par Muleb' Kongo » Lun 18 Juil, 05 10:05
DERNIERE MISE A JOUR : MARDI 19/07/2005 à 15 H 15
Djess dia ku Munguansi, mboto !
Mua Charme, ye se mboto.
L’invitation de Djess est tellement insistante que nous ne pouvons nous soustraire à l’exercice honorable qui se déroule sur ce forum.
Il est vrai que la quête d’organisation de Charme est tout à fait pertinente. Un apprentissage progressif et structuré serait certainement le bienvenu, mais nous sommes ici sur un forum qui est d’essence empirique, et empirique sera aussi la méthode, les questions des uns suscitant les réponses de ceux qui en ont, et de temps en temps, des érudits nous gratifieront de véritables perles dont nous pourrons tous bénéficier au fur et à mesure qu’ils nous les mettront à disposition.
Les éléments de grammaire et de linguistique cohabiteront parfois dans un corpus non différencié, les règles syntaxiques et la sémantique seront mis en exergue au fur et à mesure de la progression.
Ngond’ Mawung’ crée un précédent du reste agréable en essayant de commencer par des fondamentaux. Nous l’invitons à revenir plus à la base : les conventions de notation, quelques notes de tonologie, et bien sûr les allongements vocaliques, les élisions, les réductions vocaliques, les omissions dont il parle ainsi que des les liaisons.
Il est bon de dire que le parler du beembe est constamment soumis à un parcours interprétatif qui s’il n’est pas sommaire, a un domaine de complexité délimité par un corpus idiomatique incluant les « évidences », dont certains proverbes ou certaines devinettes.
Sauf si les besoins d’une traduction comme celle demandée par Charme ou celle de Mayombe82 nous y force, beauté de la langue oblige, nous nous efforcerons de rester à un niveau de langue qui ne requiert pas cette approche interprétative.
Avant d’entrer dans la danse, nous allons commencer par donner les conventions de notation que nous allons utiliser à chacune de nos interventions, ainsi que des conventions pour l’expression du son, du ton et de la tonalité.
DE CERTAINES EXPRESSIONS SONIQUES ET DE TONOLOGIE
On ne peut parler de l’alphabet adopté pour la notation du beembe sans évoquer certaines caractéristiques soniques ou tonologiques dont certaines sont d’ailleurs communes avec d’autres langues kongo, bantu ou plus généralement niger-kordofan.
Digrammes et trigrammes.
Certaines formes soniques et tonologiques du beembe obligent à l’utilisation de combinaisons de lettres.
Il peut s’agir de consonnes : une, deux ou trois consonnes (en notation latine post-classique) traduisent un seul et unique phonème. Exemples : « tsina », « ndzuungu ».
Il peut s’agir de voyelles : la notation adoptée pour prolonger une voyelle, ce qui permet l’allongement de la syllabe, est le redoublement de la voyelle ; c’est donc bien la même voyelle qui est répétée. Exemples : « ndzuungu », « mubiimbi ».
Le « h » et le « supra-h » diacritiques.
Gérard Philippson et Philippe Boungou (INaLCO Paris) disent que « le beembe a également la particularité d’opposer un registre H à un registre supra-H ce qui rend la perception des tons particulièrement délicate. » Nous compléterons en disant que cette difficulté de perception concerne essentiellement les nouveaux locuteurs ou les locuteurs « étrangers ». Nous-nous bornerons à noter cette particularité tonologique par un h ou un H en exposant (en petits caractères soulignés sur le forum). Exemples : « ndzuung yha yhnéné » : la marmite est grosse ; « sakhe ndzuunghuu » : cherchez une marmite.
La pré-nasalisation des consonnes.
En dehors des consonnes proprement nasales qui sont le « M » et le « N », la langue française qui nous est familière ne réserve aucune place à la nasalisation des autres consonnes, forme très usitée dans la langue beembe.
Le mot français « embompoint » qui donne dans sa langue d’origine « en-bon-point » rendra tout à fait autre chose en beembe : « en-mbon-mpoint ». Le « mb » et le « mp » sont les formes nasales du « b » et du « p ». Nous trouverons ainsi mb, nd, mf, ng, nk, mp, ms, nt, nv, nz.
Les digrammes de consonnes pouvant être pré-nasalisées, nous avons donc aussi des trigrammes qui correspondent à cette typologie. Exemples : ndz, nts.
Sonorité du E e
Le « e » muet n’existe pas en beembe. Il serait donc recommandé d’user d’accents, mais nous choisissons de ne pas les noter car le contexte est en général suffisamment contraignant pour déterminer le bon ton.
