Libre à vous de censurer ce souvenir de mes vacances 84

Vous avez séjourné au Congo? merci de nous partager ici vos souvenirs.

Libre à vous de censurer ce souvenir de mes vacances 84

Message par Mbuta Muntu Zenga MAMBU » Ven 13 Mai, 05 3:57

En été 1984, je sors de mes examens universitaires dans une des fac de Paris parce que je n'avais pas voulu de la fac d'Aix en Provence. En fait, j'avais réussi d'être retenu dans ces deux fac, mais la tendance "kintendi" qui m'a toujours habité, avait fait que je reste sur Paris : berceau de la SAPE ( la suite pour ce mouvement est conditionné par mon frère Gnoka qui doit ouvrir un trhead à ce sujet, lui qui est son représentant sur ce site).

Je disais donc, mes examens finis, je m'embarque dans un vol UTA (parce qu'à cette époque ce n'était pas Air France), à destination de Brazza la verte et pour une semaine à Kinshasa : loyenge oblige :lol: . J'y suis arrivé dans la nuit et aussitôt me voilà parti faire le tour des boîtes de nuit.

Le lendemain matin, il fallait que je fasse un mandat à ma soeur résidant à Libreville dont son enfant, mon neveu, devrait y subir une intervention chirurgicale. Vous savez que tout est payant dans nos pays. Solidarité africaine oblige, il fallait contribuer aux dépenses des frais médicaux de mon neveu.
Ce lendemain matin disais-je, je me rends à la grande poste de Brazza parce que c'était et c'est toujours le seul endroit où l'on peut faire des mandats internationaux. Elle est sise en face du consulat de France mais heureusement à cette époque les visas n'existaient pas, ce qui faisait que les abords de ce consulat étaient dégagés, contrairement aux longues files d'attente qu'on y trouve ces jours-ci, de jour comme de nuit. La nuit, les demandeurs ou les "shégés" pour ceux qui peuvent se les s'offrir sont allongés sur des cartons, et à la tombée du jour les demandeurs reprennent les rangs pour l'obtention de ce fameux sésame.
Dieu merci, cette horreur n'existait pas à cette époque comme je vous l'ai dit.
Je sors de mon taxi et je me dirige vers les guichets pour faire mon opération.
Renseignement pris auprès d'une charmante postière, je vais faire ma queue qui était déjà au niveau des cabines téléphoniques internationales (pour les habitués de Brazza, ils se sont dèjà retrouvés :lol: ). Je ne sais pas si elles existent toujours de nos jours.
Certaines autres personnes ont également rejoint la queue après moi.
Pendant que nous étions dans notre longue file d'attente, on voit rentrer une "moundélée" (dame blanche) tenant son enfant par la main. Chose qui est normale. Elle va d'abord se renseigner comme je l'avais fait moi-même et à ma grande surprise, elle va aussitôt au guichet des mandats internationaux pour effectuer la même opération que moi, pardon que nous. Monsieur le guichetier, oui parce que c'était un homme, demande à la personne à qui revenait le tour de patienter pour s'occuper de la "moundélée".

D'un seul coup, la moutarde m'est montée à la tête. Je suis sorti du rang et je me suis dirigé au guichet. D'un ton vraiment tonitruand, j'ai intimé au guichetier de ne pas la servir et qu'elle doit faire la queue comme tout le monde. A ma grande surprise, tout le monde me regardait avec des yeux hagards, c'est comme si j'avais agressé le bon Dieu. Je me suis mis à expliquer à la "moundélée", aux guichetiers ainsi qu'à mes compagnons d'infortune que je revenais de France et que chez eux tout se fait en respectant un certain ordre. Même pour aller faire pipi, pour acheter du pain, tout ce que vous voulez, ils font la queue et la dame le sait très bien. Mais je vois mal pourquoi elle ne veut pas le respecter ici. Je me suis rabattu vers notre "moundélée" en lui demandant gentiment de rejoindre la queue comme tout le monde.
Couverte de honte, elle n'avait sorti aucun mot. Mais au lieu de nous rejoindre, elle avait préféré repartir comme elle était venue.
Nous sommes restés dans notre file d'attente jusqu'à mon tour, mais soyez en sûr, je n'avais pas du tout réussi ma campagne d'information. Rien que par leur regard, je sentais que j'avais offensé le bon Dieu.
Enfin c'est çà les réalités africaines pour ne pas dire congolaises. Pour ceux qui ne connaissent pas ces réalités, certains diront que je suis encore une fois tombé dans l'injure.
Dans ce cas, QUI INJURIE QUI? :evil: :evil:
Mbuta Muntu Zenga MAMBU
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Message par Mecbohem » Ven 13 Mai, 05 4:47

