Le Venezuela adopte le décret de nationalisation des cimenteries
CARACAS - Le Venezuela a officiellement adopté jeudi le décret de nationalisation des cimenteries opérant jusqu'à présent sous le contrôle des groupes français Lafarge, suisse Holcim et mexicain Cemex.
Le décret, paru au journal officiel, prévoit la transformation des filiales de ces groupes en "entreprises publiques", l'Etat détenant une part minimum de 60% du capital. L'activité de ces cimenteries est déclarée d'"utilité publique" et d'"intérêt social".
Numéro trois mondial, Cemex produit quelque 4,7 millions de tonnes annuellement, soit environ la moitié de la production vénézuélienne. Holcim et Lafarge se partagent à parts à peu près égales le reste du marché.
Le tribunal suprême du Venezuela avait rendu lundi un avis favorable au décret de nationalisation, estimant que le secteur de la cimenterie constituait une "valeur stratégique pour le développement économique et social du pays".
En avril dernier, le président vénézuélien Hugo Chavez avait annoncé le passage dans le giron de l'Etat de l'industrie du ciment. Le gouvernement a depuis entamé des discussions avec les filiales étrangères afin de racheter leurs parts.
M. Chavez a justifié jeudi le décret de nationalisation des cimenteries par la pénurie de logements, proposant d'organiser "un réseau de distribution de matériel de construction et de ciment" en faveur des quartiers pauvres, où vit la moitié de la population.
Depuis 2004, près de 50.000 logements ont été construits en moyenne par an au Venezuela, ce qui représente seulement 50% des besoins, selon des sources du secteur.
Le décret de nationalisation va permettre de "produire la plus grande quantité de ciment possible et l'envoyer dans les quartiers", a déclaré le président vénézuélien.
"C'est notre peuple qui va résoudre ce problème, pas les entreprises privées. Les entreprises privées, nous les acceptions aussi, mais pas dans ce cas", a-t-il poursuivi.
"Celui qui peut payer quelque chose, il paie. Celui qui ne peut rien payer, il ne paie pas. C'est ça, le socialisme", a ajouté M. Chavez, qui a aussi entériné il y a quelques semaines la nationalisation d'un groupe sidérurgique appartenant à l'argentin Sidor.
Bête noire des Etats-Unis en Amérique latine, M. Chavez, qui prône un modèle collectiviste de l'économie, avait lancé l'an dernier un vaste programme de nationalisation dans le secteur du pétrole, des télécommunications et de l'électricité.
(©AFP / 19 juin 2008 22h57