J'ai compris dans ce que KIOUARI a écrit :J'ai été contente de lire L'historique de ma tribu. Je suis BEEMBE de père et mère, née a Mouyondzi. Mais je ne connaissais pas l'histoire de ma tribu. Merci à Congo page.
Je voudrais que l'on parle un peu de la polygamie en pays béémbé. Nous savons tous que l'ethnie béémbé considère la polygamie comme étant matière [d'une importance] première. Le béémbé adore la femme. Il y a proverbe qui dit : mukasi mosi kulu kwa kiteki.
J'aimerais qu'un frère BEEMBE ou même un frère Congolais qui a vécu dans le milieu béémbé m'explique ce proverbe.
Vaste sujet que celui de la polygamie.
Le traiter au seul niveau des béémbé ne permettrait pas de le comprendre. Offrons-nous le plaisir de la vision des autres avant de revenir sur les béémbé. Veuillez m’excuser de la longueur de cet article essentiellement constitué de citations.
Qu'est ce que la polygamie ?
Etymologiquement, polygamie signifie pluralité des mariages et s'applique à la pluralité d'époux (polyandrie) ou d'épouses (polygynie). De fait, le terme polygamie correspond aujourd'hui à la pluralité des épouses.
La polygamie est reconnue dans une cinquantaine de pays : Afghanistan, Algérie, Angola, Arabie Saoudite, Bahreïn, Bangladesh, Bénin, Birmanie, Brunei, Burkina Faso, Cambodge, Cameroun, Centrafrique, Comores, Congo (Brazzaville), Congo (Kinshasa), Djibouti, Egypte, Emirats arabes unis, Gabon, Gambie, Guinée Equatoriale, Indonésie, Irak, Iran, Jordanie, Kenya, Koweït, Laos, Lesotho, Liban, Libéria, Libye, Mali, Maroc, Mauritanie, Nigeria, Oman, Ouganda, Pakistan, Qatar, Sénégal, Somalie, Soudan, Sri Lanka, Swaziland, Syrie, Tanzanie, Tchad, Togo.
Dans Courrier International daté du 23/09/2005 :
La polygamie, une arme contre l'adultère
"Une seule femme, cela ne suffit pas", telle est la devise de Hayam Dorbek, une journaliste égyptienne mère de deux enfants, qui va tête nue, habillée à l'occidentale. Très prise par son travail et peu encline aux rythmes de la vie de famille, elle voudrait que son mari choisisse une seconde épouse. "La polygamie permet aux femmes de se garder un espace de liberté", explique-t-elle pour justifier la création d'une association de défense de la polygamie appelée "Tayssir" [facilité], rapporte le quotidien romain La Repubblica.
Des articles dans les journaux arabes et des débats à la télévision sur les chaînes satellitaires Al-Jazira et Al-Arabiya ont contribué à faire connaître l'association. Hayam Dorbek a même lancé une campagne évoquant les difficultés que rencontre une femme qui travaille et s'occupe de son foyer. "Mon mari m'a choisie, mais je travaille et ne trouve pas beaucoup de temps pour la maison : devrions-nous nous séparer" ? demande-t-elle dans le slogan qui illustre sa campagne.
Dans un programme réservé aux femmes sur Al-Jazira, elle a défendu ainsi son idée : "Le droit à la polygamie est un droit pour les femmes autant que pour les hommes." "La polygamie est une solution contre l'immoralité et l'adultère qui dominent dans les sociétés occidentales", a relayé Afaf Al-Sayyd, auteur de romans et qui se proclame militante des droits des femmes. "Dans un pays tel que l'Egypte, divisé entre réformistes et conservateurs, la polygamie est un remède aux maux qui secouent la société arabe. Le mariage polygame a un effet positif sur la tendance des hommes à aller voir ailleurs. En outre, la polygamie permet de résoudre les problèmes des filles qui ne trouvent pas de maris et de mieux répartir les tâches domestiques au sein du foyer", ajoute la journaliste, dont les propos ont provoqué une onde de choc chez de très nombreuses Egyptiennes qui n'admettent pas ce projet - "d'autant plus qu'il est soutenu par une personne cultivée", rapporte l'hebdomadaire égyptien en langue française Al-Ahram Hebdo.
La campagne médiatique de Hayam Dorbeck a également soulevé la colère des associations des droits de l'homme dans l'ensemble du monde arabe. Pour ces dernières, la polygamie est le symbole du recul de la société, typique d'une certaine interprétation de l'islam. "La polygamie a été autorisée par Allah afin d'aider la société à trouver sa stabilité et résoudre ses problèmes", réplique Hayam, qui a oublié une chose essentielle, avoir plus d'une femme coûte cher et peu de maris peuvent se le permettre.