Tiens ce post me rappelle un affreux souvenir du même cru:
En 1996, je vais à Brazza pour des vacances et prenant toujours mon cent/cent vers le centre ville depuis Total, je monte et m'installe au centre du "Hiace", j'étais avec une amie, donc on s'installe l'un à côté de l'autre et peu de temps après une moundélé, comme dirait Zenga Mambu, vient s'installer devant nous, elle était avec sa fille métisse dans les 15-17 ans et au regard intelligent, contrairement à sa maman Russe, ça s'entendait à son accent, qui avait tout de l'effrontée.

Sitôt assise, elle, la mère, ouvre la fenêtre qui nous séparaient les uns des autres de telle sorte que tout l'air extérieur ne s'en allait que vers elles deux, tandis que nous derrière étouffions: tout le monde sait la chaleur qu'il fait à Brazza dès 11h du matin en plein mois de juillet, alors de se voir privé d'air ne met pas de bonne humeur, je lui signifie donc le fait et réajuste la dite fenêtre de sorte que chacun en aie un peu.

Crime de lèse-majesté, non seulement la bonne femme fait comme si elle ne m'avait pas entendu, alors que le bus était encore à l'arrêt et que, en dépit du brouhaha des marchands ambulants et autres badauds, on pouvait aisément s'entendre vu la faible distance qui nous séparait.

Donc elle remet la fenêtre comme précédemment, sans faire cas de nous, pour mon amie, il semblait normal qu'une blanche, même chez nous en Afrique, s'impose de la sorte, donc elle me demandait déjà de laisser les choses en l'état, l'embêtant c'est que j'ai vraiment du mal à supporter sans réagir les situations d'injustice et là, manifestement, ç'en devenait une car personne autour de nous, ne semblait faire mine de vouloir lui faire entendre raison comme cela se fait quand c'est entre nous, alors que je m'étais déjà levé par deux fois de mon siège pour régulariser les choses.

Si bien que mon sang bouillait déjà et là je ne voyais plus que l'acte, rien de plus, alors au prochain coup, quand elle a voulu recommencer son manège, j'ai bloqué la fenêtre dans l'autre sens, là je sentais les regards de désaprobation des uns et des autres, mais je m'en foutais, je n'étais plus moi-même, mais plus que le sang d'humiliations ancestrales.

Comme elle ne pouvait supporter "l'impudence", cette noble dame, va m'attrapper par le devant de la chemise en me traitant de "moyindo" avec un ton des plus méprisants et un tel regard de haine tout en me griffant: au final ma chemise se déchire, des petites plaies se déclarent sur la poitrine, alors je n'étais plus que sang blessé, nima koko ye nandi, mutu wu tekete, alors que le bus était entrain de démarrer.

