à la campagne 39-45.

Le 5 juin 1940, la 7eme compagnie dirigée par le capitaine Ntchorèrè est chargée de la défense de la ville d’Airaines dans l’Essone. Le mouvement des troupes commence à minuit. Peu avant l’aube du 06 juin, les troupes de Ntchorèrè essuient des bombardements et des tirs de l’armée allemande. Le capitaine français voit ses troupes diminuer car les pertes sont de plus en plus nombreuses. Vers 7 heures du soir, Airaines est en feu. Les Allemands arrêtent plusieurs survivants pour en faire des prisonniers de guerre. Ils mettront d’un coté les Européens et de l’autre les Africains. Des blessés et de nombreux prisonniers seront torturés puis abattus par les nazis. Pendant ces opérations de violence et de barbarie, les Allemands découvrent ce qui reste de la 7ème compagnie du capitaine Ntchorèrè. Ses effectifs sont d’environ 40 personnes soit à peu près 10 Européens et 30 Africains. Les nazis demandent aussitôt aux prisonniers, séparés en deux groupes et désarmés, de mettre les mais sur la tête. Le capitaine Nthorèrè rejette cet ordre et refuse fièrement d’être traité comme un vulgaire prisonnier. Il dit à l’officier allemand qu’il est officier français et entend être traité avec les égards dus à son rang. Ces propos provoquent l’ire d’un soldat nazi qui sort du peleton furieux et abat Ntchorèrè à bout portant, d’une balle dans la tête. Le capitaine Ntchorèrè tombe donc sur le champ d’honneur le 7 juin 1940 après avoir défendu vigoureusement la ville d’Airaines.

Mais l’histoire du capitaine Ntchorèrè et son amour pour la France prennent des proportions respectables lorsqu’on saura que ce même jour, le propre fils du capitaine, le caporal Jean baptiste Ntchorèrè qui se battait à quelques kilomètres de la ville d’Airaines a été lui aussi tué au cours des batailles, emportant avec lui le contenu de cette lettre écrite quelques jours auparavant par le capitaine son père : « Mon fils, j’ai là sous les yeux ta dernière lettre. Comme je suis fier d’y trouver cette phrase : Quoi qu’il arrive, papa, je serai toujours prêt à défendre notre Chère patrie, la France. Merci mon enfant, de m’exprimer ainsi ces sentiments qui m’honorent en toi… La vie vois-tu mon fils est quelque chose de cher, cependant servir sa patrie, même au péril de sa vie, doit l’emporter toujours. J’ai une foi inébranlable en la destinée de notre Chère France rien ne la fera succomber et s’il le faut pour qu’elle reste grande et fière de nos vies, eh ! bien… qu’elle les prenne. Du moins, plus tard, nos jeunes frères et nos neveux seront fiers d’être Français et ils pourront lever la tête sans honte, en pensant à nous ».

Des années après cette épisode émouvante, M. Poiré, un camarde de lutte du capitaine Ntchorèrè et qui a admiré son héroïsme a décidé d’ériger non loin de la chapelle d’Airaines, un stèle en la mémoire du capitaine Ntchorèrè et ses camarades. Depuis lors, chaque 5 juin, la ville d’Airaines organise des manifestations commémoratives à la mémoire de ces héros.

Cette année, le maire Jean Luc Lefebvre, soutenu par les éditions Duboiris de l'écrivain journaliste Charles Onana a voulu donner un caché particulier à la manifestation. Après la cérémonie commémorative marqué par la pause de deux gerbes de fleurs au 53e régiment d’infanterie colonial mixte et à la stèle du capitaine Ntchorèrè, la fête s’est poursuivie par un mini festival animé au groupe scolaire de la ville par une brochette d’artistes venus de la région parisienne. On peut citer entre autre les frères Touré Kunda, le groupe Masao ainsi que les danseuses gabonaises venues d’Amiens. Dans cette hymne à la symbiose culturelle, Amobé Mevegue, animateur de talent a su y mettre de la couleur.

Etienne de Tayo

Journaliste

ENTRETIEN AVEC M. JEAN LUC LEFEBVRE

MAIRE D’AIRAINES


Qu’on aurait tant souhaité que le France devienne une seule ville avec Monsieur Jean Luc Lefebvre comme Maire. En décidant de célébrer chaque année la journée du tirailleur sénégalais, cet élu local perpétue le devoir de mémoire et s’attaque à l’un des fléau les plus pernicieux de ce début de siècle : le racisme. Il a accepté de répondre à nos questions.