La Repubblica s'est livré à un petit tour d'horizon historique de la polygamie et relève que, dans l'Ancien Testament, David avait une multitude de concubines et Salomon plus de trois cents femmes. En Europe avant Jésus-Christ, de nombreuses peuplades en particulier les Germains et les Slaves étaient polygames, mais cette pratique était réservée aux riches et aux aristocrates. Chez les Grecs et les Romains, la monogamie était la règle, les hommes mariés n'excluaient toutefois pas d'entretenir une ou plusieurs concubines. Dans l'Arabie préislamique, le nombre de femmes n'était pas limité et le divorce était l'apanage des hommes. L'Eglise protestante, enfin, à certaines périodes de son histoire, s'est montrée très tolérante avec la polygamie non officielle des rois et des nobles.
Qu'en est-il aujourd'hui ? demande encore le quotidien romain, qui rappelle qu'aux Etats-Unis, chez les Mormons de l'Utah, la polygamie est couramment pratiquée. Quant aux pays musulmans, peu d'entre eux l'ont complètement éradiquée, la Tunisie et la Turquie en sont de rares exemples. En Egypte comme en Jordanie, 8 % des hommes ont plus d'une épouse, mais très peu dépassent le chiffre de deux. En Syrie, un homme qui veut prendre une seconde épouse doit apporter la preuve qu'il en a les moyens. En 1958, l'Irak en avait interdit la pratique, mais elle a été rétablie par Saddam Hussein en 1994. En Arabie Saoudite enfin, 70 % des hommes ont une seule femme, 16 % deux, 6 % trois et 2 % quatre. L'Afrique est aussi concernée : un projet de loi d'interdiction de la polygamie a en effet suscité une levée de boucliers en Ouganda. Le roi du Swaziland a récemment organisé une fête avec toutes les jeunes vierges du pays, dans le but de choisir sa onzième épouse. En Côte-d'Ivoire enfin, comme dans un certain nombre de pays d'Afrique de l'Ouest, le nombre d'épouses est limité à quatre.
Anne Collet
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Une autre source, http://www.congonline.com/Histoire/les.htm nous apprend que le 4 avril 1950 est la date d'interdiction de la polygamie au Congo Belge. Que c'est récent, et comme l'application est impossible !
Un Document intitulé LE DISCOURS DEMOGRAPHIQUE COLONIAL BELGE A L’EPREUVE DE L’ANALYSE DE CONTENU, écrit par Jean-Paul SANDERSON de l’Université catholique de Louvain (Août 1999) permet de réfuter sans réserve l’affirmation gratuite selon laquelle
Jugez-en par quelques phrases tirées de ce travail, et d’un extrait de sa bibliographie :l'ethnie béémbé considère la polygamie comme étant matière [d'une importance] première.
L'auteur, bien qu'européen, semble sourire des conclusions du colon, qu'il soit intellectuel (chercheur), administrateur colonial ou missionnaire.Jean-Paul SANDERSON a écrit :A partir de 1940, ce thème (les facteurs médicaux) disparaît devant les M.S.T. Celles-ci s'imposent comme facteur explicatif au même moment que la morale, la polygamie et le choc des civilisations. Ces différents facteurs renvoient à une idée essentielle. Certains auteurs n'hésitent d'ailleurs pas à lier ces éléments :
« Ce n'est pas parce qu'une société indigène est polygame qu'elle est moins prolifique. Mais c'est parce que dans une société polygamique les liens conjugaux sont moins solides et plus menacés que dans une société monogamique et que le danger d'immoralité avec sa conséquence fatale, la diminution de la natalité, y a plus facilement
accès. » (Mottoule, 1931c, pp. 58-59)
[...]
En examinant le premier plan factoriel ainsi que les points explicatifs, la signification des deux axes apparaît assez clairement. Ainsi, sur le premier axe, on voit se détacher très nettement un profil démographique particulier, celui d’une zone de faible natalité, voire de dénatalité, associée à la stérilité, la polygamie, les maladies sexuellement transmissibles, la morale et le choc des civilisations
[...]
En effet, il était plus facile de mettre la dénatalité sur le compte de facteurs médicaux et moraux, ce qui permettait de masquer les autres causes comme l’exploitation excessive de la population. Ainsi, les autorités retrouvaient une virginité perdue dans le scandale né autour de l’exploitation économique du pays au cours du XIXe siècle, et pouvaient désormais plaider l’innocence coupable. Innocence car, les facteurs médicaux (stérilité, M.S.T.) ne dépendraient pas directement des Européens mais seraient liés à la polygamie et à l’amoralité des populations, autant de facteurs internes aux sociétés. La seule responsabilité des Européens serait le choc des civilisations, qui aurait favorisé ces facteurs internes.
Ce thème n’est pas propre au Congo belge. Ainsi, en 1931, au congrès international pour l'étude de la population à Rome, Maunier (1934) présentait un texte sur les causes de la dépopulation dans les pays colonisés. Dans sa communication, l'auteur affirme avoir identifié les principales causes de ce phénomène. On peut les présenter dans le schéma suivant : [...]
