Ce forum est le dernier ou l’on peut encore poser un texte complet, et suivre un débat construit. Hélas, le manque de modération a fini par l’assécher. J’espère que les gens ont appris à se modérer.
J’ai un sujet que j’aimerai faire partager au plus grand nombre. Vous comprendrez pourquoi. Il s’agit de la gestion axée sur le résultat, GAR pour les intimes. C’est le nouveau mot d’ordre d'organisation du Congo Brazzaville. Pas seulement du Congo en vérité, parce que c’est une impulsion qui vient de très loin : le FMI, la banque mondiale et les partenaires bilatéraux du développement n’entendent plus coopérer avec des pays qui ne sont pas structurés en mode GAR. Ne vous inquiétez pas, eux-mêmes s’y sont mis. Le Canada en premier, depuis le début des années 60, puis les USA et petit à petit cette méthode de gestion publique s’est imposée dans le monde. En France, c’est à partir de la LOLF (loi organique aux lois de finances) dans les années 2000 que la GAR est instituée. Le Bénin depuis 1989, le Kenya depuis 1997, l'Afrique du sud, le Maroc, le Burkina Faso, le Ghana sont tous des pays GAR. Le meilleur élève en Afrique étant bien entendu, le Rwanda de Kagame, en pilotage GAR depuis 1998.
Mais qu’est ce que la GAR ?
C’est beaucoup de choses à la fois, mais pardonnez ma définition sommaire et ramassée. Comme son nom l’indique, il s’agit d’une méthode pour gérer l’administration en définissant et en mesurant dès le départ l’impact que l’on veut avoir sur les populations. Le temps qu’il faut pour le faire pour être efficace et efficient. L’argent et les moyens à dépenser pour se faire doivent eux aussi faire l’objet de mesures et de comparaison pour que le prix d’un kilomètre de route par exemple, soit rationnellement défini, et que seul ce prix dans la fourchette rationnel soit retenu comme efficient ( = rapport entre les moyens investis et le résultat obtenu) soit investi.
Mieux encore, la GAR c’est incorporer chaque projet au sein d’un programme plus vaste, programme lui-même au sein d’un axe, qui découle (cet axe) d’un plan sectoriel, national, continental voir mondial. Et ces plans ne peuvent être montés par un homme seul mais doivent faire l'objet d'une adhésion générale dans un processus bien défini. On tient en quelque sorte des conférences nationales sur chaque sujet, pour définir un plan sectoriel pour les 5 ans a venir. Y sont invités les experts, les opérateurs du secteurs, les bénéficiaires, les agents voisins ou complémentaires, les syndicats, les organismes de soutient (banques, ONG) pour dégager ce document de travail commun,, qui allie vision, diagnostic, projet, méthode de suivi. La GAR nous fait passer de l'administration de commandement, à l'administration d'adhésion, de mesure et de processus clairement maitrisés par tous.
J'ai lu quelque part sur ce site, un parti de congolais de France qui veulent changer le Congo sur internet, se plaindre de la cession de terres congolaise à des sud africains. ce genre de critique amusant va finir avec la GAR parce que le plan stratégique de l'agriculture est entrain de s'élaborer en ce moment. Les cadres administratifs du secteur, les propriétaires terriens, les agriculteurs, les opérateurs économiques du secteurs, les associations de consommateurs, les savant, les climatologues, les expertts en développement rural, la FAO, les invités étrangers pour leur réussites dans leurs pays (les marocains notamment sont invités, mais aussi les indonésiens et les brésiliens, leaders syndicaux agricole, exportateurs, économistes agricoles) etc... vont se donner la tâche de faire un plan de l'agriculture congolaise pour les 5 années à venir. Si ce groupuscule à des compétences c'est là qu'il faut aller brailler pour nous sortir ce plan parce qu'un seul doigt ne lave pas le visage. Poiur que que les compétences soient suffisament démontrées et de qualité pour obtenir une invitation à participer à l'élaboration de ce plan stratégique.