A la suite de la gifle magistrale, c'était bien la première et unique fois que je giflais une femme, elle s'accroche de plus belle à moi elle debout, moi assis, du coup c'est le tohu-bohu dans le bus, on crie, on gesticule, on tempète, mais on ne peut pas vraiment se déplacer pour faire quoi que se soit.
Ma chemise ressemble alors à un chiffon c'est comme si je m'étais bagarré avec un troupeau de barbares, les regards de désaprobation sont-là mais pas si appuyés que cela car chacun avait pu suivre le déroulement de l'affaire, par contre il s'était trouvé quand même un comique hors du bus, me faisant le signe d'aller me battre avec lui plutôt qu'avec celle-là!
J'ai dû descendre un peu avant les jardins de Total, avec une chemise en lambeaux et des blessures éparses au visage qui me donnait un air de voyou endurci et amateur de rixes!
Puis j'ai dû prendre un taxi pour repartir à Château d'eau, chez ma mère qui y louait puisque le chez nous à Diata avait été "confisqué" suite à la guéguerre de 93-94!
Je n'en menais pas large, je ne comprenais pas qu'ayant été l'agressé, ce soit moi qui en fasse les frais à ce point-là!

En tout cas mon image des Congolais en avait pris un sérieux coup: comment peut-on laisser un étranger, fut-elle la femme de je ne sais quel gradé militaire, faire la loi à elle seule au milieu de tant d'entre nous?
Jamais une femme noire en milieu blanc en Russie ne se permettra pareille chose, sans heurt et gros dommge pour elle et pourrait peut être même y laisser sa vie aujourd'hui; aux Etats-Unis dans les années cinquante, donc pas si loin de nous, un gamin noir de 14 ans avait été lynché dans le Sud raciste pour avoir simplement sifflé, en signe d'admiration, au passage d'une femme blanche plus tôt dans la journée!
Devant ce type de comportements à toujours vouloir considérer que le blanc a raison dans tout ce qu'il fait, on fait le lit de l'aliénation!

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Re: Libre à vous de censurer ce souvenir de mes vacances 84

Message par Hannibal » Ven 13 Mai, 05 7:01

Frère Zenga MAMBU,

Le titre de ton sujet donne l'impression que nous sommes sur un espace de dictature où les opposants sont interdits de parole.

Je ne voudrais pas apparaitre comme une entrave à la liberté d'expression. Vous (Mecbohem et toi) faites part des anecdotes vécues et non des spéculations ou généralisations gratuites. Le monde serait beau si chacun de nous avant de poster comparait son texte aux limites imposées par la Charte.

Tous, nous savons que les dominations et les exploitations des Peuples ont engendré le racisme ou le tribalisme qui sont des réalités. Le dire ou le dénoncer, n'est pas interdit par la Charte. Elle nous demande juste de la rigueur pour éviter de reproduire les mêmes erreurs car ce sont des généralisations qui sont aussi la cause des disqualifications des innocents.

Exprimons-nous librement !

Bon débat,

Bien à toi !

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Message par Mbuta Muntu Zenga MAMBU » Ven 13 Mai, 05 7:25

Le titre de ton sujet donne l'impression que nous sommes sur un espace de dictature où les opposants sont interdits de parole.

Oui nous n'en sommes pas loin et ressaisissons nous. Je rappelle que notre frère Loumo avait tiré sur cette sonnette d'alarme et nous y glissons lentement et surement. Je commence à avoir peur :oops:
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Message par Hannibal » Ven 13 Mai, 05 7:31

Zenga MAMBU a écrit :
Le titre de ton sujet donne l'impression que nous sommes sur un espace de dictature où les opposants sont interdits de parole.

Oui nous n'en sommes pas loin et ressaisissons nous. Je rappelle que notre frère Loumo avait tiré sur cette sonnette d'alarme et nous y glissons lentement et surement. Je commence à avoir peur :oops:


Merci d'assurer cette surveillance !

Je revendique même votre contrôle, je vous avais prévenu que le pouvoir peut corrompre.

Mais exprimez-vous directement sans pour autant le faire partout comme c'est le cas.

Bien à toi !

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Message par Mbuta Muntu Zenga MAMBU » Ven 13 Mai, 05 7:35

Que la paix soit en nous et avec nous :noel
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Message par Mbuta Muntu Zenga MAMBU » Ven 13 Mai, 05 10:30

Mecbohem :
En tout cas mon image des Congolais en avait pris un sérieux coup: comment peut-on laisser un étranger, fut-elle la femme de je ne sais quel gradé militaire, faire la loi à elle seule au milieu de tant d'entre nous?