* L'auteur parle, à propos de la pénétration européenne et du choc des civilisations, d'un « contact mortel ».
La pénétration européenne va provoquer un choc pour les sociétés colonisées. Ce choc se produit de trois façons. Dans un premier temps, l'Européen doit s'imposer. On est alors confronté à la destruction par la conquête. Ensuite, la colonisation amène un fléau important, l'alcoolisme, qui à son tour ravage les populations. Enfin, et ce schéma met l'accent sur cet aspect des choses, on a les causes morales :
« La présence des Européens donne la paix aux indigènes ; la paix qui leur est un si grand bien, mais aussi qui leur est un grand mal ; pour ces guerriers, qui ne savaient qu'être guerriers et qui n'avaient d'autres buts que guerroyer, la vie est désormais sans raison d'être. » (Maunier, 1934, p. 240)
Autre élément essentiel dans cette argumentation, la polygamie. Présentée comme l'une des causes de la propagation des maladies vénériennes, elle devient de ce fait l'une des principales cibles des autorités. Ainsi marquée, la polygamie n'est plus la victime d'une évangélisation chrétienne, elle devient un mal à combattre pour sauver les populations congolaises du désastre. C’est dès lors en toute « objectivité » qu’il faut combattre ce phénomène. La lutte contre la polygamie, menée par les autorités religieuses mais également par l'État, trouve là une nouvelle justification.
[...]
[... et dans sa conclusion :]
Nous espérons avoir pu démontrer dans cet article l'intérêt et la richesse de notre approche pour la démographie historique. Celle-ci nous a permis de retrouver la vision démographique développée au travers du discours colonial.
Bibliographie coloniale
BOURDON (1925), « A propos de polygamie », Congo, n° 6 (1), pp. 759-760.
DE JAEGER A. (1921), « Polygamie et natalité chez les Yakoma », Congo, n°2 (2), pp. 369-372.
ESSER J. (1949), « Un fléau africain : la polygamie », Zaïre, n° 3, pp. 239-255.
« Le foyer monogamique » in Congo, 1922, n°3 (1), pp. 244-251.
GUILMIN M. (1947), « La polygamie sous l'Equateur », Zaïre, n° 1, pp. 1001-1023.
PLATEL G. et VANDERGOTEN Y. (1945), « La polygamie chez les Mende », Aequatoria, 1939, n° 2 (10-11), p. 132.
« Polygamie et dénatalité (Extrait de l'essor du Congo, 17 mai 1945) » in Dettes de Guerre, Bruxelles, 1945, pp. 157-162.
POSSOZ E. (1939), « Polygamie », Aequatoria, n° 2 (5), pp. 49-53.
« A propos de la dénatalité indigène. Frère Jacques, dormez-vous ? (Extrait de l'Essor du Congo, 6 février 1945) » in Dettes de Guerre, Bruxelles, 1945, pp. 147-156.
VERMEERSCH A. (1914), La femme congolaise. Ménagère de blanc, femme de polygame, chrétienne, Bruxelles.
Dans les Cahiers d'études africaines (EHESS), Côme Kinata a écrit un article qui évoque notamment la notion de polygamie : Les administrateurs et les missionnaires face aux coutumes au Congo français.
Pour finir, je vous invite à lire ceci sur Congo-site en date du 27 août 2005 (http://www.congo-site.com/pub/fr/v4x/ac ... p?num=3739) :
6- Campagne de vulgarisation des droits de la femme et de l’enfant :
La Campagne de vulgarisation des droits de la femme et des enfants a pris fin hier à Brazzaville. Les participants ont débattu des thèmes tels, le pré mariage et le mariage. Le code de la famille congolais a été promulgué le 17 octobre 1984. Pendant plus d’une quinzaine d’années, nombreux sont les Congolais qui ignorent les dispositions dudit code. C'est dans cette optique que l’Association des femmes notaires du Congo a organisé du 24 au 26 août une campagne de vulgarisation des droits de la femme et de l’enfant mineur. A l’issue des travaux, les participantes ont adopté plusieurs recommandations parmi lesquelles, la suppression du pré-mariage et du mariage coutumier et l’abolition de la polygamie.
Résumons cette entrée en matière :
- 1 - Des circonstances sociales peuvent expliquer la polygamie.
- 2 - La polygamie peut aider à résoudre certains problèmes
- 3 - C'est un point de vue purement colonial que de vouloir rejeter la polygamie. Nous acceptons un peu hâtivement de participer de ce combat colonial.
- 4 - La polygamie n'est pas le fait des seuls béémbé.
- 5 - Le code de la famille congolaise prévoit la polygamie.
- 6 - Ceux qui combattent la polygamie ont tendance à vouloir jeter le bébé avec l'eau du bain.
Cette base nous permet de commencer à travailler.