Djabbama Magazine : M. le maire, pourquoi cette manifestation et quelle signification profonde lui donnez-vous ?

Jean Luc Lefebvre : Nous manifestons tous les ans non seulement à cette époque des combats de 1940 mais aussi à chaque manifestation officielle en France. C'est-à-dire le 8 mai et le 11 novembre. Nous passons à chaque fois devant la stèle du 53e Mairie CMS, le régiment d’infanterie colonial mixte sénégalais. Et nous déposons une gerbe à la stèle du capitaine Ntchorèrè parce qu’il a été lâchement abattu par l’armée nazie au motif qu’il a refusé de mettre les mains sur la tête parce que en tant qu’officier, il n’avait pas à le faire.

Cette manifestation est dédiée à la lutte contre le racisme. Comme j’ai eu l’occasion de le dire en 2002, le racisme pour moi est quelque chose de déplorable. Le bracelet noir et blanc que je porte à la main est symbolique pour montrer à notre jeunesse que c’est grâce à ces africains qui sont venus défendre leur France si chère que nous avons un pays en paix. Quand ils ont débarqué en France, ils ont défendu la France jusqu’au sacrifice suprême parce qu’ils représentent la France. La lecture que j’ai faite de la lettre du capitaine Ntchorèrè à son fils le dit bien : « S’ils veulent notre vie, qu’il la prennent ».

D. M. : Depuis quand organisez-vous cette manifestation ?

J. L. L. : En 1965, il y a eu M. Poiré qui a décidé de trouver des fonds nécessaires à l’édification de la stèle en l’honneur du capitaine Ntchorèrè et de ses camarades. Chaque année, nous avions les anciens du 53e régiment qui venaient, malheureusement la plupart est décédé et ceux qui restent sont malades mais cela n’enlève rien à la qualité de la manifestation comme vous pouvez le constater.

D.M. : On peut apprécier la symbiose qui se dégage aujourd’hui entre les deux communautés françaises et africaines qui ne forment plus qu’une. Mais il se trouve que ce n’est que la ville d’Airaines qui fait cette manifestation depuis des années. Comme pouvez-vous faire pour vendre votre idée aux autres villes de France ?

J. L. L. : Nous avons depuis deux ans M. Charles Onana des éditions Duboiris qui nous aide beaucoup à faire connaître ce que nous faisons. Il faut relever peut-être pour le déplorer qu’il n y a que cette stèle d’érigé en France à la mémoire des tirailleurs sénégalais. Nous regrettons seulement le fait que beaucoup d’africains vivant en France ignorent son existence.

D. M. : Peut-on savoir ce que cette manifestation répétée chaque année à Airaines apporte concrètement en terme d’apaisement pour votre ville au moment où dans d’autres villes subsistent des tensions entre les communautés ?

J. L. L. : Concrètement c’est le devoir de mémoire que nous avons ici qui ressort en nous. Notre ville comme vous pouvez le constater a été reconstruite. Je n’ai pas connu la guerre et je ne tiens pas à ce que nous revivions les atrocités qu’ont connues nos parents. Il est donc important d’ériger des monuments non seulement pour les Français mais aussi à la mémoire de ceux qui, venus d’ailleurs, français de couleur, se sont battus à nos cotés. C’est important pour la lutte contre le racisme. Actuellement, alors qu’il y a une montée de ce fléau en France, cette manifestation peut être un symbole et je crois qu’il faut s’en servir.

Propos recueillis à Airaines par Etienne de Tayo

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Le devoir de mémoire à Airaines

:luv33
Niaou
 

Message par Niaou » Mer 25 Jan, 06 4:55

Distinction : «Les Tirailleurs sénégalais» du colonel Touré reçoit le prix Cornevin
http://fr.allafrica.com/stories/200601230533.html
Je voudrais savoir si les tirailleurs ne se sont limités qu'au Sénégal, et pourquoi ne parle-t-on jamais des tirailleurs du Congo, (sic) voire de l'Afrique centrale?
Quelqu'un aurait-il des nouvelles à nous relater sur cette catégorie des ninjas de l'ère coloniale ?
:luv33
Niaou
 


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