Gnama
Avant de lire mon propos, scrute l'horizon autour de toi, touche-toi les couilles en cachette. Si elles sont molles, rejouis-toi. En revanche, si elles sont dures et rigides, consulte vite.
Donc pour toi, parce que je ne suis pas allé faire le coup de feu à Brazzaville, je n'ai pas les couilles dures. "Le pouvoir est au bout du fusil" : vous croyez dur comme fer en cet axiome d'accès à la tête du pays.
Fort heureusement, il n'y pas que la kalachnikov pour terrasser Sassou.
Et puis, Sassou et les "sassoins" (je viens de lire le terme sur Mwinda) vivent certes à Brazzaville où ils exercent leur inimaginable dictature. Ils se la coulent douce à Brazzaville où ils ont mis tout le monde sous leur coupe, tout le monde y compris des "couilles dures" comme Bernard Bakana Kolélas. Mais qui te dit que les centres de décision se trouvent à Brazzaville ? Qui te dit que la clef de la chute de Sassou se trouve totalement entre les mains des Congolais ?
Pourtant, l’air malicieux, satan tentant Jésus, tu insistes lourdement : « pourquoi ne vas-tu sur place combattre ? »
Tu parles d’aller se battre sur le terrain, et tu sais très bien de quoi tu parles puisque, en bons chasseurs que vous êtes, ce terrain, vous l’avez truffé de pièges. En fait, tu me dis gentillement de me jeter dans la gueule du crocodile.
Après avoir massacré, Sassou se livre au jeu où il excelle le mieux : la corruption.
A propos de l'achat des consciences, écoute comment Médard N. décrit le « terrain » dans un excellent papier « Elections : chaise vide ou participation ? » confié à
Mwinda.
«
Mais, prenons garde aux habiles manœuvres de cooptation du clan Sassou. Une fois que l'on y a mordu, les méninges se refroidissent sous le poids de la gratitude et des honneurs : plus le temps de réfléchir sur ce qui est bon pour la collectivité, on n’est plus animé de pensées patrimoniales: caviar, champagne, grosses berlines, mariages, châteaux....C'est un pouvoir qui phagocyte le sujet, musèle les langues et annihile la pensée politique. »
La plupart des observateurs se plaignent de l’absence d’opposition crédible face au régime pourrie de Sassou. Médard N. explique : «
C'est un pouvoir qui phagocyte le sujet, musèle les langues et annihile la pensée politique »
Des appâts sont posés partout : «
Une fois que l'on y a mordu, les méninges se refroidissent sous le poids de la gratitude et des honneurs »
Médard N. ajoute : «
C'est en définitive un régime avec lequel on ne peut faire équipe, si l'on pense être investi du devoir de sortir le pays du gouffre, car il est affecté de cancer. »
Ca se passe à Brazzaville. Mais ce n’est pas à toi que je vais apprendre le fonctionnement de la boîte noire de la françafrique. Je ne t’apprendrai rien si je te dis que les ressorts du pouvoir des potentats noirs se trouvent ici en Occident, en l’occurrence à l’Elysée. Si ces ressorts cassent, le plus dur des dictateurs régnant en Afrique saute du jour au lendemain.
On vient de suivre le feuilleton du président Tchadien Idriss Déby sauvé
in extremis par l’Elysée. Dieu sait combien la résistance venue du Soudan était prête à en découdre avec la dictature locale. Mais voilà, Sarkozy, sous la pression des Bolloré et Total/Fina, n’a pas lâché son homme de paille africain, son pion, son morpion.
Il va du pouvoir de Déby comme celui de Sassou, ami de 20 ans de Chirac et de moins d’un an de Sarkozy.
Je veux dire ceci : tout part de la cellule africaine de l'Elysée ; tout doit finir dans cette cellule noire.
De ce fait, dans le même temps qu’on doit,
in situ, soutenir notamment les grèves d’enseignants ou de chauffeurs de taxi à Brazzaville, les actions en justice des Brice Makosso et Christian Mounzéo (FCDH), ont doit aussi soutenir,
ex situ, les actions de Survie, Sherpa, Cimad, FCD.
Je sais que la dernière manif du 5 décembre 2007 au Jardin du Luxembourg vous a fait ricaner comme des hyènes, toi et Gnoka. Loumo, soit dit en passant, y était.
Petit à petit, la fronde
ex situ fait tâche d’huile. Les médias prennent le relai :
Le Monde,
Bakchich,
France 2 travaillent à casser les ressorts du pouvoir d’un Bongo, d’un Sassou corrompus jusqu’au cou. Hier, au journal de 20 h, heure de très grande écoute, la FCD (Fédération congolaise de la diaspora) a marqué beaucoup de points contre Sassou en révélant au monde entier que l’hôpital de Brazzaville, pays dont Sassou (ami de Sarkozy) est chef d’Etat, n’a pas d’ascenseurs.
Les causes ne sont entendues qu'internationalisées. Conidère ce postulat comme la base de travail de Loumo.
Le terme marxiste de FES est irréductible aux communautés linguistiques que tu entends constituer. Trouves un autre mot.
Quel dogmatisme ! Le propre d'un concept n'est-ce pas d'être de longue portée et d'être interchangeable ? Les Pierre Philippe Rey et Claude Meillassoux qui l'ont appliqué sur nos scoiétés l'ont pourtant fait avec souplesse. Et d'ailleurs ils n'y sont pas arrivés puisque le Congo en tant qu'Etat découpé à la Conférence de Berlin n'est pas, en soi, une Formation Economique et Sociale homogène dans la mesure où plusieurs sociétés y cohabitent. Quel rapport par exemple entre les Bakouélé patrilinéaires de la Sangha et et les Bakamba matrilinéaires du Niboland ? Quoi de commun entre les Mbochi vivant de cueillette et de chasse et les Kongo pratiquant l'agriculture. Les modes de production ne sont pas les mêmes. Dans les lignages mbochi, le pouvoir se transmet de père en fils, chez les kongo il se transmet d'oncle à neveu. Les mbochi n'ont pas le sens de l'épargne ; vous vivez dans l'instant présent, pour vous, advienne que pourra le lendemain. Aucune projection dans le futur. Ca se voit dans la manière dont vous conduisez les affaires de l'Etat. Aucun sens de l'investissement. Vous ne pensez qu'au clan, aucune attention pour la Nation, une notion à laquelle vous êtes les derniers à croire alors que vous n'avez de cesse de la proposer comme unité de valeur commune.
Nous autres défenseurs de la nation une et indivisible, nous ne te laisserons pas faire. Compte sur nous.
En plus tu le dis d'un ton menaçant. Là, c'est toi qui es marrant.
Mais bon sang ! Lâchez nous les baskets ! Ne pouvez-vous pas vivre sans les Kongo ? Y en a marre de vous voir dilapider les richesses de la Nation. Appelez-ça fédéralisme ou décentralisation, sécession, pour ma part j'appelle FES cette représentation du territoire. Allez foutre votre bordel ailleurs, sur les bords de l'Alima !
Bref, as-tu touché tes couilles en catimini ? Sont-elles molles ou dures ?