En été 1984, je sors de mes examens universitaires dans une des fac de Paris parce que je n'avais pas voulu de la fac d'Aix en Provence. En fait, j'avais réussi d'être retenu dans ces deux fac, mais la tendance "kintendi" qui m'a toujours habité, avait fait que je reste sur Paris : berceau de la SAPE ( la suite pour ce mouvement est conditionné par mon frère Gnoka qui doit ouvrir un trhead à ce sujet, lui qui est son représentant sur ce site).
Je disais donc, mes examens finis, je m'embarque dans un vol UTA (parce qu'à cette époque ce n'était pas Air France), à destination de Brazza la verte et pour une semaine à Kinshasa : loyenge oblige . J'y suis arrivé dans la nuit et aussitôt me voilà parti faire le tour des boîtes de nuit.
Le lendemain matin, il fallait que je fasse un mandat à ma soeur résidant à Libreville dont son enfant, mon neveu, devrait y subir une intervention chirurgicale. Vous savez que tout est payant dans nos pays. Solidarité africaine oblige, il fallait contribuer aux dépenses des frais médicaux de mon neveu.
Ce lendemain matin disais-je, je me rends à la grande poste de Brazza parce que c'était et c'est toujours le seul endroit où l'on peut faire des mandats internationaux. Elle est sise en face du consulat de France mais heureusement à cette époque les visas n'existaient pas, ce qui faisait que les abords de ce consulat étaient dégagés, contrairement aux longues files d'attente qu'on y trouve ces jours-ci, de jour comme de nuit. La nuit, les demandeurs ou les "shégés" pour ceux qui peuvent se les s'offrir sont allongés sur des cartons, et à la tombée du jour les demandeurs reprennent les rangs pour l'obtention de ce fameux sésame.
Dieu merci, cette horreur n'existait pas à cette époque comme je vous l'ai dit.
Je sors de mon taxi et je me dirige vers les guichets pour faire mon opération.
Renseignement pris auprès d'une charmante postière, je vais faire ma queue qui était déjà au niveau des cabines téléphoniques internationales (pour les habitués de Brazza, ils se sont dèjà retrouvés ). Je ne sais pas si elles existent toujours de nos jours.
Certaines autres personnes ont également rejoint la queue après moi.
Pendant que nous étions dans notre longue file d'attente, on voit rentrer une "moundélée" (dame blanche) tenant son enfant par la main. Chose qui est normale. Elle va d'abord se renseigner comme je l'avais fait moi-même et à ma grande surprise, elle va aussitôt au guichet des mandats internationaux pour effectuer la même opération que moi, pardon que nous. Monsieur le guichetier, oui parce que c'était un homme, demande à la personne à qui revenait le tour de patienter pour s'occuper de la "moundélée".
D'un seul coup, la moutarde m'est montée à la tête. Je suis sorti du rang et je me suis dirigé au guichet. D'un ton vraiment tonitruand, j'ai intimé au guichetier de ne pas la servir et qu'elle doit faire la queue comme tout le monde. A ma grande surprise, tout le monde me regardait avec des yeux hagards, c'est comme si j'avais agressé le bon Dieu. Je me suis mis à expliquer à la "moundélée", aux guichetiers ainsi qu'à mes compagnons d'infortune que je revenais de France et que chez eux tout se fait en respectant un certain ordre. Même pour aller faire pipi, pour acheter du pain, tout ce que vous voulez, ils font la queue et la dame le sait très bien. Mais je vois mal pourquoi elle ne veut pas le respecter ici. Je me suis rabattu vers notre "moundélée" en lui demandant gentiment de rejoindre la queue comme tout le monde.
Couverte de honte, elle n'avait sorti aucun mot. Mais au lieu de nous rejoindre, elle avait préféré repartir comme elle était venue.
Nous sommes restés dans notre file d'attente jusqu'à mon tour, mais soyez en sûr, je n'avais pas du tout réussi ma campagne d'information. Rien que par leur regard, je sentais que j'avais offensé le bon Dieu.
Enfin c'est çà les réalités africaines pour ne pas dire congolaises. Pour ceux qui ne connaissent pas ces réalités, certains diront que je suis encore une fois tombé dans l'injure.
Dans ce cas, QUI INJURIE QUI?