Je doute qu'elle ait été l'épouse d'un militaire gradé, sinon elles se retrouvaient dans un taxi à courses individuelles et non plus dans un taxi cent/cent.
C'était fort possible qu'elle ait été l'épouse d'un médecin congolais ayant étudié en URSS.
Ah! Les pauvres médecins, vous ne pouvez pas imaginer comment ils galèrent aux pays. Après vous vous étonnez des cabinets médicaux qui y prolifèrent.
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Message par Invité » Sam 14 Mai, 05 1:23

Au moins il y a des congolais qui remetent les choses en place...on m'a raconté qu'une fois une patrouille française faisait sa tournée près de l'aéroport (c'était en 1996,1997 à une époque où je ne sais pas pour quelle raison,il y avait des militaires à brazza),un jeune homme s'est alors mis à saluer les militaires avec des phrases bien chaleureuses et surtout avec le sourire:
"ba mbula ya ba mama ya beno eeeehhh ba mbula ya ba mama ya beno!!!!!"
Et comme les français sont très polis,on put les voir répondre en faisant des signes de main amicaux...

Petit reproche à Mecbohem quand même pour le fait d'avoir porté main sur une mère devant sa fille!!!j'aurais moi aussi chercher à calmer le congolais bagarreur dans de telles circonstances...en ce qui concerne les catégories d'étrangers qui veulent commander même quand ils ne sont pas chez eux,que voulez-vous?,on se courbe souvent devant les riches dans ce monde,regardez Willie nguesso et ses "caprices" de richard à Paris...ses voisins français ne peuvent se plaindre qu'à voix basse...
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Message par Niaou » Dim 15 Mai, 05 1:18

Je retiens deux choses!

1) Imagine qu'en Sibérie tu grelottes de froid, veux avoir un peu de chaleur et qu'une femme russe te fasse ce que tu viens de faire (en contraire ) à cette personne!

2) La galanterie à la congolaise, c'est du pipeau? Ca se transforme en giffle magistrale?

Pour d'autres personnes c'est la vulgarité en puissance , comme dans cette citation

Ma pôvre chérie

Le futur antérieur, tu connais ?

La première personne écrase le "S" que tu affectes (à tort) à ma construction. Je te somme, ma chère, de purifier d'abord ton discours avant de venir faire la femme de ménage chez moi. Si tu persistes à chercher les poux sur ma tête je me ferai un plaisir d'en débusquer dans ta toison intime ("kounza" en mbochi). Et, crois moi, je ne ménagerai ni tes grandes ni tes petites lèvres que je pincerai au passage, clito compris. Et, pour être en conformité avec la blague de Zénga Mambu, je te mettrai mon gros pouce là où tu penses, en plus sans vaseline. Compris !

Dommage que l'excision n'existe pas dans nos rites congolais ! J'aurai commencé par toi


http://www.congopage.com/phpBB/viewtopi ... ight=clito

C'est signé un grand intellectuel de Congopage!...

Beurk....

:luv33
Niaou
 

Message par Loumo » Dim 15 Mai, 05 1:23

Niaou

L'auteur de ce délire verbal t'avait présenté ses excuses accompagnées d'un bouquet de roses rouges. Voilà que tu reviens là-dessus. La rancune n'est plus ce qu'elle était. Jadis on pouvait la taire. De nos jours, je constate qu'elle reste tenace ; à plus forte raison quand cette rancune est féminine.

Bonne fête de Pentecôte.
Loumo
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Message par Invité » Mar 17 Mai, 05 3:17

Il y'avait combien de roses rouges dans ton bouquet?
Hum!
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Message par Loumo » Lun 23 Mai, 05 11:23

Invité

Ces choses-là ne se comptent pas. Ce qui compte c'est l'intention.
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