L'enseignement a déjà terminé le sien, du primaire jusqu'à l'université, il reste à être adopté en conseil des ministres. Je l'ai parcouru, chapeau! Et désormais, on plus le droit d'aller en dehors de ces clous Même un nouveau gouvernement ou régime, supposons que Sassou tombe, aura du mal à justifier que ce que 1000 participants ont fait tombe à l'eau et ne sert plus à rien, pour que le sidée d'un seul homme, fut-il ministre, ou président visionnaire fasse le nouveau projet. Puisque les cadres de l'enseignement qu'il trouvera ce sont les mêmes, ainsi que les experts, locaux et mondiaux, les syndicats (de parents d'élèves ou d'enseignant), qui auront participé au débat et lui rappeleront le bien fondé. On l'attend alors dans l'application, c'est à dire le plan opérationnel, seul susceptible d' etre modifié. Il lui faudra attendre les 5 ans du ^plan pour réunir les gens et en proposer un autre. Et là encore, il ne pourra y mettre que sa vision, et modifier le sens des priorités, mais le plan en lui même c'est toujours un débat général et libre qui va l'élaborer comme le précédent.
Que devient le fameux Chemin d'avenir là dedans?
Un voeux vague. très officiellement je dis. Pourquoi?
Parce que notre politique nationale, dans ces grand axes, est aujourd'hui définie par les Objectifs du millénaires pour le développement (OMD). Nous y avons tous adhérés en Afrique comme dans les pays non encore développés, et même dans les pays développés. Il définit les grands objectifs au niveau des nations unies pour libérer la croissance et réduire la pauvreté. Ensuite, au niveau national, on découle tout ça en Document de stratégie pour la croissance et la réduction de la pauvreté (DSCRP) en sigle. Le chemin d'avenir en réalité doit s'adapter en DSCRP. Ce qui est entrain d'être fait. Même si par vanité le président préfère donc baptiuser notre DSCRP, Chemin d'avenir pour donner une impression de cohérence. En vérité, il a beaucoup changé.
Le projet de société de Kabila s'appelle les 5 chantiers. En fait, c'est son DSCRP qui se décline en 5 axes.
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Sarko avait mis en place en 2007 une équipe de réflexion (dirigée par Attali) pour la libération de la croissance française. C'était pour dégager son "DSCRP", même si la dite expression est plutôt réservée aux pays en développement. Mais le processus est le exactement le même. Le DSCRP décline les grands axes d'intervention publique dans les principaux secteurs. Ensuite, chaque secteur définit les axes qui le concerne dans le DSCRP en Plan stratégique, ce dernier va être défini en plans opérationnels, puis en programmes, sous-programmes et enfin projets.
Le projet c'est l'action concrète. Ce qu on doit faire. Il est bien spécifié et circonscrit dans sa durée, ses intrants (ce qui doit composer sa fabrication), les activités à mener dedans, par qui, avec quel moyens, les extrants attendus, c'est à dire les produits (et durant longtemps on s'arrêtait là), puis l'effet de ces produits et enfin, l'impact sur l'ensemble du sous-programme, du programme, de l'axe, du DSCRP et son important dans les OMD.
Voilà la nouvelle aventure dans laquelle le Congo est entrain de s’engager depuis deux ans. Et le 15 août dernier, c’était à mon sens, le point le plus important du discours de Sassou Nguesso. Mais faute de compréhension, il n’a pas été applaudi ni critiqué, car la plupart des gens n'y ont rien compris. Sassou vous donne le bâton avec lequel vous allez le battre et vous ne le voyez même pas?
Ca fait en fait deux ans qu'on y travaille et il vient enfion de l'annoncer publiquement. On en peut plus reculer. Dans un an, la GAR doit se décliner en loi. C'est difficile à bloquer si non on a aucun sous d'aucun bailleur, on se retrouve vite interdit bancaire mondial. Partout en Afrique le système est entrain de s'uniformiser en GAR, avec les mêmes institutions, les autorités de régulation des marchés publiques par exemples, 12 ont été mise en place rien qu'en 2010 sur le continent. Les cadres de dépenses à moyens termes (CDMT, en quelque sorte la présentation pluriannuelle des budgets des états) sont présentés exactement avec les mêmes outils. Comparé à ce que nous faison dans nos programmation budgétaires d'avant, on sort vraiment du moyen âge. J'avais le projet ivoirien sous mes yeux ce matin il est exactement comme le botsanais, le zaïrois ou encore le bolivien avec les mêmes impératifs, les mêmes mécanismes (même si les latino sont très forts en amélioration d'outils de contrôle de gestion publique).