Que voilà donc l’occasion d’inspirer aux étudiants en histoire et en linguistique quelques sujets de thèse ! Par exemple :
• La formation exogène du vocabulaire vernaculaire en aire urbaine
• Migrations et évolution dialectale dans les zones d’influence du fleuve Congo
• Relations de vassalité induite et influences trans-ethniques des migrations en Afrique centrale
Plus sérieusement, la meilleure manière de répondre à vos deux questions serait de vous parler du mot français «
vandale ». Le qualificatif «
vandale » a une connotation de terreur, de destruction aveugle, de pillage, de saccage, en référence à ce peuple germanique qui a envahi une bonne partie de l’Europe et le nord de l’Afrique au cinquième siècle.
De la même manière, les mots «
mo wumbu » (qualificatif) et «
bo wumbu » (état) pourraient avoir pour origine le peuple
Wumbu. Les
Wumbu occupent depuis au moins le dix-huitième siècle une région située dans « le creux » du Congo Brazzaville, au nord des Plateaux batékés, ce qui nous situe au Gabon dans le Haut-Ogooué et la Ngounié, au Congo dans la Cuvette Ouest, la Cuvette, les Plateaux et la Lékoumou, soit l'ouest et le nord-ouest de l'aire tékhé.
On pourrait penser que des populations limitrophes de ce peuple, qui avaient dès les 16ème à 18ème siècles des contacts plus ou moins directs avec les occidentaux, ont profité de l’apparente docilité des
Wumbu pour les exploiter dans des travaux agricoles, domestiques ou de portage échangés contre des outils ou autres objets de peu de valeur. Ce que j’avance ne donne qu’un ordre d’idée, la notion d’esclavage n’étant pour ainsi dire qu’une transposition sémantique de ce que les dominants considéraient comme de la soumission.
Une autre hypothèse, à décliner de la même manière, mais là il s’agit des Humbu qui eux, se situent à l’est de l’aire tékhé.
Au fil du temps, les colons Téké poussent la population locale plus loin des rives, vers l'intérieur des collines… peut-on lire dans ce blog.
Qu’il s’agisse des
Wumbu ou des
Humbu, l’origine du sens donné à «
mo wumbu », «
mo humbu et
bo wumbu,
bo humbu » proviendrait d’une relation de domination entretenue par une partie conquérante sur une autre plus soumise.
D'ailleurs, mon oreille me porte plus à vouloir écrire «
mo humbu,
bo humbu » que «
mo wumbu,
bo wumbu », mais cela n'a d'importance que pour les érudits.
Vu de cette manière
Mère Evé de Paris, il apparaît difficile qu’existent d’autres mots tirés de la même souche étymologique.