DE L’APHABET (LUFABE)
De tradition séculaire mais orale, le beembe ne possède pas un alphabet propre. Aussi, c’est l’alphabet latin que nous allons utiliser, dans une graphie bicamérale post-classique. Cela permet d’écrire les mots proprement beembe, mais aussi des emprunts irréductibles comme « rue » ou « général » ou « adjudant », ce qui nous ramène à l’alphabet français. Il existe bien sûr un « alphabet africain de référence » reconnu par l’UNESCO, mais d’une part les lettres additionnelles offrent une difficulté à cause des polices disponibles et sur ce forum et sur l’ordinateur de chacun d’entre nous, et d’autre part, celui qui commet cet article ne peut se prévaloir d’une quelconque aisance dans l’utilisation de cet « alphabet africain de référence ». Nous utiliserons donc la convention suivante (la prononciation de la lettre seule est notée en français, sauf pour W et Y, entre crochets) :
A, a [a] comme dans papa : « ba » (un palmier)
B, b [bé] comme dans bon : « ba » (un palmier)
C, c [cé] utilisé dans les mots d’emprunt : « cabine », ce mot étant transcrit « kabiin » (même prononciation avec allongement du « i »), quand on veut l’écrire en beembe.
D, d [dé] comme dans dur : « dia » (mange)
E, e [é] comme dans bébé : « mpeembe » (la craie, l’argile blanche) ou dans mère : « mbeesi » (le couteau)
F, f [éffé] comme dans fou : « lufufu », « lufofo » (un safou [fruit du safoutier, dont la chair savoureuse consonnée cuite contient une huile du type de celle extraite de l’olive, mais hélas non exploitée])
G, g [ghé] comme dans garde : « ngaanduu » (le crocodile, le caïman [nous ferons la différence plus tard])
H, h [hé] ou [aach] aspiré ou pas selon le cas
I, i comme dans île : « [i]kitiiti » une feuille
J, j [zi] utilisé dans les mots d’emprunt
K, k [ka] comme dans kilo : « kitiiti » une feuille
L, l [èèl] comme dans livre : « lufufu », « lufofo » (un safou)
M, m [èèm] comme dans masse : « maasi » (l’huile)
N, n [èèn] comme dans nid : « niosi » (l’abeille, le miel)
O, o [o] comme dans or : « lufofo » (un safou)
P, p [pé] comme dans papa : « kipaaku » (une hache de boucher)
Q, q [ki] utilisé dans les mots d’emprunt
R, r [éré] comme dans rare : « mpari » (un écureuil), « tari » (un pierre)
S, s [éssé] comme dans signe : « saangu » (un grain de maïs)
T, t [té] comme dans tête : « tari » (un pierre)
U, u [ou] prononcé ou omme dans toux, choux : « lufufu » (un safou)
V, v [vé] comme dans vie : « ku vanksina » (emboîter)
W, w [ou dia ma vé mool] comme dans l’anglais « wolf » : « ku wunaa » (tromper)
X, x [ikiss] utilisé dans les mots d’emprunt
Y, y [I dia kihangu] utilisé dans les mots d’emprunt
Z, z [zèdè] comme dans : « zaandu » (le marché)
Cette énonciation basique du « lufabe » ne fait pas ressortir les caractéristiques liées aux règles qui précèdent.
Merci pour vos remarques au sujet du « lufabe ».
NOTATION CLASSIQUE – NOTATION VOCALISEE
Il n’existe pas à notre connaissance un système de notation qui ait fait l’unanimité, l’absence d’une « académie beembe » étant certainement la cause de ce manque. Les écrits existants relèvent plus d’une notation phonétique ou d’une notation phonologique.
Nous considérerons cependant
• comme notation beembe classique (NBCL) la notation phonétique avec les mots complets, difficile à lire, mais moins sensible à multiples interprétations
• comme notation vocalisée la notation phonologique.
Exemples :
NBCL : « ndzuungu ya yi-néné » : la marmite est grosse ;
NBV : « ndzuung yha yhnéné » : la marmite est grosse ;
NBCL : « sakenu ndzuunguu » : cherchez une marmite
NBV : « sakhe ndzuunghuu » : cherchez une marmite
LA QUERELLE DES FINALES
C’est un fait qu’en beembe les consonnes finales des mots sont souvent omises ou élidées, pour le plus grand bien de la communication entre différentes variantes de la même langue, n’ont pas fait le choix de la même voyelle finale.
Des querelles pourraient donc naître en notation classique car sur plusieurs mots, quand l’un marque une finale en u, un autre l’aura en i et il pourrait s’en trouver un autre qui pour le même mot aurait une finale en a. exemple : « ngubah » se retrouve aussi sous la forme « ngubuh ».
Nous essayerons de faire ressortir ces mots, et s’il nous arrivait de l’oublier, nous remercions d’avance tous ceux qui pourront nous en faire la remarque, en précisant « prononciation de Mwandi », « prononciation de Luboto », « prononciation de Madinga (vers Nkayi) », « prononciation de Mutele », etc …
NBCL : Ba mbaasi, heki dia nkooyi. Ma mboto meenu ma mwini na ma butsuku ! Nzambi ka lu kebe.
NBV : Ba mbaahsi, hekh dia nkooyi. Ma mboth meehn ma mwinh na ma butsuku ! Nzambh ka lu kebe.
Je reviens demain avec ma traduction du texte de CHARME
Dernière édition par
Muleb' Kongo le Ven 05 Jan, 07 1:13, édité 2 fois.